Vous vous souvenez quand Clermont-Ferrand faisait surtout parler d’elle pour ses volcans endormis et son club de foot ? Moi oui. Et puis, d’un coup, plus rien à voir. Désormais, on y trouve des corps carbonisés dans des voitures calcinées, des fusillades en plein après-midi et des tueurs à gages qui prennent le TGV comme on prend le bus. Ce qui se passe là-bas en ce moment glace le sang, et franchement, ça méritait qu’on s’y penche sérieusement.
Quand la DZ Mafia pose ses valises au pied du Puy-de-Dôme
Commençons par le plus dingue : un jeune de 18 ans, tout juste majeur, se fait serrer tranquillement en terrasse sur le Vieux-Port marseillais. Rien d’étonnant jusque-là, sauf qu’il est suspecté d’avoir descendu quelqu’un à 500 kilomètres de là, dans les quartiers nord de Clermont, fin octobre. Exécution froide, en plein point de deal. Et les enquêteurs sont formels : le gosse gravite autour de la DZ Mafia, ce clan qui terrorise les cités phocéennes depuis 2023.
Ce n’est pas un cas isolé. C’est une tendance. Une vraie.
Des méthodes 100 % made in quartiers nord
À Clermont, on commence à connaître la chanson par cœur : rafales de kalach en pleine rue, véhicules bélier, corps brûlés pour effacer les traces. Des scènes qu’on croyait réservées aux séries ou aux faits divers marseillais. Eh bien non. Elles ont migré.
Ce qui frappe, c’est la rapidité avec laquelle tout cela s’est installé. Il y a deux ans encore, les règlements de comptes dans la capitale auvergnate se comptaient sur les doigts d’une main. Aujourd’hui, les stups et la PJ locales croulent sous les dossiers « narcobanditisme » avec usage d’armes de guerre.
- Augmentation de 300 % des saisies d’armes longues en deux ans dans le Puy-de-Dôme
- Multiplication par cinq des homicides liés au trafic entre 2023 et 2025
- Apparition de « fours » (voitures incendiées avec corps à l’intérieur) – méthode signature de certains clans marseillais
Et quand on creuse un peu, le lien avec Marseille saute aux yeux.
Pourquoi Clermont ? La réponse est cruellement logique
On pourrait se demander pourquoi un clan ultra-violent irait s’embêter à venir s’implanter dans une ville de 150 000 habitants connue pour ses pneus et ses facs. La réponse tient en trois lettres : RELAIS.
Clermont-Ferrand, c’est le carrefour parfait. Autoroute A71/A75, liaison directe Lyon-Bordeaux, proximité de Saint-Étienne et de Lyon. Bref, un hub idéal pour écouler la came qui arrive du sud et la dispatcher vers le centre et l’ouest de la France.
Ajoutez à ça des points de deal déjà existants mais tenus par des équipes locales moins structurées, moins armées, moins impitoyables. Pour un clan comme la DZ, c’est Noël avant l’heure : on arrive, on impose le tarif, on recrute les plus jeunes, on exécute les récalcitrants. Méthode rodée.
« Ils ne viennent pas pour faire du tourisme. Ils viennent prendre le marché, point. Et ils ont les moyens de leurs ambitions. »
Un policier spécialisé dans le narcobanditisme, sous couvert d’anonymat
Des tueurs à gages qui prennent le train comme vous et moi
Le plus terrifiant, c’est la banalité du mal. Ces mecs de 18-20 ans montent dans le TGV à Marseille-Saint-Charles, descendent à Clermont, font le boulot en moins de 24 h, et repartent. Parfois même en Ouigo pour faire des économies. C’est ça, la nouvelle génération du crime organisé : ultra-mobile, ultra-connectée, ultra-violente.
Ils louent des Airbnb, utilisent des cartes prépayées, des voitures de location au nom de prête-noms. Traçabilité quasi nulle. Et quand ça tourne mal, ils savent qu’ils ont derrière eux une organisation capable de faire disparaître les preuves – et les témoins.
J’ai discuté avec un ancien de la Crim’ qui m’a lâché, un peu dépité : « Avant, on connaissait les têtes. Aujourd’hui, on voit débarquer des gamins qu’on n’a jamais vus, qui font le contrat et qui disparaissent. C’est une autre dimension. »
La police locale dépassée ? La question qui fâche
On nous parle sans cesse d’opérations « place nette XXL », de renforts CRS, de belles saisies. Sur le papier, ça claque. Sur le terrain ? Les syndicats de police hurlent dans le désert : manque d’effectifs, manque de moyens, manque de tout.
Un exemple concret : quand la BRI (brigade recherche et intervention) doit venir de Lyon ou de Marseille pour interpeller un suspect à Clermont, c’est qu’on a déjà un problème structurel. La PJ locale fait ce qu’elle peut, mais face à des tueurs équipés comme des unités spéciales, c’est David contre Goliath version 2025.
Et pendant ce temps, les habitants des quartiers nord de Clermont (Saint-Jacques, La Gauthière, Croix-de-Neyrat) vivent sous tension permanente. Les mères de famille me disent qu’elles n’osent plus laisser leurs ados sortir après 20 h. C’est dire.
Et demain ? Vers une « marseillisation » des grandes villes moyennes ?
Ce qui arrive à Clermont n’est malheureusement pas un cas isolé. On voit le même schéma se répéter à Saint-Étienne, à Roanne, à Bourges même. Partout où il y a un marché à prendre et une autoroute à proximité.
La DZ Mafia, comme d’autres clans (Yoda, Blacks…), a compris une chose simple : Paris, Lyon, Marseille sont saturés en termes de surveillance. Alors on délocalise la violence là où la police est moins présente, où les peines sont parfois moins lourdes, où les réseaux locaux sont plus fragiles.
Et ça marche. Effroyablement bien.
Alors oui, on peut toujours se dire que « c’est loin », que « ça n’arrive qu’aux autres ». Mais quand votre ville de province tranquille se retrouve avec des tueurs à gages qui font l’aller-retour dans la journée, on comprend que le problème nous concerne tous.
Parce qu’au final, la vraie question n’est pas de savoir si la DZ Mafia va s’installer durablement à Clermont-Ferrand.
La vraie question, c’est : quelle sera la prochaine ville ?
Et vous, vous en pensez quoi ? Vous sentez aussi cette montée de violence dans votre région ou c’est encore lointain pour vous ? Dites-le en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
