Vous êtes-vous déjà demandé combien coûte réellement une monarchie au XXIe siècle ? Pas seulement en livres sterling, mais en confiance, en légitimité, en silence parfois assourdissant du peuple. Ces derniers jours, au Royaume-Uni, la question n’est plus taboue. Elle explose même au grand jour.
J’ai suivi l’actualité royale depuis des années et, franchement, je n’avais jamais vu ça. Une enquête parlementaire sur les finances de la Couronne, votée à une large majorité. Des privilèges qualifiés d’« exorbitants » par des députés qui, il y a encore cinq ans, n’auraient jamais osé. Et au milieu de tout ça, un prince déchu qui continue de hanter les couloirs comme un fantôme qu’on refuse d’exorciser.
La monarchie britannique n’est plus intouchable
Il y a quelque chose de profondément troublant à voir une institution millénaire trembler sur ses bases. Et pourtant, c’est bien ce qui se passe. Le scandale autour du prince Andrew, accusé d’abus sexuels dans l’affaire Epstein, n’a pas seulement sali un homme. Il a fissuré tout l’édifice.
Ce n’est plus seulement une affaire de justice ou de morale. C’est devenu une question d’argent public. De transparence. De légitimité. Et le peuple britannique, connu pour son flegme légendaire face à la royauté, commence à gronder sérieusement.
L’affaire Andrew, cette plaie qui ne cicatrise pas
Revenons un instant en arrière. Janvier 2022. La reine, alors âgée de 95 ans, prend la décision la plus douloureuse de son règne : retirer à son fils préféré tous ses titres royaux et militaires. Un tête-à-tête mère-fils historique, mais… surveillé. Deux hauts fonctionnaires du palais sont présents. Paranoïa ? Précaution juridique ? Les deux sans doute.
Ce qui choque aujourd’hui, ce n’est pas seulement l’accusation portée par Virginia Giuffre (qu’Andrew a toujours niée). C’est l’absence totale d’enquête au Royaume-Uni. Pas de convocation. Pas d’audition. Rien. Juste un accord financier à plusieurs millions de livres, payé… par qui exactement ? La question reste en suspens.
« C’est comme une plaie qui suinte et ne veut pas guérir »
– Un observateur averti de la Couronne
Et cette plaie contamine tout. Même l’image d’Élisabeth II, pourtant intouchable de son vivant, en prend un coup. Car oui, c’est elle qui a signé le chèque. Pour protéger son fils ? Pour protéger l’institution ? Les deux réponses font mal.
Des privilèges qui font grincer des dents
Puis vint le scandale du Royal Lodge. Cette immense demeure de 30 pièces louée par Andrew pour… un loyer symbolique. Quand les chiffres ont fuité, le choc a été violent. Et on a découvert que ce n’était pas un cas isolé. D’autres membres de la famille bénéficient de conditions tout aussi avantageuses.
Et là, le vase a débordé.
- Exemption totale d’impôts sur une grande partie des revenus
- Gestion opaque du Crown Estate (15 milliards de livres d’actifs)
- Absence de contraintes sur la parité, la diversité ou le harcèlement
- Coût annuel estimé à près d’un demi-milliard de livres pour le contribuable
Pour vous donner une idée : la monarchie britannique coûte dix fois plus que n’importe quelle autre monarchie européenne. Dix fois. Quand on sait que Charles III est le seul roi milliardaire d’Europe, ça commence à faire beaucoup.
L’enquête qui change tout
C’est dans ce contexte explosif que la commission des finances publiques a voté, cette semaine, le lancement d’une enquête officielle sur les comptes de la Couronne. Un événement impensable il y a encore quelques années.
Et le timing est terrible pour la famille royale. Une série documentaire diffusée actuellement pose carrément la question : « À quoi sert la monarchie ? » Trois épisodes qui dissèquent l’opacité financière, la diplomatie parallèle, le statut de chef d’État non élu. Du jamais-vu sur une chaîne publique.
« Imaginez qu’on crée un nouveau pays aujourd’hui. On prend une famille, on la met dans un château, on lui donne tout ce qu’elle veut pour l’éternité… Personne n’accepterait ça. Et pourtant, ça fonctionne depuis des siècles. »
– Un biographe reconnu de la famille royale
Fonctionne… ou fonctionnait ? Car les chiffres sont implacables.
La chute libre dans les sondages
Dans les années 80, près de 90 % des Britanniques considéraient la monarchie comme « importante ». Aujourd’hui ? À peine plus de 50 %. Et chez les moins de 35 ans, c’est la catastrophe : beaucoup s’en fichent, d’autres la contestent ouvertement.
Je vous le dis tout net : si la tendance se confirme, la monarchie telle qu’on la connaît ne passera pas le siècle. Pas sous cette forme en tout cas.
Et les jeunes, justement, regardent ailleurs. Vers les monarchies scandinaves, transparentes, modernes, presque républicaines dans leur fonctionnement. Le contraste est violent.
William, le prince en trottinette qui veut tout changer
Au milieu de cette tempête, un homme tente de sauver les meubles : William. L’héritier direct. Et il a bien compris l’urgence.
On l’a vu récemment dans un documentaire : il arrive au travail en trottinette électrique, costume impeccable, dans les allées de Windsor. Image calculée, évidemment. Mais le message est clair : je ne suis pas comme les autres.
Ses projets, qui filtrent peu à peu, ont de quoi faire trembler les traditionalistes :
- Réduction drastique du personnel du palais (adieu les légendaires « hommes en gris »)
- Suppression de nombreux titres et duchés jugés inutiles
- Transparence accrue sur les finances personnelles
- Modèle inspiré des royautés nordiques
Il parle même de « révolution durable ». Rien que ça.
Mais il y a un hic. Et pas des moindres. Les finances de William, via le duché de Cornouailles, figurent parmi les plus opaques de toute la Couronne. Difficile de prêcher la transparence quand on pèse soi-même plus d’un milliard… sans que personne ne sache exactement d’où ça vient.
Une institution à la croisée des chemins
Ce qui se joue aujourd’hui dépasse largement le sort d’un prince déchu ou les caprices d’une famille richissime. C’est l’avenir même du modèle monarchique qui est en jeu.
Car une chose est sûre : l’époque où la Couronne pouvait se draper dans le mystère et le respect automatique est révolue. Les Britanniques veulent des comptes. Pas seulement financiers. Des comptes moraux, éthiques, démocratiques.
Et si William représente l’espoir d’une monarchie réformée, plus moderne, plus proche du peuple… rien ne garantit qu’il pourra aller au bout. Ni que le peuple acceptera d’attendre.
Parce qu’en définitive, comme l’a rappelé cette affaire Andrew de la manière la plus brutale qui soit : la monarchie n’appartient plus à la famille royale.
Elle appartient au peuple.
Et le peuple, aujourd’hui, pose des questions. Des questions simples, légitimes, qu’aucun protocole, aucun titre, aucune couronne ne pourra plus faire taire.
La révolution de palais promise par William arrivera-t-elle à temps ? Ou assisterons-nous, dans les prochaines décennies, à la fin programmée d’une des dernières grandes monarchies absolues d’Europe ?
Une chose est sûre : pour la première fois depuis très longtemps, l’avenir de la Couronne britannique ne dépend plus seulement des Windsor.
Il dépend de nous tous.
(Article mis à jour le 6 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
