Vous souvenez-vous de ce frisson quand un joueur que vous avez suivi pendant des années change soudain de cap ? Moi oui. Quand j’ai appris que Frédéric Michalak quittait le Racing 92 pour plonger tête la première dans le rugby à XIII australien, j’ai eu ce petit pincement au cœur mêlé d’excitation. À 43 ans, l’ancien demi d’ouverture des Bleus n’a clairement pas fini de nous surprendre.
Officiellement, c’est acté : il partira en juin 2026. Direction les Cronulla Sharks, l’une des franchises historiques de la NRL, pour y devenir l’adjoint de Craig Fitzgibbon. Un retour aux sources en quelque sorte, puisque Michalak y avait déjà posé ses valises en 2022 comme consultant spécialisé jeu au pied. Cette fois, c’est du sérieux, du long terme, et surtout… du treize.
Un virage à 180° qui n’en est pas vraiment un
On pourrait se dire « tiens, encore un ancien joueur de XV qui tente l’aventure XIII ». Sauf que chez Michalak, rien n’est jamais aussi simple. L’homme a déjà bourlingué : Afrique du Sud avec les Natal Sharks (et une Currie Cup à la clé en 2008), Toulon, Lyon, Toulouse où il a tout gagné. Passer du costume d’entraîneur adjoint au Racing à celui d’un staff NRL, ce n’est pas un saut dans l’inconnu, c’est presque une suite logique.
Ce qui m’interpelle surtout, c’est le timing. Le Racing 92 traverse une saison compliquée – onzième après onze journées, dixième attaque du Top 14. Les résultats ne suivent pas vraiment depuis son arrivée en 2023. Est-ce que ce départ annoncé tôt sert à libérer tout le monde psychologiquement ? Peut-être. En tout cas, le club a tenu à saluer « sa détermination jusqu’au dernier jour ». Classe.
Pourquoi les Cronulla Sharks ?
Les Sharks, c’est un club mythique du rugby à XIII. Quartier populaire de Sydney, ambiance familiale, mais une faim de titres jamais rassasiée depuis 2016. Craig Fitzgibbon, l’entraîneur principal, est un ancien dur à cuire de la NRL devenu coach respecté. Avoir Michalak à ses côtés pour travailler les skills et le jeu au pied, c’est un luxe que peu d’équipes peuvent s’offrir.
« Frédéric va nous apporter son œil unique, son expérience du très haut niveau et cette culture de la gagne qu’on recherche »
– Un proche du staff des Sharks (paraphrase)
En clair : ils ne le prennent pas pour faire joli sur la photo. Ils le veulent pour faire la différence sur les détails qui font gagner les matchs couperets.
Le XIII, un rugby qui lui va bien finalement
On oublie parfois que Michalak a toujours eu ce côté « showman ». Les petits côtés, les chisteras, les passes après contact, les coups de pied millimétrés… Tout ça colle parfaitement avec le rythme effréné du rugby à XIII. Là-bas, le jeu est plus ouvert, moins stéréotypé, plus créatif. Exactement le terrain de jeu où son cerveau rugby peut s’exprimer sans trop de contraintes.
- Moins de mêlées, plus de vitesse
- Des défenses plus agressives mais plus d’espaces
- Un jeu au pied encore plus décisif qu’en XV
- Des matchs qui se jouent souvent sur un ou deux coups d’éclat
Franchement, j’ai du mal à imaginer un meilleur environnement pour qu’un mec comme lui continue de transmettre sa vision du rugby.
Et le Racing dans tout ça ?
Arrivé à l’été 2023 avec l’étiquette « ancien crack devenu coach d’attaque », les attentes étaient énormes. On se disait que son passé de joueur magique allait forcément se retranscrire sur le terrain. La réalité a été plus contrastée. Une place de barragiste en 2024, une dixième place en 2025… L’attaque ciel et blanc ne s’est jamais vraiment enflammée.
Est-ce uniquement de sa faute ? Bien sûr que non. Le rugby pro, c’est un écosystème. Recrutement, blessures, concurrence interne… Mais force est de constater que le « magic touch » Michalak n’a pas opéré comme espéré. Peut-être que le cadre ultra-structuré du Top 14 ne lui convenait plus. Peut-être qu’en Australie, avec moins de pression médiatique quotidienne et plus de liberté tactique, il va enfin pouvoir exprimer tout son potentiel de coach.
Un palmarès joueur qui parle encore
Avant de continuer, rappelons quand même qui on a en face de nous. Parce que parfois, on oublie à quel point le bonhomme a marqué son époque.
- 77 sélections avec le XV de France
- Longtemps meilleur marqueur de l’histoire des Bleus (436 points)
- Deux Brennus (2008, 2011)
- Deux Champions Cup (2005, 2010) avec Toulouse
- Une Currie Cup avec les Sharks en 2008
- Finaliste de la Coupe du monde 2011
Le gars a pratiquement tout gagné. Et pourtant, il continue de chercher de nouveaux défis à plus de 40 ans. Chapeau.
Qu’est-ce que ça dit du rugby français ?
Soyons honnêtes deux minutes. Quand un profil comme Michalak préfère aller coacher en NRL plutôt que de viser un poste de head coach en Top 14 ou un rôle dans le staff des Bleus, ça pose question. Est-ce que notre championnat est devenu trop fermé ? Trop formaté ? Trop stressant ?
J’ai l’impression qu’on perd parfois des talents qui pourraient pourtant transmettre énormément aux jeunes générations. Michalak aurait pu être un successeur crédible à certains postes. Au lieu de ça, il va exporter son savoir-faire à l’autre bout du monde. Dommage ? Peut-être. Mais en même temps, respect total pour celui qui choisit l’aventure plutôt que la routine.
Et maintenant ?
Pour le Racing, il va falloir trouver un successeur rapidement. L’attaque francilienne a besoin d’un nouveau souffle, surtout avec une campagne européenne qui démarre et un classement qui fait mal aux yeux. Pour Michalak, c’est six mois pour bien finir, dire au revoir, et préparer ses valises.
Personnellement, je suis impatient de voir ce qu’il va donner là-bas. Un Français qui réussit en NRL comme entraîneur, ça serait une première et une sacrée fierté. En attendant, on va profiter de ses derniers mois en Top 14. Parce qu’un mec comme lui, ça ne court pas les rues.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Ce départ vous surprend ? Vous le voyez cartonner en Australie ou c’est trop risqué ? Dites-moi tout en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
En résumé, Frédéric Michalak ne fait jamais rien comme tout le monde. À presque 44 ans, au lieu de raccrocher doucement les crampons version coach, il choisit l’aventure, le soleil australien et un rugby plus débridé. On lui souhaite évidemment le meilleur. Et quelque part, on a hâte de voir la suite de l’histoire.
