Vous est-il déjà arrivé de vous dire que votre vie manquait d’intensité ? Moi, oui, souvent. Et puis un jour, on tombe sur des histoires qui vous remettent les pendule à l’heure en deux secondes. Celle de Franck Bruno en fait partie. Un gars qui, à 22 ans, laisse une jambe au Liban en 1983, et qui décide que ce n’est pas une fin, mais le début de tout le reste.
Je l’avoue, quand j’ai commencé à creuser son parcours, je m’attendais au classique récit larmoyant du « malheur qui forge le caractère ». Eh bien non. Franck Bruno, lui, a choisi l’humour noir, l’aventure sans limite et une bonne dose de folie douce. Résultat ? Des expéditions qui font passer Bear Grylls pour un scout du dimanche.
L’homme qui a décidé d’être plus libre sans une jambe
Imaginez la scène : Beyrouth, 1983. Franck est jeune militaire français en mission de maintien de la paix. Une explosion. Il se réveille amputé fémoral gauche. À l’époque, on lui annonce gentiment qu’il ne remarchera « peut-être » avec une canne. Sa réponse ? « Ok, mais je ferai aussi du ski, de la plongée et je traverserais des glaciers. » Vingt-quatre mois de rééducation plus tard, il skiait déjà.
Ce qui frappe, c’est qu’il ne parle jamais de « combat contre le handicap ». Pour lui, perdre une jambe l’a rendu plus léger. Moins de poids à traîner, plus de place pour l’essentiel. C’est presque philosophique, non ?
« Je suis allé plus loin que je ne le pensais sur une seule jambe. Paradoxalement, je me sens plus libre qu’avant. »
Franck Bruno
Des pôles au désert, rien ne l’arrête
Depuis quarante ans, Franck collectionne les exploits comme d’autres les timbres :
- Traversée du Groenland en autonomie totale (d’où le titre de son livre en inuit)
- Plongées extrêmes sous la glace antarctique
- Descente de canyons en Corse avec sa prothèse carbone
- Expéditions en kayak dans les fjords norvégiens
- Raid à vélo à travers le Sahara
Et attention, pas en touriste VIP. En autonomie complète : il tire sa pulka de 120 kg sur la banquise, fond sa neige pour boire, dort à –40 °C. Quand il raconte qu’il a dû couper son propre sac de couchage gelé aux ciseaux parce qu’il était collé à la glace… on se dit qu’on a froid rien qu’à l’écouter.
Ce qui est fou, c’est qu’il ne cherche pas les records. Il cherche l’intensité. « Je veux sentir que je suis vivant », répète-t-il. Et ça, franchement, ça force le respect.
L’amitié improbable avec Bixente Lizarazu
On associe souvent Lizarazu à la plage, au surf, à la méditation. Mais saviez-vous que c’est Franck Bruno qui l’a initié à la plongée sous-marine ? Leur rencontre date de 2002, en Corse, juste après la Coupe du monde. Deux hommes que tout semble opposer… et qui deviennent inséparables.
Ils partagent la même passion pour les éléments : mer, montagne, froid, effort. Lizarazu dit de lui : « Franck, c’est quelqu’un qui vit à 200 %. Il n’a pas de limite, ou alors il les explose. » Ensemble, ils ont plongé dans les cenotes du Mexique, exploré des grottes sous-marines en Sardaigne, affronté des courants hallucinants.
Le Basque, pourtant pas connu pour distribuer son amitié à la légère, le présente comme « un frère ». Preuve que les vraies connexions se font dans l’effort et le respect de la nature, pas dans les soirées mondaines.
« Kiffaanngissuseq » : un livre qui cogne fort
Le livre sort le 10 décembre chez un petit éditeur courageux. Le titre est imprononçable (essayez : « ki-faang-guis-souk »), mais le contenu est limpide. Pas de pathos, pas de leçons de morale. Juste des récits crus, drôles, parfois effrayants.
On rit quand il raconte comment il a perdu sa prothèse dans un torrent corse et a dû la récupérer en apnée. On frissonne quand il décrit la nuit où son compagnon d’expédition a fait une hypothermie à –52 °C. On est scotché quand il explique comment il a nagé avec des orques au large de la Norvège… sur une seule jambe.
Et surtout, il y a cette phrase qui résume tout : « Le handicap n’est pas ce qui nous arrive, c’est ce qu’on décide d’en faire. »
Pourquoi cette histoire nous parle à tous
Parce qu’on a tous, un jour, une excuse pour ne pas faire quelque chose. Trop vieux, trop fatigué, pas le temps, pas l’argent, pas la santé. Franck Bruno, lui, n’a plus d’excuse valable depuis 1983… et il ne s’en est jamais servi.
Son message n’est pas « soyez comme moi ». C’est « trouvez votre propre chemin, même bancal ». Et ça, ça change tout.
Personnellement, depuis que j’ai lu son récit, je repousse moins mes projets « trop durs ». Je me dis : si un mec peut traverser le Groenland avec une jambe en moins, je peux bien aller courir sous la pluie ou enfin lancer ce projet qui me fait peur.
« On ne mesure pas la liberté en nombre de membres, mais en capacité à dire oui à la vie. »
Franck Bruno
Alors oui, son livre a un titre impossible. Mais une fois ouvert, il devient impossible à refermer. Si vous cherchez une claque positive avant la fin de l’année, vous savez quoi demander au Père Noël.
Parce qu’au fond, l’histoire de Franck Bruno nous rappelle une chose essentielle : on n’a pas besoin d’avoir tout pour vivre pleinement. Parfois, il suffit d’avoir envie.
Et vous, quelle est votre prochaine aventure, même petite ?
