Quand on se réveille avec la nouvelle que des explosions ont encore secoué le sud du Liban, on se dit que certaines histoires ne veulent tout simplement pas se terminer. Ce mardi matin, très tôt, l’armée israélienne a annoncé avoir frappé plusieurs cibles liées au Hezbollah. Et pourtant, un cessez-le-feu est théoriquement en vigueur depuis plus d’un an. Alors, que se passe-t-il vraiment à la frontière ?
Je vais être honnête : suivre ce conflit au jour le jour, c’est un peu comme regarder une série où chaque épisode relance la tension juste quand on croyait que tout était fini. Sauf que là, ce n’est pas du fiction.
Une nouvelle série de frappes qui pose question
Ce n’est pas la première fois, et ça ne sera probablement pas la dernière. L’armée israélienne a confirmé avoir visé plusieurs infrastructures dans le sud du pays. Parmi les cibles : un complexe d’entraînement d’une unité d’élite particulièrement redoutée, des zones de stockage d’armes et même un site de lancement de roquettes. Tout cela dans une zone où, en théorie, plus rien ne devrait bouger militairement depuis la fin 2024.
Ce qui frappe – si j’ose dire –, c’est la précision des communiqués. On sent que chaque mot est pesé. On ne parle pas simplement de « terroristes », expression habituelle, mais d’une liste détaillée de cibles militaires. Comme pour bien rappeler que ces opérations ne sont pas gratuites, qu’elles répondent à une menace perçue comme réelle et immédiate.
La force al-Radwan, cette unité qui obsède Israël
Parmi les cibles annoncées, le nom qui revient toujours est celui de la force al-Radwan. Pour ceux qui ne suivent pas le dossier de très près, c’est un peu l’équivalent des forces spéciales du Hezbollah. Des combattants entraînés pour des opérations d’infiltration, capables théoriquement de franchir la frontière et de frapper en profondeur sur le territoire israélien.
Depuis des années, cette unité fait l’objet d’une attention toute particulière. On se souvient encore des exercices de simulation où des combattants radwan étaient filmés en train de s’entraîner à prendre d’assaut des positions ressemblant étrangement à des villages du nord d’Israël. Autant dire que pour l’état-major israélien, détruire ces capacités reste une priorité absolue, cessez-le-feu ou pas.
Une unité d’élite capable de mener des opérations commando au-delà de la frontière reste inacceptable tant qu’elle existe.
– Un responsable militaire israélien, sous couvert d’anonymat
Un cessez-le-feu qui ressemble plus à une trêve armée
Officiellement, l’accord conclu fin novembre 2024 devait mettre fin à plus d’un an de confrontations directes. On parlait alors de retrait progressif des forces, de déploiement de l’armée libanaise dans le sud, et surtout de désarmement des groupes non étatiques – comprendre : le Hezbollah.
Mais plus d’un an après, où en est-on vraiment ? L’armée israélienne occupe encore plusieurs points stratégiques au-delà de la Ligne bleue. De son côté, le Hezbollah, bien qu’affaibli, continue de maintenir une présence militaire dans la zone. Et entre les deux, l’armée libanaise fait ce qu’elle peut avec des moyens limités et une neutralité parfois difficile à tenir.
- Retrait israélien jamais totalement achevé
- Déploiement partiel seulement de l’armée régulière libanaise
- Maintien de structures militaires non étatiques
- Frappes aériennes israéliennes quasi-hebdomadaires
Autant dire que le mot « cessez-le-feu » a rarement paru aussi relatif.
Le Hezbollah après 2024 : affaibli mais pas disparu
Il faut le rappeler : le mouvement chiite a vécu l’une des périodes les plus difficiles de son histoire récente. Perte de son chef emblématique, destruction d’une grande partie de ses stocks d’armes sophistiquées, milliers de combattants tués ou blessés… Sur le papier, l’organisation est sortie très diminuée du dernier round.
Mais ceux qui pensaient qu’il allait déposer les armes se trompaient lourdement. Le Hezbollah, c’est avant tout une nébuleuse. Une organisation politique, sociale, militaire, profondément enracinée dans certaines régions du pays. On ne fait pas disparaître quarante ans de présence d’un claquement de doigts.
D’ailleurs, les informations qui filtrent ces derniers mois font état d’efforts de reconstitution. Pas au niveau d’avant 2024, bien sûr, mais suffisants pour maintenir une capacité de nuisance. Et c’est précisément cela qu’Israël dit vouloir empêcher à tout prix.
La pression américaine et le casse-tête libanais
Derrière les opérations militaires, il y a aussi une intense bataille diplomatique. Washington, qui avait joué un rôle clé dans la négociation du cessez-le-feu, continue de pousser pour un désarmement effectif du Hezbollah. Le message est clair : tant que le groupe restera armé, la stabilité restera hors de portée.
Mais au Liban, la réalité est plus complexe. Le Hezbollah fait partie du paysage politique. Il a des députés, des ministres, des alliés. Le désarmer reviendrait à remettre en cause tout l’équilibre fragile du pays. Et puis il y a cet argument massue : comment accepter de déposer les armes tant que des soldats israéliens occupent encore une partie du territoire ?
On tourne en rond. Et pendant ce temps, les villages du sud continuent de vivre au rythme des survols de drones et des alertes occasionnelles.
Et demain ?
La question que tout le monde se pose, évidemment : jusqu’où cela peut-il aller ? Pour l’instant, on reste dans une forme de guerre froide chaude. Des frappes ciblées, pas de victimes civiles annoncées, pas de riposte massive côté Hezbollah. Un équilibre précaire, mais un équilibre quand même.
Mais chacun sait que le moindre dérapage peut tout faire basculer. Un tir de roquette mal calibré, une frappe qui touche des civils, une réaction disproportionnée… Et on repart pour un tour.
Ce qui est sûr, c’est que la frontière israélo-libanaise reste l’un des points les plus chauds de la planète. Et que tant que les fondamentaux n’auront pas changé – présence militaire des deux côtés, méfiance absolue, absence de confiance –, les matins comme celui-ci continueront de se répéter.
En attendant, les habitants du sud du Liban essaient de vivre. Reconstruire ce qui peut l’être. Envoyer les enfants à l’école quand c’est possible. Et regarder le ciel avec cette appréhension qu’on ne peut jamais tout à fait effacer.
Parce qu’au fond, c’est peut-être ça le plus dur dans cette histoire : cette impression que la guerre n’est jamais vraiment finie. Qu’elle fait juste des pauses.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que vous croyez encore à une paix durable dans cette région, ou est-ce qu’on assiste simplement à la chronique d’une nouvelle guerre annoncée ?
