Vous est-il déjà arrivé de vivre un moment où tout semble perdu, et puis, contre toute attente, les choses basculent ? C’est un peu ce que beaucoup ont ressenti en suivant la Coupe d’Afrique des Nations 2023. Et au cœur de cette histoire folle, il y a un homme qui a tout changé en quelques jours. Un récit qui donne des frissons, même deux ans plus tard.
Je me souviens encore de cette période. La compétition se déroulait à domicile, l’attente était énorme, et pourtant, tout partait en vrille. Une lourde défaite, des doutes partout, et soudain, un changement radical. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un adjoint prendre les rênes dans de telles conditions et transformer une équipe au bord du gouffre en championne.
Le miracle ivoirien commencé par un huitième de finale légendaire
Ce match contre le Sénégal, tenant du titre et grand favori, reste gravé dans les mémoires. Personne ne donnait cher de la peau des Éléphants après leur parcours chaotique en phase de groupes. Pourtant, ce soir-là à Yamoussoukro, quelque chose d’extraordinaire s’est produit.
Pour bien comprendre, il faut remonter un peu. L’équipe sortait d’une humiliation historique : quatre buts encaissés face à une nation bien moins cotée. L’élimination semblait inévitable. Mais un concours de circonstances improbable – un nul arraché ailleurs dans les dernières secondes – offrait une qualification miraculeuse parmi les meilleurs troisièmes. Un signe ? Peut-être bien.
La prise de fonction dans la tempête
Le sélectionneur en place décide de partir après cette période compliquée. Le président de la fédération appelle alors l’adjoint numéro deux. La question tombe : « Es-tu prêt à prendre l’équipe ? » La réponse est immédiate, presque instinctive. Oui.
Mais ce n’est pas si simple. Il y a d’abord l’annonce aux joueurs. Des larmes, de la culpabilité, de la stupeur. Les liens avec l’ancien coach étaient forts. Ensuite, il faut recomposer un staff en urgence, car une partie de l’équipe technique choisit de suivre l’ancien patron.
Et puis, il y a ces rumeurs qui circulent. Un nom célèbre serait en contact pour reprendre l’équipe. Ça pourrait miner l’autorité du nouvel homme fort. Mais il décide de faire abstraction. Dans sa tête, il est le sélectionneur, point final. Une détermination qui force le respect.
Il fallait convaincre les joueurs en un temps record que je pouvais être l’homme de la situation.
Remettre l’équipe sur pied psychologiquement
La priorité absolue ? La tête des joueurs. Ils sont au fond du trou après les résultats et le départ du coach. Le message est clair : c’est une seconde chance offerte par le destin. Il faut la saisir pour le maillot, pour le peuple.
Autre décision forte : tout remettre à zéro. Plus de statut intouchable. « Montrez-moi ce que vous avez dans le ventre. » Ça passe par des choix courageux dans la composition. La moitié du onze change. Des cadres expérimentés reviennent, comme Max-Alain Gradel ou Jean-Michaël Seri, appréciés pour leur calme et leur mental.
Un joueur clé est même écarté du onze de départ après un différend à l’entraînement. Franck Kessié, rien que ça. Mais les leaders expliquent que c’est la nouvelle règle du jeu : tout le monde doit prouver.
Le plan tactique contre un géant
Face au Sénégal, l’analyse est précise. La vitesse sur les ailes, avec Sadio Mané et Ismaïla Sarr, fait peur. Solution : des pistons capables de monter haut pour les gêner avant qu’ils prennent leur élan. Serge Aurier et Ghislain Konan sont choisis pour ça.
Autre observation : le grand défenseur central adverse, Kalidou Koulibaly, est quasi imbattable dans les duels, mais peut-être un peu moins à l’aise dans son dos. L’idée est d’exploiter cette petite faille relative.
Et puis il y a cette causerie d’avant-match complètement rocambolesque. L’ordinateur bugge, tout part en retard. Le coach improvise, oublie même de donner la composition… Son adjoint le lui fait remarquer, dépité. Mais au lieu de paniquer, il retourne la situation à son avantage. Il va voir les cadres et leur dit que c’était voulu, pour garder tout le monde concerné jusqu’au coup d’envoi. Un mensonge pieux qui soude encore plus le groupe.
Un début cauchemardesque qui se transforme en révolte
Le match commence mal. Très mal. But sénégalais dès les premières minutes sur une action côté gauche. Le cœur se serre. On se dit que ça va être une correction.
Mais paradoxalement, ce but précoce joue en faveur des Ivoiriens. Les Sénégalais se mettent en gestion, baissent un peu le pied. Et surtout, il y a cette faute non sifflée sur Ibrahim Sangaré : un tacle dangereux qui aurait pu valoir rouge. L’injustice réveille l’orgueil. L’état d’esprit passe de « éviter la dérouillée » à « on va leur montrer ».
Progressivement, le bloc monte. Le pressing s’intensifie après la pause fraîcheur. On commence à dominer. Il manque juste la finition, mais la dynamique change.
La seconde période : la prise de pouvoir
À la mi-temps, pas de révolution tactique. Juste un message : on domine, soyons plus audacieux dans le dernier geste. Et ça marche. L’énergie est palpable. Les joueurs y croient.
Les changements sont judicieux. Nicolas Pépé et Simon Adingra apportent de la vitesse sur les côtés. Sébastien Haller entre pour peser dans la surface. Et Franck Kessié, revanchard après avoir commencé sur le banc, fait son retour.
Le passage à deux attaquants axiaux en fin de match change tout. Le pressing devient plus efficace, les relances adverses sont perturbées. Et à la 86e minute, l’égalisation sur penalty. Kessié transforme. Prolongation.
Je sens que mon groupe est désormais convaincu de pouvoir gagner. Il y a une énergie, c’est palpable.
La prolongation et les tirs au but : le summum du suspense
En prolongation, les Ivoiriens dominent. Le Sénégal doute pour la première fois du tournoi. Le pressing fonctionne, les pertes de balle adverses se multiplient. Mais le talent individuel reste dangereux : quelques frayeurs, des parades décisives, un arrêt réflexe sur la ligne.
Puis viennent les tirs au but. Là, c’est la loterie. Les joueurs se désignent d’eux-mêmes. La consigne est simple : décidez où vous tirez et tenez-vous-y. Le coach, pour une fois, est presque serein. Ça ne dépend plus vraiment de lui.
Le tir décisif de Kessié est étrange, il monte, monte… et rentre. Explosion de joie. Qualification. Le début d’une épopée qui mènera jusqu’au titre.
Ce qui reste de cette soirée magique
Le soulagement est immense. Comme si un poids énorme quittait les épaules. Toute la pression accumulée – la nomination express, les rumeurs, la préparation dans l’urgence – s’évapore en un instant.
L’aspect le plus marquant, c’est cette capacité à transformer les galères en force. L’ordinateur en panne, la compo oubliée… Tout ça devient symbole d’une CAN renversée de bout en bout. Des moments improbables, des égalisations dans les arrêts de jeu, jusqu’à la victoire finale face au Nigeria.
Un scénario que personne n’aurait osé écrire. Trop gros, trop beau. Et pourtant vrai.
Quelques éléments clés du match en un coup d’œil
- Score final : 1-1 (5-4 aux tirs au but)
- Buteur ivoirien : Franck Kessié (penalty, 86e)
- Moment décisif : Tir au but raté par Moussa Niakhaté (poteau)
- Possession : Légère avantage ivoirien (57%)
- Joueurs clés : Jean-Michaël Seri en récupérateur, Sébastien Haller en pivot, Yahia Fofana décisif
Cette rencontre illustre parfaitement ce que le football africain peut offrir : de l’intensité, de l’émotion, des rebondissements. Et parfois, un peu de magie.
Au final, cette qualification n’était que le début. Elle a libéré une équipe, redonné confiance à tout un pays. Et permis de vivre une fin de tournoi historique. Si vous aimez les histoires où le cœur et la détermination l’emportent sur la logique, celle-ci est pour vous.
Et vous, quel est votre plus beau souvenir de cette CAN ? Ce genre d’épopée nous rappelle pourquoi on aime tant ce sport. Imprévisible, passionnant, humain.
