Vous savez cette petite déception qu’on ressent tous un jour ou l’autre en ouvrant un paquet qui fait pschiiiit… et qui est quasiment vide à l’intérieur ? À Noël, ce sentiment est multiplié par dix. Les emballages deviennent dorés, rouges, scintillants, on se laisse séduire en deux secondes dans le rayon. Et puis, une fois à la maison, la douche froide.
Cette année, comme chaque décembre, les associations de défense des consommateurs ont passé les rayons au peigne fin. Et le constat est clair : oui, il y a encore des dérives, mais – petite surprise – elles seraient en nette diminution par rapport aux années précédentes. Bonne nouvelle ? Oui et non. Parce que tant qu’il en reste une seule, ça reste énervant.
Les grandes familles d’arnaques qui persistent à Noël
Il y a trois pièges classiques qui reviennent chaque année avec une régularité de métronome. Je les ai moi-même croisés la semaine dernière en faisant mes courses, et croyez-moi, on a encore du boulot.
1. La shrinkflation version festive (le paquet qui rétrécit en silence)
Le principe est toujours le même : on garde le même emballage (parfois même un peu plus grand et plus clinquant pour Noël), mais on réduit la quantité à l’intérieur. Résultat ? Le client paye le même prix, voire plus cher « parce que c’est l’édition limitée de Noël », pour moins de produit.
Exemple tout bête : une marque très connue de chocolats propose sa boîte « Spéciale Fêtes » à 12,90 €. L’an dernier elle contenait 500 g. Cette année ? 375 g. L’emballage est quasiment identique, juste un peu plus haut pour faire illusion. Et la mention du poids ? Reléguée en tout petit sur le côté. Classique.
« Les industriels jouent sur l’effet festif : on est moins vigilant, on achète plus vite, on regarde moins les étiquettes. »
– Une spécialiste des campagnes de vigilance consommateur
Et franchement, elle a raison. Quand on court entre le boulot, les cadeaux et les enfants, on n’a pas envie de sortir la loupe au milieu du rayon.
2. L’origine qui fait rêver… mais pas trop en vrai
C’est probablement le point qui m’agace le plus personnellement. Voir écrit en gros « Tradition de Bourgogne » ou « Recette d’Alsace » et découvrir ensuite, en tout petit, que les ingrédients viennent « d’Europe et hors Europe ». On est nombreux à vouloir privilégier le made in France, surtout pour les repas de fête. Se faire avoir là-dessus, ça pique.
Un cas école cette année : des escargots vendus sous une appellation qui laisse penser à la Bourgogne… alors que la liste des ingrédients indique simplement « Europe ». Rien n’interdit légalement de faire ça tant qu’il y a la mention légale, mais moralement ? On repassera.
- Foie gras « du Sud-Ouest » où seul l’assemblage est fait en France
- Saumon « fumé à l’ancienne » élevé en Norvège ou au Chili
- Bûches pâtissières « artisanales » fabriquées en Pologne ou en Belgique
- Champagne millésimé… avec du raisin d’Espagne (oui, c’est possible)
Le pire ? Certaines marques jouent sur les deux tableaux : un packaging ultra-traditionnel français à l’avant, et les mentions légales en minuscules à l’arrière. C’est légal. C’est malin. Mais c’est pas très honnête.
3. L’effet « boîte dans la boîte » ou l’art de vendre de l’air
Vous connaissez le principe des poupées russes ? Certaines marques l’ont adapté aux produits de luxe. Vous achetez une magnifique coffret en bois ou en métal, vous l’ouvrez avec excitation… et à l’intérieur, une deuxième boîte en carton, elle-même à moitié vide avec un calage en plastique pour faire joli.
J’ai vu cette année des truffes en chocolat présentées dans un coffret de 20 cm de haut. Une fois tous les étages de protection retirés, il restait à peine 150 g de chocolat tout au fond. Le reste ? Du vide et du plastique. Pour 39 €. Autant offrir une boule à neige.
La bonne nouvelle : ça s’améliore (un peu)
Il faut quand même le reconnaître : sous la pression des associations et des réseaux sociaux, certaines pratiques reculent. L’an dernier, on comptait plus d’une trentaine de références épinglées dans ce type de campagne. Cette année, à peine une quinzaine. C’est déjà ça.
Quelques grandes enseignes ont même pris les devants en affichant des panneaux « Ici, pas de shrinkflation » ou en mettant en avant les produits vraiment locaux. C’est encore minoritaire, mais ça existe. Et ça prouve que quand on met la lumière sur ces pratiques, ça bouge.
Comment ne pas se faire avoir : mes 8 réflexes malins
Voici la check-list que j’utilise personnellement chaque année. Elle m’a évité pas mal de déconvenues.
- Tournez systématiquement le paquet pour lire le poids net (pas le prix au kilo, le poids total)
- Comparez avec l’an dernier si vous avez bonne mémoire (ou prenez une photo avec votre téléphone)
- Méfiez-vous des emballages trop grands par rapport au contenu visible
- Regardez l’origine des ingrédients, pas seulement l’origine du conditionnement
- Préférez les produits vendus au détail (boucherie, fromagerie) quand c’est possible
- Fuyez les mentions « recette traditionnelle » sans indication géographique précise
- Lisez les avis clients sur les applications anti-arnaques (Yuka, BuyOrNot, etc.)
- Et surtout : si quelque chose vous semble bizarre, reposez le produit. Il y en aura toujours un autre.
Petite astuce bonus : les marchés de Noël et les producteurs locaux sont souvent bien plus transparents. Oui c’est parfois un peu plus cher, mais au moins on sait ce qu’on achète.
Et demain ? Vers plus de transparence ?
Plusieurs propositions circulent pour obliger les industriels à signaler clairement quand ils réduisent les quantités sans baisser les prix. Certains pays l’ont déjà mis en place (l’Italie notamment). En France, on en parle, mais ça traîne.
En attendant, c’est à nous de rester vigilants. Parce que tant qu’il y aura des consommateurs distraits, il y aura des emballages trompeurs. C’est triste à dire, mais c’est comme ça.
Cette année, j’ai décidé de faire mes courses de Noël avec ma fille de 10 ans. Je lui explique au fur et à mesure ce que je regarde sur les étiquettes. Elle trouve ça « trop nul que les grandes marques mentent ». Moi je trouve ça génial qu’une enfant de 10 ans comprenne déjà le système. C’est peut-être là que tout commence.
Alors cette année, prenons cinq minutes de plus dans les rayons. Nos portefeuilles et notre dignité de consommateurs le valent bien.
Bonnes fêtes… et bonnes courses lucides !
