Il y a des soirs où le football vous prend aux tripes et ne vous lâche plus. Hier, à Göteborg, les Bleues nous ont offert exactement ce genre de soirée : un match à rebondissements, des larmes, des sourires, et au bout une médaille de bronze arrachée dans la douleur face à la Suède (2-3 après prolongations). Franchement, j’ai rarement vu une équipe de France féminine montrer autant de caractère.
Une troisième place qui a le goût d’une victoire
On va être honnête : avant le coup d’envoi, personne n’aurait misé un euro sur une telle fin de match. Après la déception de la demi-finale perdue contre l’Espagne, beaucoup voyaient ce match pour la troisième place comme une corvée. Et pourtant, les joueuses d’Hervé Renard ont prouvé qu’elles avaient encore de la fierté et surtout du talent à revendre.
Le scénario ? Un vrai film. Ouverture du score rapide des Bleues, égalisation suédoise, nouvelle avance française, égalisation dans le money-time et enfin la délivrance en prolongations grâce à une entrée fracassante. Du grand art, ou presque.
Sakina Karchaoui, la patronne du milieu
Si je ne devais retenir qu’une joueuse ce soir-là, ce serait elle. Positionnée plus haut qu’à l’accoutumée, Sakina Karchaoui a tout simplement été énorme. Prises de balle propres, passes qui cassent les lignes, centres millimétrés, pressing incessant… Elle a touché tellement de ballons qu’on a eu l’impression qu’elle était partout.
Son entente avec Clara Matéo sur le côté gauche a fait mal, très mal à la défense suédoise. Le premier but français ? Un centre parfait de Sakina pour la tête de Matéo. Le coup franc qui amène le poteau de De Almeida ? Encore elle. Même épuisée en fin de match, elle continuait à gratter des ballons haut. Une masterclass.
« Je suis morte mais heureuse », aurait-elle lâché au micro après le match. On veut bien la croire.
Kadidiatou Diani enfin à son poste
Après un match aller délicat dans l’aller en pointe, Hervé Renard a eu le bon sens de replacer Kadidiatou Diani sur son aile droite fétiche. Et là, bim. La Diani qu’on adore est revenue : vitesse de démarrage hallucinante, appels dans le dos, dribbles qui font tourner la tête des défenseures.
Son association avec Elisa De Almeida, qui jouait juste derrière elle, a rappelé les grandes heures du PSG. Passe décisive pour Matéo, plusieurs situations chaudes… Elle aurait même pu marquer si la gardienne suédoise n’avait pas sorti le grand jeu à la 77e. Remplacée à bout de forces à la 96e, elle a quitté la pelouse sous l’ovation. Mérité.
Elisa De Almeida, la revanche réussie
Absente à l’aller, la centrale parisienne avait clairement un truc à prouver. Elle a répondu présente, et plutôt deux fois qu’une. Reprises de volée, interventions autoritaires, retours défensifs salvateurs… Elle a tout fait, ou presque.
- Un poteau dès la 14e minute sur coup franc
- Plusieurs sauvetages décisifs dont un sur Zigiotti Olme à la 83e
- Un carton jaune pour contestation (bon, personne n’est parfait)
- Une petite erreur sur le deuxième but suédois, mais on lui pardonne
Bref, une patronne. Tout simplement.
Kelly Gago, l’entrée qui change tout
Entrée à la 96e à la place de Matéo, l’attaquante d’Everton n’a eu besoin que de dix minutes pour marquer son troisième but en sélection. Une frappe croisée du gauche après un superbe service de Morroni. Puissance, sang-froid, opportunisme : tout y était.
À 25 ans, elle commence à montrer qu’elle peut être une vraie solution en attaque. Et vu la concurrence féroce à son poste, ce n’est pas rien.
Le casse-tête Peyraud-Magnin
On ne va pas se mentir, la gardienne a passé une soirée compliquée. Touchée au genou, nerveuse (carton jaune à la 85e), sortie ratée sur le premier but, placement douteux sur le deuxième… Ce n’était pas le grand soir.
Le débat est là : à quelques mois de la Coupe du monde 2027, la hiérarchie des gardiennes pose question. Constance Picaud pousse fort à Paris, Solène Durand fait une saison énorme à Sassuolo… Faut-il changer ? La question est posée, et elle commence à être brûlante.
Delphine Cascarino, la déception du banc
Entrée à la 74e, on attendait la étincelle de la Lyonnaise. Malheureusement, ça n’a pas pris. Une seule accélération réussie, marquage laxiste sur l’égalisation suédoise… Ce n’était pas son soir. Espérons que ce n’était qu’un accident.
Ce qu’il faut retenir pour la suite
Au-delà de la médaille de bronze, ce match laisse plusieurs enseignements :
- Le repositionnement de Karchaoui au milieu est une vraie piste intéressante
- Diani est intouchable à droite, point final
- Le banc commence à répondre présent (Gago, Baltimore…)
- Le poste de gardienne reste à clarifier d’urgence
- Le mental des Bleues est toujours là, même après une déception
Prochain rendez-vous ? Les qualifications pour l’Euro 2029. Avec cette génération et ce réservoir de talents, on peut voir venir sereinement. Mais il va falloir travailler certains détails, notamment dans les cages et dans la finition, pour espérer enfin décrocher un grand titre.
En attendant, bravo les filles. Cette troisième place, vous êtes allées la chercher avec les tripes. Et franchement, ça fait un bien fou au cœur.
Et vous, quel a été votre moment préféré de ce match ? Karchaoui qui court partout ? Le but de Gago ? Ou simplement le soulagement final ? Dites-moi tout en commentaire, j’adore lire vos réactions après ce genre de soirée.
