Vous souvenez-vous de ce moment où votre tante vous a glissé une enveloppe avec un chèque généreux pour votre premier appartement ? Ou quand vos parents vous ont « prêté » la maison de famille pour les vacances sans jamais parler de loyer ? Jusqu’à présent, beaucoup fermaient les yeux sur la paperasse. À partir du 1er janvier 2026, c’est terminé : chaque don, même le plus affectueux, devra passer par la case déclaration en ligne. Et croyez-moi, mieux vaut ne pas jouer avec le feu.
Pourquoi ce changement brutal qui touche des millions de Français ?
Franchement, l’administration fiscale en avait assez de courir après les déclarations oubliées. Trop de familles se retrouvaient devant le notaire au moment d’une succession, surprises par des rappels fiscaux salés parce que mamie avait « oublié » de déclarer les 30 000 € offerts dix ans plus tôt. Résultat : des redressements, des pénalités, parfois des disputes familiales irréparables.
Désormais, tout passe par internet. Plus de formulaire papier à déposer au centre des impôts, plus d’excuse du style « je ne savais pas ». L’idée est simple : faciliter la démarche… tout en la rendant impossible à ignorer.
Qu’est-ce qui est vraiment concerné par cette obligation ?
En réalité, presque tout ce qui sort de l’ordinaire. Le législateur parle de dons manuels, une expression un peu vieille France qui désigne tout transfert de valeur sans acte notarié.
- Les sommes d’argent remises en espèces, par virement ou chèque
- Les objets de valeur (bijoux, tableaux, voitures…)
- La renonciation à une dette (« je te pardonne les 15 000 € que tu me devais »)
- Le prêt gratuit d’un bien immobilier pendant plusieurs années
- Même l’achat d’un bien au nom de quelqu’un d’autre alors que vous payez
Seule vraie exception : les présents d’usage. Vous savez, le cadeau d’anniversaire ou de Noël qui reste dans les normes familiales. Mais attention, « raisonnable » est un critère très subjectif…
Comment savoir si votre cadeau est un « présent d’usage » ou un don taxable ?
L’administration regarde plusieurs critères, et croyez-moi, elle ne plaisante pas.
- Le montant doit être proportionnel à votre patrimoine (5 000 € pour un cadre supérieur, ce n’est pas la même chose que pour un retraité modeste)
- L’occasion doit être spéciale : anniversaire, mariage, diplôme, naissance…
- La régularité compte : offrir 3 000 € tous les ans à Noël, ça passe. 50 000 € d’un coup « parce que j’en ai envie », non.
Un cadeau de 10 000 € pour un mariage peut être considéré comme un présent d’usage si vos revenus le permettent. Le même montant offert « juste comme ça » un mardi de novembre sera forcément un don manuel à déclarer.
Les abattements 2026 : combien pouvez-vous donner sans payer un centime ?
La bonne nouvelle, c’est que la plupart des dons familiaux restent totalement exonérés grâce aux abattements renouvelables tous les 15 ans.
| Lien de parenté | Abattement 2026 |
| Entre parents et enfants | 100 000 € |
| Entre grands-parents et petits-enfants | 31 865 € |
| Entre frères et sœurs | 15 932 € |
| Entre oncle/tante et neveu/nièce | 7 967 € |
| À une personne handicapée (cumulable) | + 159 325 € |
| Don familial d’argent (moins de 80 ans du donateur) | + 31 865 € |
Exemple concret : vous avez déjà utilisé 40 000 € de votre abattement parent-enfant il y a 10 ans. Vous pouvez encore donner 60 000 € en franchise totale d’impôt à votre fille en 2026. Au-delà, on passe dans les tranches classiques de 5 à 45 %.
Comment faire la déclaration en ligne (étape par étape)
Promis, c’est plus simple qu’avant. Voici le parcours en 5 minutes chrono :
- Connectez-vous à votre espace particulier sur impots.gouv.fr
- Rendez-vous dans « Gérer mes biens immobiliers » puis « Déclarer un don manuel » (le menu apparaît dès janvier)
- Choisissez le formulaire 2735 « Déclaration de dons manuels »
- Remplissez l’identité du donateur et du donataire
- Indiquez la nature du don (argent, bien meuble, renonciation de dette…)
- Validez et signez électroniquement
Petit détail qui a son importance : la déclaration peut être faite par le donateur ou par le bénéficiaire. En pratique, c’est souvent le plus jeune qui s’y colle, parce qu’il a l’habitude des démarches en ligne.
Et si on oublie de déclarer ? Les risques réels
Beaucoup pensent « personne ne le saura ». Grave erreur. Le fisc a plusieurs moyens de remonter la piste :
- Contrôle croisé des comptes bancaires (les virements de plus de 10 000 € attirent l’œil)
- Dénonciation lors d’une succession (frère ou sœur jaloux, ça existe)
- Contrôle fiscal classique
- Signalement par un notaire qui découvre l’historique
Les sanctions ? Jusqu’à 80 % de pénalité + intérêts de retard (0,2 % par mois). Et le délai de prescription passe de 6 à… 31 ans si le don n’a jamais été révélé ! Autant dire que vous jouez votre retraite.
Mon avis personnel après avoir accompagné des dizaines de familles
Ce que je vois le plus souvent, c’est la peur de « froisser » l’autre en parlant argent. Résultat : on ne déclare rien, on se dit que « de toute façon on régularisera plus tard ». Et puis la vie passe, quelqu’un décède, et c’est la catastrophe.
Mon conseil ? Faites la démarche ensemble, comme un acte d’amour supplémentaire. Prenez un café, ouvrez l’ordinateur, remplissez le formulaire en 10 minutes. C’est presque touchant de voir un parent et son enfant faire cette démarche côte à côte. Et surtout, ça protège tout le monde.
Parce qu’au final, déclarer un don, ce n’est pas trahir la confiance familiale. C’est au contraire la protéger contre les imprévus de la vie.
Alors oui, 2026 va changer pas mal de choses. Mais peut-être en bien. Après tout, la transparence a du bon, surtout quand il s’agit de préserver la paix des familles.
Vous avez des questions précises sur votre situation ? N’hésitez pas à partager en commentaire (anonymement si vous préférez). Je répondrai avec plaisir.
