Imaginez-vous réveillé en sursaut à 5 heures du matin par le hurlement des sirènes autour d’une prison. Des projecteurs qui balaient les murs, des chiens qui aboient, et deux cellules vides. C’est exactement ce qui s’est passé jeudi dernier à la maison d’arrêt de Dijon. Deux hommes viennent de s’évaporer dans la nature après avoir scié leurs barreaux comme dans un mauvais film… sauf que c’est bien réel. Et l’un d’eux court toujours.
Franchement, quand on entend « évasion à la scie à métaux », on pense immédiatement aux vieux polars des années 70. Sauf qu’en 2025, on se dit que ce genre de scénario n’arrive plus. Eh bien si. Et le pire, c’est que ça semble presque trop facile.
Une évasion digne d’un scénario hollywoodien… mais en Bourgogne
Reprenons depuis le début. Nous sommes jeudi, très tôt. Les deux détenus partagent la même cellule – ou presque – dans cette prison centenaire qui tombe littéralement en ruine. L’un a 32 ans, il est en détention provisoire pour des violences conjugales graves. L’autre n’a que 19 ans mais traîne déjà un casier judiciaire long comme le bras : une dizaine de condamnations, violences aggravées, enlèvement, et même une mise en examen pour tentative d’assassinat. Autant dire que ce n’est pas le genre de voisin qu’on souhaite avoir.
Ils ont reçu, on le saura plus tard, une lame de scie à métaux. Probablement livrée par drone – oui, vous avez bien lu, ces petits engins qu’on utilise pour livrer des pizzas servent désormais à faire évader des criminels. En quelques heures, les barreaux cèdent. Ils fabriquent une corde avec des draps, descendent le long du mur et hop, bonjour la liberté. Le temps que l’alarme se déclenche, ils sont déjà loin.
« Une évasion en bande organisée », c’est ainsi que les autorités qualifient l’opération. Et quand on voit le niveau de préparation, on comprend pourquoi.
Le premier repris en moins de 24 heures
Le détenu de 32 ans n’ira pas très loin. Repris le vendredi, il est présenté à un juge dès le lundi suivant. Résultat : nouvelle mise en examen pour évasion en bande organisée et renvoi direct en prison… mais cette fois dans un autre établissement, très loin de Dijon. On n’est jamais trop prudent.
Il a été transféré discrètement, histoire d’éviter qu’un complice ne tente une nouvelle opération sauvetage. Car oui, il y a bien des complices dehors.
Le second, 19 ans, toujours dans la nature
Maintenant, le vrai problème, c’est l’autre. Celui de 19 ans. Les autorités le décrivent sans détour comme très dangereux. Et quand on regarde son parcours, on comprend l’urgence. À même pas vingt ans, il évolue déjà dans ce qu’on appelle la criminalité organisée. Tentative d’assassinat, association de malfaiteurs… ce n’est pas un petit délinquant qui a volé trois portables.
Dimanche, une immense opération est montée à Besançon, dans un quartier sensible. Une trentaine de policiers, des moyens importants. On le sait dans le coin. Raté. Il parvient à s’échapper. Par contre, les forces de l’ordre mettent la main sur un de ses proches, un autre jeune de 19 ans, ancien codétenu. Garde à vue pour complicité d’évasion et association de malfaiteurs. Ça commence à faire du monde.
La complice qui jure qu’elle ne savait rien
Et puis il y a elle. Une jeune femme de 25 ans qui a récupéré les deux évadés en voiture juste après leur sortie. Interpellée, mise en examen pour complicité d’évasion en bande organisée et placée en détention provisoire. Sa version ? « Il m’a appelée en me disant qu’il avait été libéré légalement, je n’ai rien demandé de plus ». Mouais.
Perquisition à son domicile : plusieurs drones. Elle nie farouchement qu’ils aient servi à livrer quoi que ce soit en prison. Difficile à croire quand on sait comment la lame est arrivée jusqu’aux détenus.
Les drones, nouveau fléau des prisons françaises ? On en parle de plus en plus, et cette affaire risque de faire jurisprudence.
Une prison vétuste qui pose question
Ce qui choque aussi, c’est la facilité avec laquelle tout ça a été possible. La maison d’arrêt de Dijon est connue pour être dans un état lamentable. Des barreaux qu’on peut scier avec une simple lame, des murs qu’on escalade avec des draps… On se croirait revenus cinquante ans en arrière.
Combien de fois a-t-on entendu parler de la surpopulation carcérale, du manque de moyens, de l’ancienneté des établissements ? Cette évasion vient cruellement rappeler que rien n’a vraiment changé. Et quand on libère des individus aussi dangereux que le jeune fugitif, les conséquences peuvent être dramatiques.
- Barreaux sciés en quelques heures seulement
- Corde de draps pour descendre de plusieurs mètres
- Véhicule qui attend pile au bon endroit
- Drone probablement utilisé pour livrer le matériel
- Complices déjà identifiés et en partie arrêtés
Tout ça sent la préparation minutieuse. Ce n’est pas une évasion improvisée par deux gars qui ont eu un coup de chance. Non, c’est organisé. Et ça fait peur.
Que risque-t-on si le fugitif n’est pas repris rapidement ?
La question que tout le monde se pose maintenant : et s’il n’est jamais repris ? À 19 ans, avec un tel profil, il a tout le temps devant lui pour disparaître, refaire sa vie sous une autre identité, ou pire, reprendre ses activités.
Les enquêteurs savent qu’il a des appuis solides à l’extérieur. Des amis, peut-être une famille prête à le cacher. Et dans certains quartiers, la loi du silence fonctionne encore très bien. Chaque jour qui passe rend la traque plus compliquée.
Et puis il y a la population. Quand on sait qu’un individu recherché pour tentative d’assassinat se balade librement, on dort moins tranquille. Les autorités l’ont dit clairement : il est dangereux. Point final.
Les drones, la nouvelle porte d’entrée des prisons
On ne peut pas passer à côté du sujet qui revient sans cesse : les drones. Ces petits appareils qui survolent les cours de promenade et larguent des paquets. Téléphones, drogue, et maintenant outils pour s’évader. C’est une véritable plaie pour l’administration pénitentiaire.
Des filets anti-drones ont été installés dans certaines prisons modernes. Mais à Dijon ? Rien. Ou presque. Résultat : la porte était grande ouverte.
Je vous laisse imaginer le coût d’une telle technologie pour toutes les prisons de France. Et le temps que ça prendrait. En attendant, les trafiquants, eux, innovent plus vite que l’État.
Un cas qui n’est malheureusement pas isolé
Cette évasion n’est pas la première, et ne sera probablement pas la dernière. On se souvient de cas spectaculaires ces dernières années : hélicoptère, prise d’otage, fausses ordonnances de libération… Les méthodes évoluent, mais le problème reste le même : des prisons vieilles, surpeuplées, et parfois mal sécurisées.
Ce qui change, peut-être, c’est la jeunesse des protagonistes. À 19 ans, être déjà à ce niveau de dangerosité, ça glace le sang. Ça pose aussi la question de la prise en charge des mineurs et jeunes majeurs dans le milieu carcéral. Comment en arrive-t-on là ?
Il y a clairement un échec quelque part. Éducation, justice, accompagnement social… Tout est à revoir. Mais ça, c’est un autre débat, bien plus vaste.
En attendant, la traque continue. Les policiers ratissent la région, interrogent les proches, surveillent les gares, les aéroports. Chaque signalement est pris au sérieux. On espère tous que ça finira bientôt.
Parce que tant qu’il est dehors, personne n’est vraiment tranquille. Ni les habitants de Dijon, ni ceux de Besançon, ni ceux de n’importe quelle ville où il pourrait se cacher.
Cette affaire, au-delà du fait divers spectaculaire, nous renvoie en pleine figure les failles de notre système pénitentiaire. Et elle nous rappelle une chose essentielle : la liberté, quand elle est rendue à ceux qui n’auraient jamais dû l’obtenir si facilement, peut devenir un danger pour tous.
Affaire à suivre, évidemment. Très étroitement.
