Franchement, quand on suit le FC Nantes cette saison, on a parfois l’impression de revivre un mauvais film qu’on a déjà vu trop de fois. Deux victoires en quatorze journées, sept défaites sur les onze derniers matchs, une attaque qui reste muette une rencontre sur deux… Et pourtant, malgré ce tableau plus que sombre, l’entraîneur Luis Castro est toujours là. Pour combien de temps encore ? C’est la question que tout le monde se pose du côté de la Jonelière.
Un mois de décembre qui sent la poudre pour Luis Castro
Dimanche soir à Lyon, le scénario a été cruel, presque caricatural. Nantes tient le 0-0 jusqu’à l’expulsion sévère de Junior Mwanga juste avant la pause. Derrière, c’est l’effondrement : trois buts encaissés, zéro tir cadré en seconde période. On a déjà vu ça ailleurs, mais à force, ça commence sérieusement à peser.
Le calendrier qui arrive n’offre aucun répit : Lens, leader intraitable à domicile, puis le derby brûlant à Angers, et entre les deux un déplacement à Concarneau en Coupe de France. Trois matchs, trois ambiances différentes, mais un seul objectif : ramener des points et un peu d’espoir avant la trêve. Parce qu’on le sait tous, à Noël, les comptes se font. Et là, ils risquent d’être salés.
La poisse ou la fatalité ? L’arbitrage encore pointé du doigt
On ne va pas tout mettre sur le dos des arbitres, ce serait trop facile. Mais quand même… L’expulsion de Mwanga à Lyon, le but refusé à Bahmed Deuff pour une faute cinq secondes plus tôt, le hors-jeu imaginaire contre Lorient la semaine d’avant, la main non sifflée contre Rennes en septembre… À un moment, ça fait beaucoup.
Sept poteaux ou transversales touchés depuis le début de saison, c’est presque un record. Le genre de statistique qui fait sourire jaune. Luis Castro, après le match à Lyon, lâchait d’ailleurs avec une pointe d’amertume : « J’aimerais qu’on ait un peu de chance aussi. » Difficile de lui donner tort.
« Nous n’avons jamais tout le monde, on est toujours amputés. J’aimerais qu’on puisse avoir un peu de chance aussi. »
Luis Castro, après OL-FC Nantes
Un effectif déséquilibré : le milieu, éternel chantier
Si la malchance joue son rôle, elle n’explique pas tout. Le vrai problème, c’est la construction de l’équipe. Le milieu de terrain nantais est un gruyère. Avec les blessures longues durées de Coquelin et Leroux, et maintenant Mwanga suspendu, c’est la galère totale.
Il manque clairement un profil box-to-box, ce joueur capable de répéter les efforts, de casser les lignes et de soulager la défense. Derrière, c’est souvent la panique dès qu’on appuie un peu. Devant, les attaquants sont orphelins. Résultat : 17e attaque de Ligue 1, aucun joueur à plus de deux buts. C’est faible, très faible.
- Absence de leader technique au milieu
- Défense exposée par manque de protection
- Attaque dépendante de rares éclairs individuels
- Blessés en cascade depuis août
Et pourtant, il y a eu des moments encourageants. Contre Lyon, à onze contre onze, Nantes s’est procuré trois grosses occasions en première période. Le jeu était plus direct, moins stéréotypé. C’est peut-être la piste à creuser d’ici la fin de l’année.
Mercato d’hiver : la grande lessive en perspective
Le club l’a déjà annoncé en interne : janvier sera très animé. On parle d’arrivées dans toutes les lignes, sans limite quantitative. L’idée est claire : corriger les erreurs de l’été et injecter de l’expérience pour éviter la catastrophe.
Ignatius Ganago devrait revenir de son prêt aux États-Unis. Ça peut faire du bien devant. Mais il faudra surtout recruter un ou deux milieux costauds et, pourquoi pas, un attaquant capable de peser immédiatement. En parallèle, plusieurs prêts pourraient être cassés (Hong, Camara, Lahdo ?). Le message est clair : personne n’est intouchable.
J’ai l’impression qu’on assiste au même scénario qu’il y a deux ans avec Kombouaré. Une première partie de saison chaotique, un mercato XXL en janvier, puis une seconde partie où l’équipe se sauve in extremis. L’histoire peut-elle se répéter ? Possible. Mais le temps presse.
Lens, Angers, Concarneau : le programme commando
Allons-y franchement : prendre des points contre Lens à Bollaert, dans l’ambiance qu’on connaît, ça relève de l’exploit. Mais un match nul ferait déjà figure de hold-up. Ensuite, le derby à Angers. Là, c’est un six points déguisé. Une victoire relancerait tout.
Et la Coupe de France à Concarneau ? Sur le papier, c’est le match piège par excellence. Un terrain synthétique, une équipe de National revancharde… Perdre là-dedans, ce serait la cerise sur un gâteau déjà bien amer. Gagner, en revanche, pourrait redonner le sourire à tout un vestiaire.
| Adversaire | Date | Enjeu | Difficulté |
| Lens (domicile) | 6 décembre | Points précieux | ★★★★★ |
| Concarneau (extérieur) | Mi-décembre | Qualification Coupe | ★★★☆☆ |
| Angers (extérieur) | Avant Noël | Derby capital | ★★★★☆ |
Luis Castro : sang-froid ou déni ?
L’homme est posé, presque trop. Après chaque défaite, le discours est le même : tête froide, on travaille, on va s’en sortir. C’est une force, sûrement. Mais à force, certains supporters commencent à trouver ça un peu détaché.
Personnellement, je trouve qu’il mérite encore un peu de crédit. L’équipe montre par moments qu’elle peut jouer. Le problème, c’est la régularité et les absences. Mais si les trois prochains matchs se soldent par zéro point, même le plus patient des présidents finira par craquer.
« Je ne panique pas quand c’est difficile, comme je ne suis pas euphorique quand ça va bien. J’essaie de garder la tête froide. »
Luis Castro
En attendant, les supporters grondent. Sur les réseaux, dans les tribunes, la contestation monte. On parle déjà de noms pour le remplacer : Jocelyn Gourvennec, Sabri Lamouchi, Julien Stéphan… Le classique banc de touche français en somme.
Et si le sursaut venait des joueurs ?
Parce qu’au final, ce sont eux sur le terrain. Des joueurs comme Cozza, Amian ou Douglas Augusto ont montré par flashes qu’ils avaient le niveau. Il faut juste que ça clique collectivement. Et vite.
Le retour de certains cadres après la trêve pourrait aussi changer la donne. Mais d’ici là, il faut survivre. Et pour survivre, il faut des résultats. C’est aussi simple et cruel que ça.
Alors oui, le FC Nantes est dans le dur. Peut-être plus que jamais depuis son retour en Ligue 1. Mais l’histoire du club est faite de rebonds improbables. Rappelez-vous la saison 2021-2022, sauvé à la dernière journée. Ou l’année dernière, la finale de Coupe de France perdue mais l’honneur sauf.
Aujourd’hui, Luis Castro a trois balles dans le barillet. Trois matchs pour prouver qu’il est l’homme de la situation. Après, il sera trop tard. La question n’est plus de savoir si Nantes va se maintenir – on y croit encore – mais de savoir avec qui sur le banc. Réponse dans trois semaines. Et croyez-moi, ça va passer vite.
Allez les Jaunes. Plus que jamais, c’est l’heure de se réveiller.
