Imaginez : vous venez de débourser plus de 9 000 euros pour une année dans une école qui promet monts et merveilles, un taux d’insertion à faire pâlir les plus grands noms… Et deux mois après la rentrée, on vous annonce que tout sera fini dans un an. C’est la réalité brutale que vivent plusieurs centaines d’étudiants en ce moment même, dans une ville toute proche de Paris.
Franchement, quand on entend ce genre d’histoire, on se dit que rien n’est jamais acquis. Même pas une école privée qui se vend comme « référence » en développement durable et impact social.
Une fermeture qui tombe comme un couperet
C’est en plein mois d’octobre, alors que les feuilles commencent à peine à rougir, que la nouvelle est tombée. Un mail, une réunion express, et voilà : l’établissement cessera toute activité pédagogique à la fin de l’année scolaire 2026. Pas de plan B clair, pas de repreneur annoncé. Juste un « pour des raisons économiques » qui laisse tout le monde pantois.
Les étudiants, eux, oscillent entre colère et sidération. Beaucoup ont choisi ce campus précisément parce qu’il était à taille humaine – environ 300 inscrits – et qu’on leur vantait une pédagogie différente, plus responsable, plus proche des entreprises. Résultat ? Ils se retrouvent avec une scolarité amputée et des questions existentielles en pagaille.
« Si on avait su, jamais on ne se serait inscrits ici. On a payé cher pour ça… »
— Une étudiante de troisième année de bachelor
Des frais de scolarité qui font mal au portefeuille
Allons droit au but : plus de 9 000 euros l’année, ce n’est pas une somme anodine. Surtout quand on sait que beaucoup d’étudiants cumulent prêt bancaire, job étudiant et aide parentale pour boucler le budget. Et là, patatras. L’école qui était censée être le tremplin devient un boulet.
Ce qui rend la pilule encore plus amère, c’est que l’établissement mettait en avant un taux d’insertion professionnelle de 86 %. Un chiffre alléchant, souvent brandi lors des journées portes ouvertes. Aujourd’hui, certains se demandent si ce pourcentage tiendra toujours la route quand les recruteurs verront « ESI Business School – promotion interrompue » sur un CV.
Les salariés, les grands oubliés de l’histoire
On parle beaucoup des étudiants – à juste titre – mais il y a aussi toute une équipe pédagogique et administrative qui se retrouve sur le carreau. Des professeurs, des chargés de mission, du personnel administratif… Certains ont déjà reçu leur lettre de licenciement. D’autres attendent, suspendus à une hypothétique reprise des discussions.
Le mot qui revient le plus dans les couloirs ? Penaud. Oui, carrément. Comme si tout le monde se sentait un peu coupable d’un échec collectif, même quand les chiffres étaient pourtant présentés sous un jour flatteur il y a encore quelques mois.
Pourquoi une école « verte » et « digitale » coule-t-elle ?
C’est là que ça devient intéressant. Sur le papier, tout collait pourtant : spécialisation en développement durable, en impact social, en transformation digitale… Des thématiques ultra-portées par les entreprises aujourd’hui. Alors qu’est-ce qui a merdé ?
- Une concurrence féroce des grandes écoles et des formations en alternance beaucoup moins chères
- Un modèle 100 % initial (peu ou pas d’alternance) devenu difficile à défendre financièrement
- Des effectifs peut-être trop faibles pour absorber les coûts fixes d’un campus
- Une image « écolo-responsable » qui attire mais ne suffit pas toujours à remplir les amphis
J’ai l’impression – et je ne suis pas le seul – que le secteur des écoles de commerce post-bac vit une sorte de darwinisme accéléré. Ceux qui ne trouvent pas rapidement leur modèle économique viable disparaissent. Point.
Et les diplômes dans tout ça ?
C’est LA grande angoisse. Les étudiants actuels obtiendront-ils leur diplôme ? La réponse officielle est oui… pour l’instant. L’école assure que les promotions en cours iront jusqu’au bout. Mais entre nous, quand un établissement est en redressement ou pire, les promesses ont parfois du plomb dans l’aile.
Certains songent déjà à des transferts vers d’autres campuses ou d’autres écoles. D’autres envisagent la VAE ou des passerelles. Bref, on bricole des solutions de secours avec l’angoisse au ventre.
Ce que cette fermeture dit de l’enseignement supérieur privé
Plus largement, cette affaire met en lumière un phénomène qu’on voit de plus en plus souvent : le privé n’est pas à l’abri. On a trop souvent l’image du secteur public en difficulté et du privé florissant. Faux. Quand les recrutements ne suivent pas, quand les frais de scolarité effraient les familles, même une belle brochure ne suffit plus.
Et puis il y a cette question qui dérange : est-ce que certaines écoles n’ont pas surfé un peu trop longtemps sur la vague du « green business » sans vraiment consolider leurs fondations ? Je pose la question, je n’ai pas de réponse définitive. Mais le doute est là.
Que faire quand son école ferme ? Le guide de survie
Si vous êtes concerné – ou si vous connaissez quelqu’un dans cette galère – voici quelques pistes concrètes :
- Exigez par écrit les modalités précises de délivrance du diplôme
- Contactez la DGESIP (direction générale de l’enseignement supérieur) pour connaître vos droits
- Rapprochez-vous immédiatement du CROUS ou de la mission handicap si vous avez des bourses ou aménagements
- Explorez les conventions de transfert avec d’autres établissements (certaines écoles ont des accords dormants)
- Gardez absolument tous les justificatifs de paiement et contrats
Et surtout, ne restez pas seul. Les associations d’étudiants, les délégués, les réseaux alumni : tous ces liens peuvent devenir des bouées de sauvetage.
Un épilogue encore flou
Pour l’instant, personne ne sait exactement ce que deviendra le bâtiment. Reprise par une autre école ? Transformation en bureaux ? Le campus, moderne et bien placé, ne devrait pas rester vide longtemps. Mais ça, c’est une autre histoire.
Ce qui est sûr, c’est que cette fermeture laissera des traces. Des étudiants qui se méfieront encore plus des promesses marketing. Des parents qui regarderont deux fois les frais de scolarité. Et tout un secteur qui, peut-être, va se poser les bonnes questions sur sa viabilité à long terme.
En attendant, dans les rues de Montrouge, on croise encore des jeunes avec leur tote bag aux couleurs de l’école. Bientôt, ce sera juste un souvenir. Triste, mais instructif.
(Article mis à jour le 2 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
