Vous est-il déjà arrivé de croiser un chien errant, le cœur serré, et de vous dire qu’il méritait une seconde chance ? Beaucoup d’entre nous ont ce réflexe. En Grèce, un couple l’a fait… et ils viennent de vivre l’impensable.
Leur petit garçon de deux ans est mort, attaqué par l’animal qu’ils avaient recueilli quelques semaines plus tôt. Une histoire qui glace le sang et qui, je vous l’avoue, m’a empêché de dormir quand je l’ai découverte. Parce qu’elle touche à la fois à la générosité humaine et à la brutalité la plus crue.
Un geste d’amour qui vire au cauchemar
Sur l’île de Zante, dans les îles Ioniennes, un couple connu localement pour son engagement auprès des animaux errants tombe sur un pitbull abandonné devant leur porte. L’animal est maigre, visiblement mal en point. Sans hésiter, ils décident de le soigner et de lui offrir un toit. Chez eux, il y a déjà plusieurs chiens, et juste en face, le petit refuge qu’ils gèrent bénévolement.
Deux mois plus tard, un instant d’inattention change tout. Le petit Leo, deux ans à peine, se retrouve seul quelques secondes dans une pièce avec le chien. Personne ne saura jamais exactement pourquoi l’animal a basculé. Toujours est-il qu’il se jette sur l’enfant et le mord violemment au visage.
Quand le père entend les cris, il accourt et tente de séparer son fils du chien. Trop tard. Transféré d’urgence à l’hôpital, le bambin ne survivra pas à ses blessures. Les médecins se battront pendant de longues minutes, mais le cœur de Leo finira par s’arrêter.
« On a voulu lui donner une famille… et il nous a pris notre enfant. »
Une phrase attribuée à la mère, rapportée par des proches
Les pitbulls, une race à part ?
Je vais être honnête : dès qu’on parle de pitbull dans une attaque mortelle, les passions s’enflamment. D’un côté ceux qui crient à la dangerosité génétique, de l’autre ceux qui répètent que tout dépend de l’éducation. La vérité, comme souvent, se trouve probablement entre les deux.
Ce qu’on sait, c’est que les morsures graves impliquant des chiens de type molossoïde (pitbull, american staff, rottweiler…) représentent une part disproportionnée des cas mortels, surtout chez les enfants. Les statistiques européennes et américaines sont éloquentes : un enfant de moins de 5 ans a vingt fois plus de risques de mourir des suites d’une attaque si le chien appartient à ces catégories.
- Force de mâchoire exceptionnelle (jusqu’à 1600 kg/cm² pour certains sujets)
- Tendance à « verrouiller » la morsure et secouer
- Réaction parfois imprévisible sous stress élevé
- Passé souvent traumatique chez les chiens errants ou maltraités
Mais attention : des milliers de pitbulls vivent paisiblement dans des familles avec enfants. Le problème n’est pas uniquement la race. C’est surtout l’historique de l’animal, son environnement et, soyons lucides, la capacité des propriétaires à lire les signaux.
Les signaux qu’on n’a peut-être pas vus
Dans cette affaire, plusieurs questions me taraudent. Le chien avait-il montré des signes d’anxiété ? Avait-il été évalué par un comportementaliste ? Était-il castré ? Autant d’éléments qui, pourtant, peuvent tout changer.
J’ai échangé il y a quelques années avec une éducatrice canine spécialisée dans les chiens dits « puissants ». Elle me disait : « Un chien qui a erré, qui a souffert de la faim ou de la maltraitance, c’est une bombe à retardement si on ne prend pas le temps de la désamorcer. » Ses mots me reviennent en boucle.
Recueillir un animal adulte dont on ignore tout le passé, c’est un acte admirable… mais risqué quand on a des enfants en bas âge. Certains refuges sérieux refusent d’ailleurs de placer ce type de profil dans des familles avec tout-petits. Peut-être qu’on devrait s’en inspirer partout.
La responsabilité pénale des parents
En Grèce, les parents ont été placés en garde à vue puis relâchés, mais ils restent poursuivis pour homicide involontaire. Une procédure classique dans ce genre de drame. En France, on aurait probablement la même chose : l’article 221-6 du Code pénal est impitoyable quand un enfant meurt par négligence, même sans intention.
Ils risquent plusieurs années de prison. Imaginez la double peine : perdre son enfant et se retrouver jugé pour ça. Je ne souhaite ça à personne.
Et maintenant, que va devenir le chien ?
Le pitbull a été saisi et placé en fourrière vétérinaire. Une commission doit décider : euthanasie ou placement en refuge sécurisé. Vu la gravité des faits, beaucoup parient sur la première option.
Certains diront « pauvre bête, il n’y est pour rien ». D’autres répondront que la société n’a plus le luxe de prendre des risques. Moi, je n’ai pas de réponse simple. Juste une immense tristesse pour tout le monde, l’enfant en premier, mais aussi pour ce chien qui portait déjà le poids d’une vie difficile.
Ce qu’on peut apprendre de ce drame
Si cette histoire peut éviter ne serait-ce qu’un autre accident, alors elle n’aura pas été totalement vaine. Voici ce que j’en retire, personnellement :
- Ne jamais laisser un enfant seul avec un chien dont on ne connaît pas parfaitement l’historique (même cinq secondes peuvent suffire)
- Faire évaluer tout chien adulte recueilli par un professionnel avant de l’intégrer à la maison
- Respecter les recommandations : certains refuges déconseillent formellement les chiens puissants avec des enfants de moins de 6-8 ans
- Installer des barrières de sécurité, des portes bébé, même quand on pense « ça n’arrivera pas chez nous »
- Former toute la famille aux signaux d’apaisement et de stress chez le chien
Je sais, c’est facile à dire après coup. Mais croyez-moi, les parents de Leo auraient donné n’importe quoi pour revenir deux mois en arrière et prendre une autre décision.
Un débat qui dépasse les frontières
Ce drame grec fait écho à d’autres affaires récentes en Europe. On pense à cette petite fille en Espagne, à ce bébé au Royaume-Uni, à ces jumeaux en Italie… La liste est malheureusement longue.
Partout, les mêmes questions reviennent : faut-il interdire certaines races ? Renforcer les tests de comportement ? Imposer une formation obligatoire pour les propriétaires de chiens catégorisés ?
En France, on a déjà la loi de 1999 et les catégories 1 et 2. Mais elle est imparfaite et souvent mal appliquée. Peut-être qu’il est temps de la faire évoluer, sans tomber dans la stigmatisation aveugle.
Ce soir, quelque part en Grèce, deux parents pleurent leur enfant. Et quelque part dans une cage, un chien attend qu’on décide de son sort.
Entre la compassion et la prudence, il y a parfois une ligne très fine. Ce drame nous rappelle cruellement qu’on ne peut pas toujours sauver tout le monde en même temps.
Repose en paix, petit Leo.
