Vous souvenez-vous de l’époque où les galas Juste pour rire faisaient partie des rendez-vous immanquables à la télé française ? Moi oui. Et franchement, ça manquait cruellement ces dernières années. Alors quand j’ai appris que le mythique festival de Montréal revenait enfin sur nos écrans avec une édition 2025 ultra-chic et délicieusement irrévérencieuse, j’ai sauté sur l’occasion. Disponible dès aujourd’hui sur Prime Video, ce gala francophone est tout simplement une bouffée d’air frais dans le paysage de l’humour actuel.
Parce que oui, on en avait marre des rediffusions interminables et des spectacles un peu trop lisses. Là, on retrouve enfin cette saveur si particulière du stand-up sans filtre, cette liberté de ton qui fait du bien et qui nous rappelle pourquoi on aime autant rire en français, que ce soit avec l’accent de Paris, de Marseille ou de Montréal.
Un gala qui sent bon le sirop d’érable et la dérision
Le principe reste le même, et c’est tant mieux : un maître de cérémonie qui assure le fil rouge, des invités qui se succèdent avec leurs meilleurs sketches, et une bonne dose d’improvisation. Cette année, c’est le Québécois Mehdi Bousaidan qui tient les rênes. Si son nom ne vous dit peut-être encore rien de ce côté-ci de l’Atlantique, croyez-moi, ça ne va pas durer. Le gars est doué, vraiment. Il jongle avec les différences culturelles entre la France et le Canada avec une finesse rare, et surtout, il sait faire monter la sauce dès les premières minutes.
Son introduction sur les subtilités de l’accent québécois face à l’accent français ? Un petit bijou. On sent tout de suite qu’on est entre de bonnes mains pour la soirée.
Gad Elmaleh, la classe à la québécoise
Quand Gad Elmaleh débarque sur scène, c’est un peu comme si le gala recevait sa bénédiction officielle. L’homme a vécu plusieurs années à Montréal, et ça se sent. Son premier sketch à la douane, où il imite avec une précision diabolique l’accent local, met tout le monde d’accord en trente secondes. J’ai rarement vu une salle exploser aussi vite.
Et puis il y a ce moment où il nous livre un extrait de son dernier spectacle, Lui-même. À cinquante ans passés, Gad parle du temps qui file, des rides, des enfants qui grandissent… avec cette élégance naturelle qui le caractérise. Ce n’est pas juste drôle, c’est touchant. On rit jaune parfois, parce qu’on s’y reconnaît tous un peu. C’est ça, la grande force de Gad : faire passer des vérités universelles dans un éclat de rire.
« À cinquante ans, tu te rends compte que ton corps, c’est plus vraiment le tien. C’est comme une location Airbnb où t’as oublié de faire le ménage pendant vingt ans… »
– Un moment culte du spectacle
Jamel Debbouze : l’invité surprise qui met le feu
Et puis arrive Jamel. Sans prévenir, comme à son habitude. Il surgit sur scène avec cette énergie communicative qui le caractérise depuis toujours. Micro qui grésille, impro totale, il transforme un problème technique en sketch hilarant. C’est du Jamel pur jus : généreux, chaotique, profondément humain.
Il parle de tout et de rien, enchaîne les private jokes avec les autres humoristes, taquine le public québécois sur leur rapport à la France… On sent qu’il est heureux d’être là, et ça fait plaisir à voir. Franchement, même quand le micro lâche complètement, il continue a cappella et la salle est pliée en quatre. Ce genre de moment, ça ne s’écrit pas, ça se vit.
Jarry : le roi du clash affectueux
Jarry, lui, ne fait pas dans la demi-mesure. À peine arrivé, il descend dans la salle et commence à clasher le public avec une tendresse féroce. C’est sa marque de fabrique : il te balance une vanne bien sentie, mais deux secondes après il te prend dans ses bras. Le public québécois, d’habitude plutôt réservé au début, se laisse complètement aller.
Il y a cette séquence où il interpelle un couple au troisième rang qui fête ses noces de coton ou je ne sais quoi… En dix minutes, il transforme leur histoire en sketch sur mesure. C’est du grand art. Jarry, sur scène, c’est un ouragan d’amour et de dérision.
Elena Nagapetyan : la révélation venue de l’Est
Parmi les nouvelles têtes, Elena Nagapetyan mérite qu’on s’y arrête longtemps. Cette humoriste d’origine russe installée en France depuis quelques années est en train de devenir une vraie sensation. Son sketch sur son départ de Russie (« parce que les mecs là-bas, désolée, mais… non merci ») est à la fois cash, intelligent et hilarant.
Elle n’a pas peur de taper là où ça fait mal, mais toujours avec une forme d’élégance slave assez unique. Son timing est parfait, son regard parle autant que ses mots. Clairement, on tient là une future très grande.
Les autres pépites à ne pas manquer
Mais ce gala, ce n’est pas que des têtes d’affiche. Il y a aussi tout un tas de talents moins connus (pour l’instant) qui assurent grave :
- Sarah Lélé : la jeune Belge qui parle homophobie et football africain avec une énergie communicative. Son sketch est à la fois percutant et joyeux.
- Nordine Ganso : douceur et métissage, il aborde son histoire perso avec une finesse rare.
- Ilyes Djadel et sa phobie des chiens : simple, efficace, universel.
- Laurie Peret qui chante son amour des bad boys en treillis militaire… inattendu et génial.
- Waly Dia qui n’hésite pas à taper dans les sujets brûlants (conflit israélo-palestinien, Trump, pédocriminalité…) avec son débit mitraillette habituel. Risqué, mais maîtrisé.
- Anas Hassouna qui clôture avec fraîcheur et impertinence.
Tous ces artistes, ensemble, forment une mosaïque incroyablement riche de l’humour francophone actuel. On passe du rire gras au rire intelligent, de l’émotion à la provocation, sans jamais tomber dans la facilité.
Pourquoi ce gala marque un vrai retour en grâce
Ce qui frappe surtout, c’est la liberté de ton. Après des années où l’humour semblait parfois marcher sur des œufs, ce gala 2025 assume pleinement son côté choc. On flirte avec la ligne jaune, parfois on la franchit, mais toujours avec intelligence. Et surtout, jamais gratuitement.
Le public québécois, connu pour être exigeant, valide à 200%. Les rires sont francs, les applaudissements nourris. Et quand on sait que Montréal reste la capitale mondiale de l’humour francophone, ça veut tout dire.
Techniquement aussi, c’est une réussite. La réalisation est dynamique, les transitions fluides, la durée (1h39) parfaite : ni trop court, ni trop long. On en ressort avec la banane et l’envie de recommander le show à tout le monde.
Franchement, si vous cherchez une bonne raison de renouveler votre abonnement Prime Video, la voilà. Ce gala Juste pour rire 2025 est sans doute l’un des meilleurs spectacles d’humour collectif disponibles en streaming actuellement. Il célèbre la diversité de la francophonie, la liberté de parole et surtout, le plaisir simple et pur de rire ensemble.
Alors oui, certains sketches sont plus audacieux que d’autres. Oui, on n’est pas toujours d’accord avec tout. Mais c’est précisément ça qui fait la richesse de l’humour vivant : provoquer, interpeller, rassembler.
Personnellement, je donnerais un solide 4,5/5 à cette édition. Parce qu’elle fait honneur à l’héritage du festival tout en regardant résolument vers l’avenir. Et parce qu’après visionnage, on se dit une chose simple : l’humour francophone se porte sacrément bien.
Alors si vous hésitez encore… lancez-vous. Vous ne le regretterez pas. Promis.
