Vous arrivez sur l’autoroute, vous bougez un peu le siège auto pour que vous avez installé à la va-vite, vous pensez « ça tiendra bien cinq minutes »… Et puis plus rien. Juste le bruit assourdissant du métal qui se tord et un silence qui tombe ensuite comme une lame. Ce scénario, on préfère ne jamais y penser. Pourtant, il vient de se rappeler à nous de la pire des manières.
En Italie, le 6 décembre dernier, une petite fille qui aurait fêté ses trois mois six jours plus tard a perdu la vie sur l’A5, entre Turin et Aoste. Le siège auto était là, mais le harnais n’était pas correctement serré. Lors de l’impact, l’enfant a été éjecté de l’habitacle avant d’être percuté par un véhicule arrivant en sens inverse. Le genre de phrase qu’on lit en retenant son souffle et qu’on referme aussitôt l’application, parce que c’est trop lourd à porter.
Un accident qui aurait pu être évité à plusieurs niveaux
Les premiers éléments de l’enquête sont implacables. La conductrice, une femme de 35 ans, a perdu le contrôle de sa Fiat 500X après avoir heurté un panneau de signalisation. Rien d’exceptionnel jusqu’ici, ça arrive tous les jours. Ce qui change tout, c’est ce siège auto mal fixé. La procureure locale a été claire : la petite aurait pu mourir dès le premier choc à l’intérieur du véhicule, mais c’est surtout l’éjection qui a été fatale.
Et là, on touche à quelque chose qui me met personnellement en colère. Parce qu’on nous le répète depuis des années : un siège auto mal attaché, c’est presque aussi dangereux que pas de siège du tout. Les crash-tests le montrent noir sur blanc : un harnais trop lâche et l’enfant devient un projectile.
« Le siège était bien présent, mais l’enfant n’était pas suffisamment retenu. Il a été projeté hors du véhicule dès la première violence du choc. »
Une source judiciaire italienne
Je ne jette la pierre à personne. Être parent, c’est souvent courir après le temps. On installe l’enfant entre deux courses, on serre « à peu près », on se dit que ça ira bien. Sauf que non. Ça n’ira pas.
Les chiffres qui font froid dans le dos
En Europe, on estime que plus d’un siège auto sur deux est mal installé. Oui, vous avez bien lu. 50 %. Parfois plus selon les pays. Une étude européenne de 2023 montrait même que dans certains contrôles routiers, jusqu’à 70 % des sièges contrôlés présentaient au moins une erreur grave : harnais trop haut, ceinture de la voiture mal passée, siège dos à la route alors que l’enfant était trop grand… La liste est longue.
- Erreur n°1 : le harnais pas assez serré (on doit pouvoir passer deux doigts maximum entre le harnais et la clavicule)
- Erreur n°2 : la sangle ventrale placée trop haut (elle doit passer sur les hanches, jamais sur le ventre)
- Erreur n°3 : utilisation d’un siège d’occasion sans vérifier l’historique d’accident
- Erreur n°4 : passage trop précoce au rehausseur sans dossier alors que l’enfant fait moins de 125 cm
Et pourtant, quand on regarde les statistiques de mortalité, les enfants correctement attachés ont 70 % de chances supplémentaires de survie en cas d’accident grave. 70 %. C’est énorme.
Le facteur humain derrière le drame
La maman, légèrement blessée, est aujourd’hui en état de choc profond. Le maire de la commune s’est rendu sur place le soir même et parlait d’une commune « profondément choquée ». On imagine sans mal.
Ce qui rend l’histoire encore plus douloureuse, c’est qu’en juin dernier, la même femme – alors enceinte – avait déjà été impliquée dans un accident sur cette même portion d’autoroute. Passagère à l’époque. On ne sait pas si cela a joué un rôle, mais ça ajoute une couche de fatalité qui serre le cœur.
Et puis il y a ces deux véhicules qui auraient pris la fuite sans porter secours. L’enquête pour homicide involontaire et délit de fuite est en cours. Les caméras de surveillance sont en train d’être épluchées. On espère que justice sera faite, même si, soyons honnêtes, ça ne ramènera pas la petite.
Comment bien installer un siège auto : le guide que tout parent devrait lire deux fois
Je me suis dit que beaucoup de parents (moi le premier à une époque) pensent que « ça va bien se passer ». Alors voici un petit rappel concret, sans jugement :
- Vérifiez la compatibilité : tous les sièges ne vont pas dans toutes les voitures. Lisez le manuel (oui, vraiment).
- Préférez l’Isofix quand c’est possible. C’est plus rigide, moins d’erreurs possibles.
- Dos à la route le plus longtemps possible. Idéalement jusqu’à 4 ans. Les cervicales d’un nourrisson sont ultra-fragiles.
- Serrez le harnais jusqu’à ne pouvoir passer que deux doigts à plat entre le harnais et l’enfant.
- Vérifiez après chaque trajet : les enfants sont des champions pour desserrer discrètement les sangles.
- Ne jamais mettre un manteau épais sous le harnais. Ça donne une fausse impression de serrage.
Un pompier que je connais me disait un jour : « On préfère passer dix minutes à bien installer un siège plutôt que dix heures à essayer de sauver un enfant éjecté. » Je n’ai jamais oublié cette phrase.
Et après ? Vers une prise de conscience collective ?
Cet accident a fait la une dans toute l’Italie. Les associations de sécurité routière ont immédiatement réagi en lançant des campagnes rappelant les bons gestes. Certains appellent même à rendre obligatoire une petite formation de 15 minutes lors de l’achat d’un siège auto, comme on le fait déjà dans certains pays nordiques.
Est-ce que ce drame fera enfin bouger les choses ? On peut l’espérer. Parce qu’on a beau avoir les meilleurs sièges du monde, si on ne prend pas trente secondes pour bien attacher notre enfant, tout ça ne sert à rien.
Au fond, cette histoire n’est pas seulement celle d’un accident. C’est un rappel brutal que la sécurité de nos enfants repose parfois sur des gestes toutes petites, ceux qu’on fait machinalement chaque matin. Et que parfois, « à peu près » ne suffit pas.
Prenez soin de vous. Et serrez bien ces harnais.
Nota bene : cet article n’a pas vocation à juger quiconque mais à rappeler des règles vitales. La douleur d’une mère qui perd son enfant est déjà bien assez lourde à porter.
