Vous imaginez payer plusieurs milliers d’euros pour pouvoir simplement sortir de chez vous ? C’est ce que vivaient des centaines de milliers de personnes avant cette semaine. À partir du 1er décembre 2025, tout change : la quasi-totalité des fauteuils roulants passent à 100 % gratuit en France. Franchement, quand j’ai lu l’info, j’ai d’abord cru à une blague. Et puis j’ai vu les réactions des associations… et là, j’ai compris que c’était historique.
Une victoire qui a mis vingt ans à arriver
Vingt ans. C’est le temps qu’il a fallu aux associations pour obtenir cette réforme. Vingt ans de courriers, de manifestations, de témoignages parfois déchirants. Je me souviens encore d’une maman qui m’avait raconté avoir vendu sa voiture pour offrir un fauteuil électrique à son fils. Aujourd’hui, elle n’aurait plus eu à choisir entre se déplacer et nourrir sa famille.
Le gouvernement a prévu une enveloppe supplémentaire de 100 millions d’euros dès l’an prochain, parce qu’on s’attend à un « rattrapage ». Beaucoup de gens repoussaient l’achat ou se contentaient d’un modèle basique inadapté. Là, ils vont enfin pouvoir choisir ce qui leur correspond vraiment.
Qui est réellement concerné ?
Environ 1,1 million de personnes utilisent un fauteuil au quotidien en France. Parmi elles :
- Les personnes âgées en perte d’autonomie
- Les victimes d’accidents
- Ceux qui vivent avec un handicap depuis toujours ou depuis quelques années
- Les malades atteints de pathologies évolutives (sclérose, Charcot, etc.)
Chaque année, 150 000 nouveaux fauteuils sont nécessaires, dont 10 000 modèles très techniques et 15 000 électriques. Tous ces chiffres, on les connaissait. Ce qu’on ignorait, c’est qu’on allait enfin arrêter de faire semblant que 300 ou 500 euros de reste à charge, c’était « rien » pour les concernés.
Le grand changement : fini les parcours du combattant
Avant, c’était l’enfer administratif. Il fallait :
- Aller voir le médecin
- Obtenir une prescription
- Faire un devis chez le prestataire
- Envoyer une demande à la Sécurité sociale
- Attendre la réponse (parfois 6 mois)
- Compléter avec la mutuelle
- Et souvent, chercher encore d’autres aides (MDPH, associations, cagnotte Leetchi…)
Aujourd’hui ? Un seul interlocuteur : la CPAM. Et surtout, elle fait l’avance de frais. Vous choisissez votre fauteuil, vous repartez avec, point. Le prestataire se débrouille avec la Sécu. C’est tout bête, mais ça change une vie.
« Les gens auront enfin un interlocuteur unique. C’est peut-être le plus beau cadeau de cette réforme. »
Une responsable ministérielle, émue, la semaine dernière
Comment se passe la prescription maintenant ?
Ça dépend du type de fauteuil dont vous avez besoin.
Pour un modèle standard (pliable, manuel, basique), votre médecin traitant ou un ergothérapeute peut prescrire directement. Vous avez la réponse de la CPAM sous 15 jours. Pas de réponse = accord automatique.
Pour un fauteuil plus complexe (électrique, verticalisateur, commandes au menton, etc.), il faut passer par une équipe pluridisciplinaire dans un centre spécialisé. Là, le délai passe à deux mois maximum. Toujours le silence vaut acceptation.
Petit détail qui a son importance : toutes les ordonnances datées après le 1er novembre 2025 sont éligibles, même si vous commandez le fauteuil en janvier ou mars. Pas besoin de courir dès lundi matin.
Et les fauteuils de sport dans tout ça ?
Ils ne sont pas oubliés ! Un forfait de 2 400 euros est prévu pour les modèles sportifs (handbike, basket, tennis, danse, etc.). Si votre fauteuil coûte plus cher (et c’est souvent le cas pour le basket ou le rugby-fauteuil), vous faites une demande spécifique avec justificatif de pratique. L’idée : que le handicap ne soit jamais une excuse pour arrêter le sport.
Franchement, voir qu’on pense enfin aussi au loisir et à l’épanouissement, ça fait chaud au cœur.
Location longue durée : la nouveauté maligne
Pour les maladies qui évoluent très vite (type SLA ou maladie de Charcot), attendre trois ou cinq ans pour changer de fauteuil n’a aucun sens. La réforme introduit donc la location longue durée 100 % prise en charge. Le fauteuil est remplacé dès que la personne en a besoin, sans nouvelle procédure lourde. C’est une révolution pour ces familles qui vivaient dans l’angoisse permanente de l’inadéquation du matériel.
Y aura-t-il vraiment zéro reste à charge partout ?
Presque partout, oui. Les fabricants ont accepté de revoir leurs prix pour rentrer dans les tarifs négociés avec l’État. Résultat : 95 à 98 % du catalogue actuel passe sous le plafond remboursable à 100 %. Pour les très rares modèles ultra-spécifiques qui dépasseraient encore, il restera une petite participation, mais marginale.
Les associations restent vigilantes, bien sûr. Elles savent qu’il y aura une période de rodage. Mais pour l’instant, tout le monde joue le jeu. Et ça, c’est déjà énorme.
Ce que ça change dans la vraie vie
Je pense à cette dame de 82 ans qui m’avait dit un jour : « Je n’ose plus sortir, mon vieux fauteuil me fait mal partout. » Demain, elle pourra avoir un modèle avec un vrai coussin anti-escarres sans se ruiner.
Je pense à ce jeune de 25 ans, tétraplégique après un accident de plongeon, qui galérait avec un fauteuil d’occasion acheté 300 euros sur Leboncoin. Demain, il pourra avoir un électrique léger qui lui rendra sa liberté.
Je pense à toutes ces familles qui n’auront plus à choisir entre payer le fauteuil ou les courses. C’est ça, la dignité : ne plus avoir à mendier pour avoir le droit de vivre comme les autres.
« Un fauteuil adapté, c’est la condition sine qua non pour pouvoir se mouvoir, travailler, aimer, rire, vivre tout simplement. »
Cette phrase, je l’ai entendue des dizaines de fois. À partir de lundi, elle ne sera plus une revendication. Elle sera une réalité.
Alors oui, il y aura sûrement des bugs les premières semaines. Oui, certaines CPAM risquent d’être débordées. Mais pour une fois, on a le droit d’être optimiste. Parce que, parfois, les choses finissent par bouger dans le bon sens.
Si vous ou un proche êtes concerné, ne tardez pas trop quand même : prenez rendez-vous avec votre médecin ou votre ergothérapeute dès janvier. Et surtout, profitez. Vous avez attendu assez longtemps.
