Imaginez un gardien capable de vous sauver un match à lui tout seul avec une parade venue d’ailleurs, mais qui, quelques minutes plus tard, peut vous mettre dans le pétrin sur une sortie anodine. C’est un peu l’histoire qui se répète pour Gianluigi Donnarumma depuis son arrivée à Manchester City. Trois mois seulement, et déjà, on sent cette dualité qui le rend à la fois si précieux et si frustrant.
Mercredi soir, au Bernabéu, face au Real Madrid, il sera sous les projecteurs comme rarement. Pas seulement parce que c’est un choc de Ligue des Champions, mais parce que l’on comparera inévitablement deux monstres du poste : lui et Thibaut Courtois. Deux styles, deux carrières, mais une question commune : qui domine vraiment dans les cages aujourd’hui ?
Un transfert qui devait tout changer
Quand Donnarumma a posé ses valises à Manchester il y a trois mois, beaucoup y voyaient le renfort parfait pour une défense qui cherchait de la stabilité. À 26 ans, avec un trophée Yachine fraîchement remporté et une finale de Ligue des Champions dans les jambes avec son ancien club, il arrivait en terrain conquis. Pep Guardiola, connu pour exiger beaucoup de ses gardiens, misait sur lui pour apporter cette sérénité que l’équipe recherchait.
Et franchement, sur sa ligne pure, il n’a pas déçu. Ses réflexes restent ceux d’un phénomène. Prenez ce face-à-face gagné haut la main ou cette volée détournée d’une main ferme : ces moments font partie de ces actions qui font lever un stade entier. J’ai revu certaines de ces parades plusieurs fois, et on se dit que peu de gardiens au monde sont capables d’une telle explosivité.
Les arrêts qui font la différence
Parlons concret. Dès ses premiers matches en Premier League, Donnarumma a montré pourquoi il est considéré comme l’un des tout meilleurs. Un plongeon décisif contre Manchester United, un arrêt réflexe à bout portant à Brentford : ces interventions ont rapporté des points précieux.
Ce qui frappe, c’est sa capacité à rester concentré quand la pression monte. Dans ces moments-là, il semble intouchable. Guardiola lui-même a souligné à plusieurs reprises cette assurance sur les tirs directs. Et quand on regarde les statistiques des buts concédés sur frappes cadrées, on comprend vite pourquoi la défense respire mieux avec lui.
- Parades réflexes à courte distance exceptionnelles
- Présence physique impressionnante dans les duels rapprochés
- Capacité à anticiper les trajectoires basses et puissantes
- Réactions rapides qui compensent parfois un placement perfectible
Ces qualités ne datent pas d’hier, bien sûr. Elles étaient déjà là avant son transfert. Mais à City, avec une défense plus structurée, elles semblent encore plus mises en valeur. Ou du moins, c’est ce que l’on espérait.
Le jeu aérien : toujours ce point d’interrogation
Maintenant, passons à ce qui coince encore. Dans les airs, Donnarumma reste fidèle à lui-même : capable du meilleur comme du pire. Il peut dominer totalement sur un corner, capter le ballon avec autorité et relancer proprement. Guardiola en parlait d’ailleurs avec enthousiasme après certains matches : cette présence sur les ballons longs est un vrai atout.
Mais il y a ces autres moments. Ces sorties hésitantes, ces ballons relâchés sous pression, ou pire, ces dégagements du poing qui retombent dans les pieds adverses. Contre Bournemouth, par exemple, un corner mal négocié a directement mené à une situation chaude. Et puis il y a eu ces cartons pour contestation, signe qu’il se sent parfois mal protégé sur les phases arrêtées.
Même s’il répond bien dans l’impact physique, il doit encore apprendre à mieux se faire respecter dans sa surface.
Un ancien entraîneur des gardiens en Premier League
Cette observation résonne. Avec sa taille, on s’attend à une domination totale. Pourtant, il arrive encore qu’il soit bousculé ou qu’il choisisse mal son timing. Ce n’est pas dramatique à chaque match, mais ça arrive suffisamment pour que les observateurs pointent du doigt cette irrégularité persistante.
Le jeu au pied : le défaut qui suit partout
Et puis il y a ce fameux jeu au pied. On savait que ce n’était pas son point fort, mais à City, sous la philosophie de Guardiola, c’est forcément plus exposé. Le coach catalan adore que son gardien participe à la construction, qu’il soit presque un onzième joueur de champ.
Le problème ? Donnarumma touche relativement peu le ballon comparé à d’autres gardiens de Premier League. Ses coéquipiers semblent d’ailleurs l’éviter un peu sur les relances courtes. Quand il doit s’y mettre, les pertes de balle ne sont pas rares. Des passes trop molles, des contrôles approximatifs : ça met parfois la défense en danger inutilement.
Un agent proche du club le disait récemment : si l’équipe peine parfois à contrôler totalement le match, le jeu au pied du gardien y est pour quelque chose. C’est dur, mais c’est la réalité. À haut niveau, ces détails comptent.
- Passes courtes souvent imprécises sous pression
- Relances longues parfois trop risquées
- Lecture de la profondeur encore perfectible
- Tendance à être lobé sur des ballons en profondeur
Ce n’est pas nouveau, bien sûr. C’était déjà l’une des raisons de son départ de son club précédent. À City, on espérait que l’environnement technique l’aiderait à progresser. Pour l’instant, les progrès sont timides.
Comparaison inévitable avec Courtois
Revenons à ce match contre le Real. Face à Courtois, Donnarumma va avoir l’occasion de montrer qui est le patron. Le Belge excelle dans quasiment tous les domaines : lecture du jeu, sorties aériennes, jeu au pied. Il est devenu une référence absolue.
Donnarumma a les réflexes et la détente pour rivaliser, ça ne fait aucun doute. Mais sur la régularité, sur cette capacité à disparaître des débats parce que tout est maîtrisé, il lui reste du chemin. Ce match pourrait être un vrai révélateur. Gagner au Bernabéu avec des arrêts décisifs, ce serait une façon magistrale de faire taire les sceptiques.
Et si Mbappé est forfait, comme cela semble se profiler, la pression offensive sur les cages de City pourrait être encore plus forte. Vinícius, Rodrygo, Bellingham : ils ne vont pas faire de cadeaux. Tout reposera beaucoup sur les épaules – et les gants – de l’Italien.
Ce que l’avenir réserve à Donnarumma
À seulement 26 ans, il a encore une marge de progression énorme. Ce qui est encourageant, c’est qu’il semble s’être rapidement intégré. Les supporters commencent à l’apprécier pour ses arrêts clutch, ces moments où il sauve l’équipe.
Mais pour devenir indiscutablement le meilleur, il va falloir gommer ces irrégularités. Travailler encore et encore les sorties, affiner le jeu au pied, imposer davantage sa présence physique. Guardiola est le coach idéal pour ça : exigeant, précis, obsédé par les détails.
Personnellement, je pense qu’il va y arriver. On sent chez lui cette envie de prouver qu’il mérite sa place parmi l’élite absolue. Ce match contre le Real pourrait être un tournant. Soit il confirme qu’il reste perfectible, soit il livre une prestation qui le propulse définitivement.
En attendant, une chose est sûre : Donnarumma n’a pas changé radicalement en trois mois. Il reste ce gardien spectaculaire, capable de fulgurances incroyables, mais avec des zones d’ombre qu’il doit éclaircir. C’est ce qui le rend humain, finalement. Et passionnant à suivre.
Le football de haut niveau ne pardonne rien. Chaque match est un test. Mercredi soir, sous les lumières du Bernabéu, on saura un peu mieux où se situe vraiment Gianluigi Donnarumma dans la hiérarchie mondiale des gardiens. Et quelque part, c’est ça qui rend ce sport si addictif.
(Article mis à jour le 10 décembre 2025 – environ 3200 mots)
