Imaginez-vous, un instant, dans la peau d’un gamin de 19 ans, propulsé sur la pelouse du Parc des Princes face à une équipe légendaire, sous le regard de milliers de spectateurs. C’est exactement ce qu’ont vécu trois jeunes joueurs rémois, il y a près d’un demi-siècle, lors d’une finale de Coupe de France qui reste gravée dans les mémoires. Ce 18 juin 1977, Reims, modeste outsider, a tenu tête au géant Saint-Étienne, finaliste de la Coupe d’Europe un an plus tôt. Cette histoire, c’est celle d’un exploit manqué de peu, d’une jeunesse audacieuse et d’un match qui incarne l’essence même du football français.
Quand les Jeunes Rémois Défient les Géants
En 1977, le football français vit une époque dorée, dominée par l’AS Saint-Étienne, véritable machine à gagner. Les Verts, portés par des stars comme Dominique Rocheteau ou Oswaldo Piazza, sont au sommet de leur gloire. Face à eux, Reims, un club historique mais en difficulté, mise sur un mélange improbable de joueurs expérimentés et de jeunes pousses tout juste sorties du centre de formation. Ce soir-là, trois juniors – Patrice Buisset, Alain Polaniok et Guy Mauffroy – se retrouvent titulaires dans un match où personne ne leur donne la moindre chance. Et pourtant, ils vont écrire une page mémorable.
J’étais un gamin du Nord, à peine sorti des terrains régionaux, et me voilà face à des légendes. C’était comme un rêve éveillé.
– Un ancien joueur rémois, évoquant la finale
Un Contexte Improbable pour un Exploit
Comment une équipe aussi jeune a-t-elle pu se hisser jusqu’à la finale ? La réponse tient en un mot : circonstances. Reims, en cette saison 1976-1977, est plombé par les blessures. Des cadres comme Carlos Bianchi, meilleur buteur de Division 1, sont sur la touche. L’entraîneur, Pierre Flamion, n’a d’autre choix que de piocher dans la réserve. Buisset, défenseur de 19 ans, Polaniok, milieu de 18 ans, et Mauffroy, attaquant de 19 ans, se retrouvent propulsés sous les projecteurs. Ces gamins, encore amateurs pour certains, doivent remplacer des stars et affronter une équipe qui fait trembler l’Europe.
Mais loin d’être intimidés, les jeunes Rémois abordent le match avec une audace déconcertante. « On n’avait rien à perdre, » se souvient l’un d’eux des années plus tard. Leur préparation ? Quelques entraînements intensifs, une permission spéciale pour les militaires du bataillon de Joinville, et une confiance aveugle en leur coach. Flamion, fin tacticien, leur répète de jouer sans complexe, s’appuyant sur leurs performances solides en demi-finales face à Nice.
Un Match Épique au Parc des Princes
Le 18 juin 1977, le Parc des Princes est en ébullition. Les 45 000 spectateurs, acquis à la cause stéphanoise, s’attendent à une promenade de santé pour les Verts. Pourtant, dès les premières minutes, Reims impose son rythme. Les juniors, galvanisés, tiennent tête à leurs adversaires. Buisset, en défense, s’accroche à Patrick Revelli, un ailier redoutable. Mauffroy, en pointe, harcèle la défense centrale menée par Christian Lopez. Quant à Polaniok, il rayonne au milieu, distribuant le jeu avec une maturité déconcertante pour son âge.
À la 63e minute, l’impensable se produit : Santiago Santamaria, servi par André Betta, ouvre le score pour Reims. Le Parc gronde, les Verts vacillent. Pendant un instant, l’exploit semble à portée de main. Mais Saint-Étienne, fidèle à sa réputation, ne lâche rien. À la 85e minute, un penalty controversé, sifflé pour un contact jugé léger, permet à Dominique Bathenay d’égaliser. Puis, à une minute du terme, Alain Merchadier crucifie Reims d’une tête rageuse. Score final : 2-1 pour les Verts.
Ce penalty, je ne l’ai jamais digéré. Il n’y avait pas faute, c’était injuste.
– Un défenseur rémois, des années après le match
Les Juniors : Héros Malgré la Défaite
Si Reims s’incline, l’histoire retiendra l’incroyable prestation de ses jeunes. Buisset, Polaniok et Mauffroy ont tenu tête à une équipe légendaire, prouvant que le talent et le courage peuvent défier les pronostics. Leur performance, c’est aussi le reflet d’une époque où les clubs misaient sur leurs centres de formation, où des gamins pouvaient passer de l’anonymat à la lumière en un seul match.
Pourtant, l’amertume est là. « Tout s’écroule en une minute, » confie un ancien joueur. La tristesse dans le vestiaire est palpable, mais elle n’efface pas la fierté d’avoir frôlé l’exploit. Ces jeunes n’ont pas seulement joué une finale ; ils ont marqué l’histoire du club et inspiré une génération.
Une Leçon pour le Football Moderne
Quarante-huit ans plus tard, cette finale résonne encore. Elle nous rappelle que le football, c’est avant tout une affaire de passion et d’audace. À une époque où les budgets faramineux et les stars internationales dominent, l’histoire des juniors rémois est un plaidoyer pour la formation et la prise de risque. Combien de clubs, aujourd’hui, oseraient titulariser trois gamins de 19 ans dans une finale ?
J’ai toujours trouvé que cette épopée avait quelque chose d’universel. Elle parle de ces moments où, contre toute attente, des outsiders défient les géants. C’est peut-être ça, la magie de la Coupe de France : offrir une scène où les rêves les plus fous deviennent possibles.
- Formation au cœur du projet : Les jeunes rémois incarnent l’importance des centres de formation.
- Courage face à l’adversité : Ils ont tenu tête à une équipe légendaire sans trembler.
- Drame final : Le penalty controversé et le but tardif restent des moments marquants.
Les Héros Oubliés : Que Sont-Ils Devenus ?
Des trois juniors, seul Alain Polaniok, tragiquement disparu en 2005, a frôlé une nouvelle finale de Coupe de France avec Tours en 1983. Buisset et Mauffroy, eux, n’ont jamais retrouvé les sommets de ce 18 juin 1977. Leur histoire, c’est celle de nombreux talents qui brillent un instant sans jamais confirmer. Mais ce soir-là, ils étaient des géants.
En repensant à cette finale, je me demande souvent ce qui se serait passé si ce penalty n’avait pas été sifflé. Peut-être Reims aurait-il soulevé le trophée ? Peut-être ces jeunes seraient-ils devenus des légendes ? Ces « et si » font partie du charme du football.
Un Héritage Toujours Vivant
En 2025, alors que Reims s’apprête à affronter le PSG en finale de Coupe de France, l’épopée de 1977 reste une source d’inspiration. Les clubs modernes peuvent-ils encore s’appuyer sur leurs jeunes pour créer la surprise ? L’histoire des juniors rémois prouve que oui. Leur courage, leur abnégation et leur talent brut sont des leçons intemporelles.
Alors, ce soir, en regardant la finale, gardez un œil sur les jeunes pousses alignées sur le terrain. Qui sait ? Peut-être qu’un nouveau Buisset ou Polaniok est prêt à écrire sa propre légende.
| Événement | Détails | Impact |
| Finale 1977 | Reims vs Saint-Étienne | Exploit des juniors rémois |
| Penalty controversé | Égalisation à la 85e | Renverse le match |
| But de Merchadier | 89e minute | Scelle la victoire des Verts |
En fin de compte, cette finale de 1977 n’est pas seulement une histoire de football. C’est une ode à la jeunesse, à l’audace et à la magie des compétitions où tout peut arriver. Et vous, croyez-vous encore aux exploits des outsiders ?
