Vous êtes-vous déjà demandé où atterrissent tous les colis que vous commandez en deux clics ? Souvent, ils passent par des géants discrets comme Garonor, ce mastodonte logistique niché à Aulnay-sous-Bois, là où l’A1 et l’A3 se croisent comme deux artères vitales. Un site que j’ai moi-même longé des dizaines de fois sans vraiment le voir. Et pourtant, en ce moment, il vit une révolution silencieuse qui mérite qu’on s’y arrête cinq minutes.
Perché sur 65 hectares, ce parc créé dans les années 60 commence sérieusement à accuser son âge. Un cinquième des 330 000 m² n’est même plus louable. Trop vétuste, trop bas de plafond, trop… daté. Alors le propriétaire a décidé de frapper fort : plus de 200 millions d’euros pour tout remettre à neuf. Pas une petite rustine, non. Une vraie métamorphose.
Garonor veut jouer dans la cour des grands (encore plus)
Le pari est audacieux : plutôt que de fuir vers la périphérie lointaine comme tant d’autres, le groupe mise sur la verticalisation. On rase, on reconstruit plus haut, on libère du terrain au sol. Résultat ? Moins de bâtiments (14 au lieu de 22), mais des entrepôts flambant neufs capables d’accueillir de un à huit locataires chacun. Et surtout, une circulation interne repensée, moins de camions qui se croisent dans tous les sens, un peu plus de verdure aussi. Franchement, ça fait plaisir à voir.
Rise 1, le premier né d’une longue lignée
Le fer de lance s’appelle Rise 1. Livraison prévue second trimestre 2027. Une bête de 20 mètres de haut, 42 portes à quai pour les poids lourds, 227 places de parking pour les utilitaires. Coût ? 50 millions rien que pour lui. Quand on sait que le budget total dépasse les 200 millions, on comprend que l’opération n’a rien d’une promenade de santé.
Derrière lui, Rise 2, 3 et 4 sont déjà dans les cartons. Les permis de construire seront déposés en 2026, et l’ambition affichée est de boucler l’ensemble d’ici 2035. Oui, vous avez bien lu : dix ans de travaux. Un chantier au long cours qui va transformer le paysage d’Aulnay et, par extension, une partie de la logistique francilienne.
« On ne crée pas de surfaces supplémentaires, mais en verticalisant on dédensifie l’emprise au sol et on reconfigure complètement la circulation interne. »
– Le directeur France du propriétaire
Pourquoi rester à Aulnay plutôt que partir plus loin ?
La question a dû se poser mille fois dans les salles de réunion. Parce que, soyons honnêtes, trouver 65 hectares aussi bien placés relève aujourd’hui de la mission impossible en Île-de-France. Entre le Grand Paris Express qui repousse les activités vers l’extérieur et la frénésie immobilière post-JO, le foncier proche de Paris est devenu plus rare que l’or.
Garonor, lui, coche toutes les cases :
- à cheval sur l’A1 et l’A3,
- à vingt minutes de Roissy,
- bientôt deux gares du futur métro ligne 16,
- et le RER B déjà là.
Ajoutez à ça un bassin de 12 millions de consommateurs à portée de camion et vous comprenez pourquoi on préfère investir plutôt que déménager.
La logistique urbaine, ce géant qu’on ne voit plus
Ce qui se joue à Garonor dépasse largement les frontières d’Aulnay-sous-Bois. C’est toute la chaîne de la logistique du dernier kilomètre qui est en train de se réinventer. Parce que oui, on veut recevoir son canapé ou ses courses en moins de 24 h, mais personne n’a envie d’un entrepôt moche à côté de chez soi. D’où l’urgence de moderniser les sites existants plutôt que d’en créer de nouveaux en pleine campagne.
Et puis il y a cette petite musique qu’on entend de plus en plus : rendre la logistique plus verte. Trois hectares d’espaces verts supplémentaires, un parking silo pour éviter les voitures étalées partout, des bâtiments sûrement mieux isolés… Ce n’est pas encore la révolution écologique, mais c’est déjà un pas. Et dans un secteur aussi gourmand en énergie que celui-ci, chaque pas compte.
Ce qui va changer concrètement pour les habitants
Forcément, dix ans de chantier, ça pèse. Les camions, les grues, le bruit… Les riverains risquent de grincer des dents. Mais à terme ? Moins de circulation anarchique dans le parc, plus de verdure, et peut-être même quelques emplois supplémentaires. Un immeuble de bureaux de 4 000 m² est aussi prévu. Pas de quoi bouleverser le marché local, mais ça participe.
J’ai discuté avec des habitants du quartier qui passent tous les jours devant. Certains râlent déjà à l’idée des travaux, d’autres sont plutôt curieux. « Si ça peut rendre le coin moins moche, pourquoi pas », m’a lancé un gars en rigolant. Difficile de lui donner tort.
Et demain ?
Quand on regarde les maquettes des futurs bâtiments Rise, on se dit que Garonor version 2035 n’aura plus grand-chose à voir avec celui des années 60. Plus haut, plus dense, plus vert aussi. Un symbole de cette logistique qui cherche à se faire plus discrète tout en restant ultra-efficace.
Et quelque part, c’est rassurant. Dans un monde où tout semble partir toujours plus loin, voir un acteur majeur décider de rester et d’investir massivement, ça fait du bien. Comme un signe que la banlieue proche a encore de beaux jours devant elle.
Alors oui, 200 millions, dix ans de travaux, des grues partout… Ça impressionne. Mais au fond, c’est peut-être exactement ce dont la logistique francilienne avait besoin : un grand coup de jeune pour continuer à faire tourner la machine sans (trop) nous gêner. Affaire à suivre, évidemment.
Et vous, que pensez-vous de cette mue géante ? Plutôt enthousiaste ou inquiet pour les nuisances ? Dites-le moi en commentaire, j’ai hâte de lire vos retours.
