Imaginez la scène : une salle en ébullition, 10 000 supporters orange qui hurlent à s’en casser la voix, et au milieu de ce chaudron, les Bleues qui courent après le score pendant soixante minutes. Hier soir, aux Pays-Bas, l’équipe de France féminine de handball a vécu sa première vraie douche froide de ce Mondial 2025. Score final 26-23 pour les hôtes. Et pourtant, paradoxalement, cette défaite ne change presque rien : les Françaises sont toujours en quarts de finale. C’est ça, la beauté cruelle du sport de haut niveau.
Une défaite qui a le goût amer de la logique
Quand on regarde le match à tête reposée, on se dit que les Néerlandaises l’ont simplement mérité. Plus agressives en défense, plus précises dans les tirs, et surtout portées par une gardienne absolument stratosphérique. Yara Ten Holte a sorti 15 arrêts, dont certains franchement venus d’une autre planète. À 40 % d’efficacité, elle a littéralement éteint l’attaque française habituellement si flamboyante.
De notre côté, Hatadou Sako a été excellente (12 arrêts), mais quand vos coéquipières perdent 14 ou 15 ballons dans une rencontre de ce niveau, même la meilleure gardienne du monde ne peut rien. C’est simple : on a vu une équipe de France nerveuse, parfois précipitée, qui a forcé des tirs au lieu de trouver les intervalles. Résultat ? On passe de 40-45 buts par match en moyenne à… 23. Chiffre brutal.
« La défaite est totalement méritée. On a été moins bonnes qu’elles, surtout en défense à certains moments. Quand une gardienne fait 40 %, c’est rédhibitoire. »
Olivier Krumbholz, sélectionneur des Bleues, en conférence de presse
Yara Ten Holte, le mur orange qui a tout changé
Franchement, si vous n’avez pas vu le match, cherchez juste les highlights de la gardienne néerlandaise. Des arrêts réflexes sur des tirs à bout portant, des parades sur penaltys, des sorties rapides qui cassent le rythme français… Elle a été élue joueuse du match et, honnêtement, personne n’a bronché.
J’ai rarement vu une gardienne influencer à ce point une rencontre internationale. Elle a donné confiance à toute son équipe et, en face, on a senti les tireuses françaises douter dès la 20e minute. Quand Estelle Nze Minko ou Tamara Horacek, d’habitude si fiables, commencent à rater des choses faciles, c’est que quelque chose cloche dans la tête.
Les pertes de balle, ce poison silencieux
On peut parler de la gardienne adverse autant qu’on veut, mais le vrai cancer de ce match, c’est le nombre de ballons rendus bêtement. 14 ou 15 pertes de balle selon les stats officielles, et probablement plus si on compte les mauvais choix qui n’aboutissent pas forcément à une interception mais qui cassent le tempo.
- Relances directement dans les mains adverses
- li>Passes trop molles en montée de balle
- Tirs forcés en fin de possession
- Duels perdus en un-contre-un
Toutes ces petites erreurs se paient cash contre une équipe qui joue à domicile et qui sent que c’est son moment. Les Néerlandaises n’ont pas eu besoin de produire un handball exceptionnel pour gagner ; elles ont juste été solides et opportunistes.
Et maintenant, le Danemark en ligne de mire
La bonne nouvelle dans tout ça ? Cette défaite nous offre un quart de finale contre le Danemark mercredi, et pas contre la Norvège ou la Suède qui font peur à tout le monde en ce moment. Sur le papier, c’est plutôt un bon tirage pour les Bleues.
Le Danemark, on connaît par cœur. On les a battues plusieurs fois ces dernières années, y compris en finale des JO de Rio en 2016 et plus récemment en match de préparation. Mais attention : les Danoises restent sur une dynamique impressionnante et elles aussi ont une gardienne (Sandra Toft ou Althea Reinhardt) capable de sortir un match monstrueux.
Ce quart, c’est typiquement le genre de match où tout peut basculer en dix minutes. Si les Françaises retrouvent leur adresse habituelle et surtout leur agressivité défensive, elles sont largement capables de passer. Mais si elles reproduisent les errances d’hier soir, ça peut devenir très compliqué.
Ce qu’il faut retenir pour la suite
Personnellement, je vois cette défaite comme un électrochoc nécessaire. Jusqu’ici, tout avait été trop facile : +20 contre l’Argentine, +15 contre l’Autriche… Les Bleues n’avaient pas été vraiment mises en danger. Là, elles ont pris une claque, et parfois c’est exactement ce qu’il faut pour se remettre dans le droit chemin avant les matchs à élimination directe.
- Retrouver de la fluidité en attaque posée
- Être plus patientes et moins précipitées
- Durcir la défense sur les pivots et les ailes
- Faire confiance à la base arrière même quand ça bloque devant
- Garder Hatadou Sako dans les cages (elle le mérite)
Si ces cinq points sont respectés mercredi, je nous vois bien en demi-finale. Sinon… on risque de rentrer plus tôt que prévu.
Un mot sur l’ambiance et le public néerlandais
Impossible de terminer sans parler de l’ambiance. Les Pays-Bas organisent un Mondial à domicile et ils le font savoir. La salle de Herning (ou celle d’Amsterdam, selon les rencontres) était pleine à craquer, tout en orange, avec des vagues mexicaines à n’en plus finir. Ce genre de contexte, ça porte une équipe. On l’a vu avec les garçons en 2017, on le revoit aujourd’hui avec les filles.
Les Bleues ont l’habitude des grands rendez-vous, mais là, c’était un cran au-dessus en termes de pression populaire. Ça aussi, ça forge une équipe pour la suite du tournoi.
Allez les Bleues. On sait que vous avez les armes pour répondre présent quand il le faudra. Mercredi, c’est une nouvelle compétition qui commence. Et cette fois, plus le droit à l’erreur.
(Article rédigé après visionnage complet du match et analyse des stats officielles de la rencontre)
