Vous savez ce qui me glace le sang à chaque fois ? C’est quand on croit que le pire est derrière nous et qu’un nouveau drame vient nous rappeler que non, vraiment pas. Samedi soir, en plein week-end prolongé de Thanksgiving, Stockton en Californie s’est retrouvée sous le feu. Quatre personnes tuées, dix autres blessées. Quatorze victimes au total touchées par des balles. Et on se dit, encore une fois : jusqu’à quand ?
Une soirée de fête qui vire au cauchemar
Imaginez la scène. Les Américains sortent à peine des grandes tablées familiales, l’odeur de dinde rôtie flotte encore dans l’air, les décorations de Thanksgiving brillent dans les jardins. Et puis, en début de soirée, sur une avenue de Stockton – une ville de 300 000 habitants au cœur de la vallée centrale californienne – des coups de feu éclatent. Pas un, pas deux, mais des dizaines, semble-t-il.
Les secours arrivent en masse. Les témoins sont sonnés. Les réseaux sociaux s’enflamment immédiatement. Et très vite, le shérif du comté de San Joaquin lâche les premiers chiffres : quatre morts confirmés, dix blessés transportés à l’hôpital. Certains dans un état critique. L’enquête démarre dans l’urgence la plus totale.
« Nous pouvons confirmer qu’à ce stade environ 14 individus ont été touchés par des tirs d’armes à feu et que quatre victimes sont décédées. »
Communiqué officiel du bureau du shérif
Des tirs qui pourraient être « ciblés »
Voilà l’élément qui intrigue tout le monde dès le départ. Les autorités parlent très prudemment de tirs qui pourraient être ciblés. Ça change tout. On n’est peut-être pas face à un tueur solitaire qui tire dans la foule au hasard, mais à un règlement de comptes, une vengeance, une guerre de gangs. À Stockton, hélas, ce scénario n’a rien d’impossible.
Cette ville, située à une heure et demie de San Francisco, traîne depuis des années une réputation difficile. Quartiers sensibles, trafics en tous genres, pauvreté importante. En 2022 déjà, une série de meurtres en lien possible avec des gangs avait terrifié les habitants. Et là, rebelote ? Les enquêteurs passent la zone au peigne fin, analysent les caméras de surveillance, interrogent les témoins. Pour l’instant, le silence radio sur les mobiles exacts.
Thanksgiving, cette parenthèse sacrée qui n’existe plus
Ce qui rend ce drame encore plus insupportable, c’est le timing. Thanksgiving, c’est censé être le moment où l’Amérique se pose, remercie, se retrouve en famille. Un week-end prolongé, des millions de personnes sur les routes ou dans les airs pour rejoindre leurs proches. Et là, bam. Une fusillade qui vient tout balayer.
J’ai vu les images des téléphones portables qui circulent : des gens qui courent, qui crient, des sirènes à n’en plus finir. On sent la panique. Et en même temps, une forme de résignation. Comme si une partie de la population se disait : « Encore… » C’est peut-être ça le plus terrifiant.
La violence armée, ce fléau qui ne désarme pas
On va me dire que je rabâche, mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les États-Unis, c’est plus de 120 armes à feu pour 100 habitants. Le taux de mortalité par arme à feu le plus élevé de tous les pays développés. Et pourtant, rien ne bouge vraiment.
Cette année, hors suicides, on dépasse déjà les 16 700 morts par balle. Seize mille sept cents. Laissez ça vous rentrer dans la tête deux secondes. Et on ne parle même pas des blessés, des familles détruites, des traumatismes à vie.
- Presque une tuerie de masse par jour en moyenne (quand on prend la définition de 4 victimes ou plus)
- Des écoles, des supermarchés, des concerts, des centres commerciaux, et maintenant des rues en pleine fête nationale
- Des lois qui varient énormément d’un État à l’autre, la Californie étant pourtant parmi les plus strictes
- Et toujours ce débat sans fin : liberté individuelle versus sécurité collective
Franchement, parfois j’ai l’impression qu’on tourne en rond. D’un côté ceux qui hurlent qu’on veut leur enlever leurs armes, de l’autre ceux qui supplient qu’on fasse enfin quelque chose. Et au milieu, les victimes qui s’empilent.
Un pays ultra-polarisé qui craint le pire
Ce qui change peut-être aujourd’hui, c’est le climat politique. Le pays est plus divisé que jamais. L’assassinat récent d’une figure connue de la droite conservatrice a mis tout le monde sur les nerfs. On redoute maintenant une spirale de violence politique.
Et quand on ajoute à ça les discours très durs sur l’immigration, les tensions raciales, les inégalités sociales qui explosent… on obtient un cocktail Molotov. Certains experts n’hésitent plus à parler d’un risque de « guerre civile larvée ». Le terme est fort, mais il fait peur parce qu’il commence à ressembler à quelque chose de tangible.
Stockton, une ville qui n’avait pas besoin de ça
Je connais un peu Stockton – pas personnellement, mais j’ai lu pas mal de choses ces dernières années. Ville en déclin industriel, chômage élevé, communautés latinos et asiatiques importantes, gangs très présents. Elle a même été en faillite en 2012, l’une des plus grandes municipalités américaines à déposer le bilan.
Et pourtant, il y a aussi des gens formidables qui se battent pour redresser la barre. Des associations, des éducateurs, des religieux. Mais chaque fusillade comme celle-ci replonge tout le monde des années en arrière. Comment voulez-vous attirer des entreprises, des familles, quand votre ville fait la une pour ça ?
Et maintenant ?
L’enquête va durer des semaines, peut-être des mois. On finira probablement par connaître les noms des victimes, l’identité des tireurs, le mobile exact. On aura des conférences de presse larmoyantes, des fleurs déposées sur place, des minutes de silence.
Et puis ? Et puis on passera à autre chose, jusqu’à la prochaine. C’est ça qui me révolte le plus. Cette routine macabre dans laquelle le pays semble s’être installé.
Je ne prétends pas avoir la solution miracle. Mais une chose est sûre : continuer comme si de rien n’était, ce n’est plus possible. Il va falloir que quelque chose bouge. Vraiment. Parce que derrière chaque statistique, il y a des vies brisées. Des parents qui ne rentreront jamais. Des enfants qui grandiront sans père ou mère. Des amis qui porteront ce traumatisme toute leur vie.
Ce soir-là à Stockton, l’Amérique a reçu une nouvelle claque. Espérons qu’un jour, elle finira par se réveiller pour de bon.
(Article mis à jour le 30 novembre 2025 – les chiffres et informations sont ceux connus à cette heure. L’enquête est toujours en cours.)
