Franchement, je n’ai pas souvenir d’avoir vécu une fin de saison aussi dingue depuis très longtemps. Dimanche soir, quand Max Verstappen a franchi la ligne d’arrivée à Lusail, j’ai senti cette petite décharge électrique qui parcourt tous les fans de Formule 1 quand ils comprennent que tout peut encore basculer. À une course de la fin du championnat 2025, on a trois pilotes en seize points. Seize ! C’est du jamais-vu depuis quinze ans.
On pensait McLaren intouchable après Las Vegas ? Raté. Verstappen et Red Bull ont rappelé qu’on ne les enterre pas si facilement. Et le plus beau dans tout ça, c’est que personne n’a encore gagné. Même pas Norris, qui porte pourtant le dossard de leader depuis plusieurs semaines.
Un GP du Qatar qui a tout changé en une soirée
Reprenons depuis le début. Oscar Piastri partait en pole, Lando Norris deuxième, Max troisième. Sur le papier, McLaren avait tout pour faire le break. Et puis non. Verstappen a encore sorti une de ces courses dont il a le secret : un départ propre, une gestion de pneus parfaite et cette capacité presque surnaturelle à attaquer quand il le faut sans jamais détruire ses gommes.
Résultat ? Victoire autoritaire, 25 points dans la poche et un message envoyé à la concurrence : je suis toujours là. Norris termine quatrième (belle défense, mais pas assez pour creuser l’écart) et Piastri complète le podium. À l’arrivée, l’écart entre les trois hommes est passé de 24 à 12 points entre le premier et le deuxième, et seulement 16 jusqu’au troisième. C’est minuscule.
Le classement pilotes avant la finale
Voici où on en est après 23 Grands Prix sur 24 :
| Pos | Pilote | Équipe | Points |
| 1 | Lando Norris | McLaren | 408 |
| 2 | Max Verstappen | Red Bull | 396 |
| 3 | Oscar Piastri | McLaren | 392 |
| 4 | George Russell | Mercedes | 309 |
| 5 | Charles Leclerc | Ferrari | 230 |
Oui, vous avez bien lu : seize petits points séparent le leader du troisième. En F1 moderne, c’est presque rien. Une crevaison, une safety car mal gérée, un accrochage au premier virage… et tout peut basculer.
Les scénarios possibles à Abou Dhabi
On va faire simple, parce que ça tourne vite la tête.
- Si Lando Norris gagne → champion, peu importe ce que font les autres.
- S’il termine 2e → champion sauf si Verstappen gagne et fait le meilleur tour (dans ce cas-là, égalité, titre pour Max grâce au nombre de victoires).
- S’il termine 3e → il faut que Verstappen ne fasse pas mieux que 3e et Piastri pas mieux que 5e.
- Si Verstappen gagne + meilleur tour → il repasse devant Norris même si Lando fait 2e.
- Piastri reste outsider mais il peut encore gagner le titre s’il gagne la course et que Norris finit 6e ou moins bien et Verstappen 3e ou moins bien. Compliqué, mais mathématiquement possible.
Bref, on a rarement vu autant de combinaisons possibles à l’approche d’une finale. Et ça, c’est le genre de truc qui rend la Formule 1 aussi addictive.
« On a travaillé dur toute l’année pour se mettre dans cette position. Maintenant, tout peut arriver en une course. On va tout donner. »
– Un pilote McLaren, juste après le podium au Qatar
McLaren champion constructeurs, mais à quel prix ?
Chez les constructeurs, c’est plié depuis un moment. McLaren caracole en tête avec 800 points, Mercedes est loin derrière à 459 et Red Bull complète le podium à 426. L’écurie de Woking a réalisé une saison exceptionnelle, probablement la plus aboutie depuis l’ère McLaren-Mercedes des années 2000.
Mais voilà, le titre pilotes, c’est autre chose. Et là, la pression est énorme sur les épaules de Lando Norris. On le sent tendu depuis plusieurs courses. Le Britannique a parfois laissé filer des victoires par excès de prudence ou par petites erreurs. À Abou Dhabi, il n’aura plus le droit à l’erreur.
Piastri, lui, joue presque libéré. L’Australien a déjà dépassé toutes les attentes pour sa deuxième saison complète. S’il parvient à coiffer tout le monde au poteau, ce serait un exploit retentissant.
Verstappen, ce calme olympien qui fait peur
Et puis il y a Max. Ce gars-là est terrifiant de sang-froid. Même quand sa voiture n’était clairement pas la plus rapide en milieu de saison, il a continué à ramasser des podiums, à limiter la casse, à attendre son moment. Et ce moment semble être arrivé.
Red Bull a apporté des évolutions majeures ces dernières semaines. La RB21 semble enfin à l’aise sur tous les types de circuits. Au Qatar, Verstappen a dominé de la tête et des épaules. S’il reproduit ça à Abou Dhabi, franchement, je ne vois pas comment on l’arrête.
Et ce qui me frappe le plus, c’est son attitude. Pas de grandes déclarations, pas de pression médiatique. Il arrive, il fait le job, il repart. C’est presque flippant de maîtrise.
Abou Dhabi, le juge de paix
Le circuit Yas Marina a été modifié ces dernières années pour favoriser les dépassements. On a vu de belles bagarres depuis 2022. Le secteur 3, avec ses longues lignes droites et ses virages lents, peut changer une course en quelques tours si la stratégie pneus est bien gérée.
Et puis il y a cette fameuse dernière ligne droite avant le virage de l’hôtel : c’est là que tout peut se jouer. Un DRS bien placé, une aspiration, un freinage tardif… Les souvenirs de 2021 sont encore dans toutes les têtes.
Cette année, on n’aura pas besoin d’une décision controversée de la direction de course pour avoir du suspense. Le suspense, il est déjà là, brut, pur, presque palpable.
Mon pronostic (et pourquoi il ne vaut peut-être rien)
Si vous me forcez à mettre une pièce sur quelqu’un, je dirais Verstappen. Pourquoi ? Parce qu’il a cette capacité à élever son niveau quand ça compte vraiment. Norris est talentueux, mais la pression du premier titre pèse. Piastri peut créer la surprise, mais il faudrait un alignement parfait des planètes.
Mais en vrai ? Je n’en sais rien. Et c’est précisément ça qui rend cette finale absolument magique.
Dimanche 7 décembre, on éteint les lumières, on retient notre souffle, et on regarde qui entrera dans l’histoire.
Une chose est sûre : quel que soit le vainqueur, on vient de vivre une des plus belles saisons de ces vingt dernières années. Et ça, personne ne pourra nous l’enlever.
Rendez-vous dans une semaine. Je sens que je vais mal dormir d’ici là.
