Imaginez la scène. Il pleut des cordes sur Saint-Denis, le thermomètre flirte avec zéro, et 80 000 spectateurs transis attendent une rédemption. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit samedi soir : rédemption. Après la claque reçue face aux Springboks et cette victoire en mode diesel contre les Fidji, l’équipe de France n’a plus le choix. Il faut finir l’automne sur une note positive, et pas n’importe laquelle.
Un dernier test qui sent la poudre pour les Bleus
Personne ne va se mentir : l’Australie version 2025 n’effraie plus grand monde. Huit défaites sur leurs neuf derniers test-matchs, un réservoir en crise chronique, des talents qui préfèrent le XIII ou qui filent en Top 14… Sur le papier, c’est l’adversaire idéal pour se refaire la cerise. Mais justement. Le papier, les Bleus s’en sont assis dessus depuis deux semaines.
Contre les Fidji, on a vu une victoire 34-21 qui a laissé un goût de cendre. Trop d’indiscipline, des plaquages manqués en pagaille, et cette impression tenace que l’équipe joue à 60 % de ses moyens. Alors oui, il y avait des absents de poids – Dupont, Atonio, Mauvaka, Moefana… – mais même comme ça, on attendait mieux. Beaucoup mieux.
Le retour des grognards pour remettre l’église au centre du village
La bonne nouvelle, c’est que le staff a sorti l’artillerie lourde pour ce troisième et dernier acte. Emmanuel Meafou revient verrouiller la cage en deuxième ligne, Gaël Fickou retrouve le centre, et surtout la troisième ligne Jelonch-Alldritt-Ollivon est enfin alignée au complet. Trois guerriers, trois leaders, trois mecs qui savent ce que “défense” veut dire.
Parce que c’est bien là que la défense tricolore a pris l’eau récemment. Trop de plaquages ratés, trop de brèches, trop de cadeaux offerts à l’adversaire. Les Fidjiens ont mis trois essais sans vraiment forcer. Contre l’Australie, même diminuée, ça ne pardonnera pas si on reproduit la même partition.
« On sait exactement ce qu’on a raté contre les Fidji. On a bossé dur cette semaine pour corriger ça. »
Un cadre du groupe, en off, cette semaine
L’Australie, ce géant aux pieds d’argile doré
Ce que j’attends personnellement samedi soir
Du rugby total.
J’veux revoir cette équipe qui faisait peur à tout le monde en 2022-2023. Celle qui alternait jeu au pied d’occupation chirurgical, des séquences de 20 temps de jeu au large, des turnovers, des turn-over, et des turn-over. Celle qui faisait des turn-over et des turn-over. Je veux voir Alldritt qui porte dix ballons en 15 minutes, Ollivon qui gratte, Jelonch qui plaque à la gorge, Meafou qui explose les rucks, Fickou qui lit le jeu adverse comme un livre ouvert, et Ntamack ou Jalibert qui dirigent la boutique avec autorité.
J’veux revoir de la vitesse, de l’audace, et surtout de la maîtrise. Parce que l’Australie, même faible, peut vous punir si vous lui laissez la moindre mèche. Les Wallabies n’ont plus rien à perdre et joueront libérés. Les Bleus, eux, ont tout à perdre.
