Il y a des nouvelles qu’on préférerait ne jamais lire. Hier soir, dans un petit coin tranquille de la Manche, un gamin de treize ans a perdu la vie en faisant du vélo. Une camionnette l’a percuté par derrière et le conducteur a disparu dans la nature. Comme ça. Sans même ralentir.
Je ne sais pas vous, mais moi, ça me retourne l’estomac. Treize ans… l’âge où on commence à prendre un peu d’autonomie, où on file sur son vélo rejoindre des copains ou rentrer tranquille après un après-midi dehors. Et puis plus rien.
Un drame qui aurait pu être évité
Les faits se sont déroulés jeudi en toute fin de journée, vers 18 heures, sur la départementale 101, au lieu-dit La Beurrière, à Saint-Sébastien-de-Raids. Le jeune cycliste roulait dans le bon sens. Le véhicule qui l’a heurté arrivait derrière lui, dans la même direction. Un choc violent à l’arrière du vélo. Et ensuite ? Plus personne.
La camionnette – une utilitaire blanche, c’est tout ce qu’on sait pour l’instant – a poursuivi sa route comme si de rien n’était. Le gosse, lui, est resté là, sur le bitume.
« On parle d’un homicide involontaire aggravé par délit de fuite », a simplement indiqué le procureur. Des mots froids pour une réalité brûlante.
L’appel à témoins : la seule piste pour l’instant
Les gendarmes n’ont pas perdu une minute. Un appel à témoins a été diffusé dès le lendemain matin. Si vous avez croisé ou suivi une camionnette utilitaire blanche dans le secteur entre Périers et Saint-Lô hier soir, si vous avez vu quelque chose d’anormal, un seul coup de fil peut tout changer.
Le numéro est simple à retenir : la brigade de Coutances au 02 33 76 12 79, ou le 17 en urgence. Même un détail qui vous semble insignifiant – une plaque partielle, une marque sur la carrosserie, un autocollant – peut faire basculer l’enquête.
La sécurité des cyclistes, encore et toujours
Franchement, combien de fois va-t-on encore répéter la même histoire ? Un cycliste vulnérable, une visibilité parfois réduite à la tombée du jour, un véhicule plus gros qui ne laisse aucune chance… et un conducteur qui choisit la fuite plutôt que d’assumer.
Dans les campagnes, les routes départementales sont souvent étroites, sans bande cyclable, avec des virages. Les gamins y circulent parce que c’est leur territoire, leur liberté. Mais manifestement, tout le monde ne l’a pas compris.
- Les enfants de moins de 14 ans représentent une part non négligeable des victimes cyclistes graves
- La nuit tombe vite en décembre, et beaucoup de vélos d’enfants n’ont pas d’éclairage suffisant
- Les utilitaires blancs, c’est la grande famille des fourgons d’artisans – des milliers circulent tous les jours
- Le délit de fuite aggrave lourdement les peines : jusqu’à 7 ans de prison et 100 000 € d’amende
Ces chiffres, on les connaît par cœur. Et pourtant, ça continue.
Le délit de fuite, ce choix lâche qui détruit des familles
Prendre la fuite, c’est choisir de laisser quelqu’un mourir ou agoniser sur la chaussée. C’est voler à une famille la possibilité de comprendre, de faire son deuil, parfois même d’avoir un procès. C’est transformer un accident – déjà terrible – en cauchemar absolu.
Je me mets deux secondes à la place des parents. Vous attendez votre enfant pour le dîner, il est un peu en retard, ça arrive. Et puis on sonne à la porte… Deux gendarmes. Le monde s’effondre. Et en plus, l’autre n’a même pas eu le courage de s’arrêter.
Il y a quelque chose de profondément inhumain là-dedans.
Et maintenant ?
L’enquête est en flagrance, ce qui veut dire que les moyens sont déployés à fond. Les gendarmes passent le secteur au peigne fin, analysent les éventuelles caméras de vidéosurveillance privées, scrutent les traces de peinture, les débris. Ils savent que le temps joue contre eux : plus les heures passent, plus le conducteur a le temps de faire disparaître des preuves, de raconter une autre version à son entourage.
Mais ils savent aussi que, souvent, c’est la solidarité citoyenne qui fait la différence. Un voisin qui a trouvé bizarre que le collègue rentre avec le pare-chocs abîmé. Une épouse qui pose trop de questions. Un détail qui ne colle pas.
Dans neuf cas sur dix, c’est quelqu’un de l’entourage qui finit par parler. La culpabilité, la peur, ça ronge.
– Un enquêteur expérimenté que j’ai pu croiser sur ce genre de dossiers
Ce qu’on peut tous faire, concrètement
Si vous habitez la Manche, si vous avez des proches là-bas, partagez l’appel à témoins. Parlez-en autour de vous. On ne sait jamais.
Et puis, plus largement, prenons conscience que la route appartient à tout le monde. Un gamin à vélo, ce n’est pas un obstacle. C’est un enfant qui rentre chez lui.
Peut-être que ce drame, comme tant d’autres, servira au moins à rappeler ça. Ralentir. Regarder. Respecter. Et si malgré tout l’irréparable arrive, avoir le courage de rester, d’appeler les secours, d’assumer.
Parce qu’un gosse de treize ans, ça ne devrait jamais finir comme ça.
Prenez soin de vous sur la route. Et prenez soin des autres.
