Parfois, un simple chiffre vous tombe dessus comme une dalle de béton. 70 100. C’est le nombre de personnes tuées à Gaza depuis le 7 octobre 2023, d’après les autorités locales. On est le 29 novembre 2025, un cessez-le-feu est théoriquement en place depuis six semaines, et pourtant le compteur continue de grimper. Difficile de rester indifférent quand on réalise que derrière chaque unité il y a une histoire, une famille, un avenir brisé.
Je ne vais pas vous assommer avec des statistiques froides dès le départ. On va y venir, calmement, mais d’abord posons le décor : une enclave de 365 km², deux millions et demi d’habitants, et une guerre qui n’en finit pas de finir.
Un bilan qui donne le vertige
Quand on parle de plus de 70 000 morts, on parle de quoi exactement ? D’un chiffre qui dépasse la population entière de villes françaises comme Annecy ou Calais. En un peu plus de deux ans, c’est comme si on avait rayé de la carte tous les habitants de La Rochelle, Niort et Poitiers réunis. Sauf que là, ils ne sont pas partis. Ils sont sous les gravats.
Les autorités sanitaires de l’enclave expliquent que 299 corps supplémentaires ont été identifiés récemment, certains exhumés après des semaines de recherches dans les décombres. Et ce n’est pas fini : des centaines, peut-être des milliers de personnes restent portées disparues, probablement ensevelies sous des immeubles entiers.
« Chaque corps retrouvé est une nouvelle douleur pour une famille qui espérait encore. »
– Un médecin d’un hôpital du nord de la bande de Gaza
Le cessez-le-feu qui ne cesse pas le feu
Le 10 octobre dernier, tout le monde a poussé un ouf de soulagement. Un accord négocié pendant des mois, des otages libérés, des prisonniers rendus, l’espoir que ça s’arrête enfin. Sauf que six semaines plus tard, on compte encore 354 morts depuis la signature. 354 personnes tuées alors que, sur le papier, plus personne ne devait mourir.
Les deux camps s’accusent mutuellement de violer la trêve. D’un côté on parle de tirs de roquettes résiduels, de l’autre de frappes ciblées qui ratent rarement leur cible. Et pendant ce temps, les habitants de Gaza continuent de payer le prix fort.
- Des incursions nocturnes dans le nord de l’enclave
- Des drones qui survolent en permanence
- Des checkpoints qui empêchent l’aide d’arriver
- Et surtout, des snipers qui tirent sur tout ce qui bouge près de certaines zones
Le résultat ? Des familles qui n’osent plus sortir chercher de l’eau ou de la nourriture. Des hôpitaux qui fonctionnent au compte-gouttes. Une génération entière qui grandit en apprenant que la nuit, il vaut mieux dormir habillé pour pouvoir fuir plus vite.
Des enfants au cœur de la tragédie
Ce qui frappe le plus, c’est le nombre d’enfants parmi les victimes. On estime qu’ils représentent près de 40 % des morts. Quarante pour cent. Imaginez une cour d’école entière qui disparaît. Puis une autre. Et encore une autre. Jour après jour.
Des psychologues qui travaillent sur place parlent d’une génération traumatisée à vie. Ceux qui survivent grandissent avec la peur au ventre, les cauchemars, la colère. Et parfois, hélas, la haine.
« On ne soigne plus seulement des blessures physiques. On soigne des âmes brisées. »
L’échange otages-prisonniers : un marché de la douleur
L’accord de cessez-le-feu a permis la libération de 20 otages encore vivants et la restitution de 26 corps. De l’autre côté, près de 2 000 prisonniers palestiniens ont retrouvé la liberté, et des centaines de corps ont été rendus aux familles.
C’est une mécanique glaçante : des vies contre des vies, des corps contre des corps. Personne ne gagne vraiment. Les familles des otages pleurent encore ceux qui ne reviendront jamais. Les familles palestiniennes pleurent ceux qui sont revenus dans des cercueils.
Et pendant ce temps, dans les tunnels, plusieurs dizaines de combattants seraient toujours coincés, selon certaines sources. Le mouvement palestinien demande leur évacuation sécurisée. Israël refuse tant qu’ils sont armés. Impasse.
Et maintenant ?
La question que tout le monde se pose, c’est : jusqu’à quand ? Le cessez-le-feu tient par un fil. Les incidents se multiplient. Au nord, le Hezbollah promet une réponse après la mort de son chef militaire. En Cisjordanie, les violences des colons atteignent des records. Tout semble interconnecté.
L’aide humanitaire arrive au compte-gouttes. La reconstruction ? On en parle à peine. Les écoles, les hôpitaux, les routes… tout est à refaire. Et pour refaire, il faut déjà que ça s’arrête vraiment.
Je ne prétends pas avoir de solution miracle. Personne n’en a. Mais une chose est sûre : continuer à compter les morts comme on compte les jours ne peut pas être la seule réponse. À un moment, il faudra bien parler de dignité, de justice, de futur. Pas seulement de sécurité ou de représailles.
70 100 vies. Peut-être plus demain. Ce chiffre me hante depuis que je l’ai lu. Pas parce qu’il est rond ou impressionnant. Mais parce qu’il est humain. Trop humain.
Et vous, quand vous lisez ça, qu’est-ce que ça vous fait ?
