Imaginez-vous un instant. Vous êtes collectionneur, vous avez les moyens, et on vous propose une bouteille qui a réellement été servie le jour où Lady Diana est devenue princesse de Galles. Pas une réplique, pas une édition limitée marketing : l’une des douze vraies bouteilles ouvertes lors du mariage du siècle. Vous seriez prêt à débourser combien ?
Eh bien hier, près de Copenhague, ce rêve était à portée de main… et il est reparti dans sa caisse en bois. Le magnum de Dom Pérignon Vintage 1961 n’a pas trouvé preneur. L’histoire est aussi fascinante que surprenante.
Le mariage qui a fait encore rêver 44 ans après
Le 29 juillet 1981, 750 millions de téléspectateurs collés devant leur poste. La robe à traîne de 7,62 mètres, le carrosse, les acclamations. Et dans les caves de Buckingham, on avait prévu large : douze magnums d’un champagne très particulier.
Pourquoi 1961 ? Tout simplement parce que c’est l’année de naissance de Diana Spencer. La maison Moët & Chandon a ressorti une cuvée exceptionnelle, l’a dégorgée spécialement pour l’occasion et habillée d’une étiquette dédiée. Un geste symbolique fort, presque romantique pour l’époque.
J’ai toujours trouvé ça touchant, cette attention aux détails. Dans une monarchie parfois perçue comme froide, offrir à la future princesse un champagne né la même année qu’elle, c’était une façon de dire « bienvenue dans l’éternité ».
Une bouteille techniquement parfaite… mais âgée
–>Beaucoup de gens se demandent si, après plus de soixante ans, ce champagne est encore buvable. La réponse des experts est claire : oui, et même très bien.
- Le niveau de remplissage est excellent (presque au bouchon)
- La couleur reste dorée, sans trace d’oxydation brune
- Les bulles, même si moins vives qu’à 20 ans, sont toujours présentes
- Le liège a été remplacé lors du dégorgement spécial mariage, donc aucun risque de TCA
En clair, celui qui l’aurait gagnée aurait pu la déboucher pour un anniversaire très spécial et vivre un moment absolument unique. Mais voilà, il faudra attendre une prochaine occasion.
Pourquoi personne n’a suivi jusqu’au bout ?
L’estimation était comprise entre 67 000 et 80 000 euros. Mise à prix à 40 000 euros. Le marteau est monté jusqu’à 50 000 euros… et s’est arrêté là.
Plusieurs raisons possibles, à mon sens :
- Le marché du vin historique s’est un peu calmé après la folie post-Covid
- Les collectionneurs asiatiques, gros acheteurs habituels, étaient moins présents
- La provenance, bien que royale, reste privée (pas de certificat direct du palais)
- Et surtout, certains préfèrent attendre une vente à Londres ou New York pour plus de visibilité
« Il n’existe que douze magnums, et celui-là en fait partie »
Responsable vin de la maison de vente
Cette phrase résonne encore. Parce qu’elle dit tout : la rareté absolue. Douze. Pas cent, pas cinquante. Douze bouteilles pour un événement regardé par près d’un milliard de personnes. Faites le calcul.
Que valent vraiment ces magnums aujourd’hui ?
Regardons les précédents :
- 2004 → un magnum similaire retiré de vente au Royaume-Uni (offres trop basses)
- 2008 → vendu environ 10 000 euros aux États-Unis
- 2018 → rumeur d’une transaction privée autour de 45 000 euros
- 2025 → estimation 67-80 000 euros… mais invendu
On voit une progression, mais pas l’explosion qu’on aurait pu imaginer. Preuve que le marché des « reliques royales » reste très psychologique. Quand l’émotion Diana est à son maximum, les prix flambent. Quand l’actualité royale est plus calme (ou tumultueuse avec d’autres membres), l’intérêt redescend.
Et franchement, je comprends les acheteurs potentiels. Mettre 80 000 euros dans une bouteille qu’on ne boira peut-être jamais, même si elle est historique, ça demande une sacrée dose de passion.
Le paradoxe des objets Diana
Lady Diana reste l’une des personnalités les plus aimées et les plus bankable de l’histoire récente. Ses robes se vendent des centaines de milliers d’euros, ses lettres font des records sur records.
Mais curieusement, les objets liés à son mariage avec Charles peinent parfois à atteindre les sommets attendus. Comme si, inconsciemment, le public préférait se souvenir de la Diana libre, humanitaire, « reine des cœurs », plutôt que de la jeune mariée de 20 ans entrant dans une cage dorée.
Ce magnum, c’est un peu ça : le symbole d’un conte de fées qui a mal fini. Magnifique, émouvant, mais teinté de mélancolie. Et peut-être que certains collectionneurs n’ont pas envie de ramener cette mélancolie chez eux.
Et maintenant ?
Le propriétaire, un collectionneur discret qui l’avait acquis auprès d’un marchand londonien, va probablement retenter sa chance dans quelques mois ou années. Peut-être à Londres, peut-être lors d’une vente caritative liée à une cause chère à Diana.
En attendant, les onze autres magnums dorment quelque part. Dans des caves privées, des coffres de banque, ou peut-être même… encore dans les réserves de la famille royale ? On ne le saura probablement jamais.
Ce qui est sûr, c’est que cette bouteille continuera de faire rêver. Parce qu’elle incarne un moment suspendu dans le temps : celui où tout semblait encore possible, où une jeune femme de 20 ans montait les marches de l’abbaye de Westminster en pensant que les contes de fées existaient.
Et quelque part, même invendue, elle reste priceless.
Personnellement, j’aurais adoré la voir partir à un prix fou. Pas pour l’argent, mais pour le symbole : celui que l’histoire de Diana continue de passionner les nouvelles générations. Mais bon, le marché en a décidé autrement. L’attente continue…
