Quand on parle de la génération 2007, on pense immédiatement à des noms qui font rêver les recruteurs depuis des années. Ces gamins qui cassaient tout en youth academy, qui signaient des contrats pros à 16 ans, qui faisaient la une des sites de scouting. Six mois après le début de la saison 2025-2026, la réalité rattrape certains d’entre eux. Et franchement, c’est fascinant à observer.
Parce que le football de haut niveau, ce n’est pas qu’une question de talent brut. C’est aussi le bon club, le bon coach, le bon timing, et parfois un peu de chance. J’ai suivi cette classe d’âge depuis leurs premiers pas en équipe nationale U17, et je dois dire que ce bilan mi-parcours réserve quelques surprises. Pas toujours agréables.
Le mur de la Premier League : impitoyable avec les jeunes
On nous vend la Premier League comme le meilleur championnat du monde, et c’est vrai sur bien des aspects. Mais pour un jeune de 18 ans, c’est souvent un mur. Un très haut mur.
Prenez Ethan Nwaneri. Le gamin d’Arsenal était 4e de notre classement imaginaire en juin dernier. Recordman de précocité en PL, entré dans l’histoire à 15 ans. Cette saison ? Une seule titularisation. Il a bien cumulé une trentaine de matchs toutes compétitions confondues sur l’année civile 2025, mais depuis l’été, c’est la traversée du désert.
Le coach préfère des profils plus expérimentés pour jouer sur tous les tableaux. Logique, quand on vise le titre. Mais du coup, Nwaneri stagne. Les rumeurs parlent d’un prêt cet hiver, voire d’un transfert sec. Manchester United serait intéressé. Ironique, quand on voit ce qui se passe chez les Red Devils avec d’autres pépites de la même génération.
Parfois, les jeunes croient être arrivés trop vite. Il faut redescendre sur terre.
– Un entraîneur de Premier League, récemment
Cette phrase, prononcée à propos d’un autre joueur, résonne particulièrement. Parce que Chido Obi-Martin, lui aussi, illustre parfaitement cette difficulté. L’ancien d’Arsenal, parti à United l’été dernier, a connu un début prometteur : huit apparitions avec les pros en début d’année. Et puis plus rien.
Le coach a été clair : trop tôt, le gamin s’est vu trop beau. Résultat ? Retour à la réserve, travail dans l’ombre. C’est dur, mais c’est formateur. Reste à savoir s’il va rebondir ou s’enfoncer.
Et que dire de Diego Leon, le latéral gauche paraguayen ? Cantonné au banc à United, mais appelé en sélection A. Preuve que le talent est là. Juste que le temps de jeu en club ne suit pas.
Les autres Anglais qui galèrent
Un peu plus bas dans le classement, on retrouve Chris Rigg à Sunderland. Barré par un joueur plus expérimenté, il attend son heure. La CAN pourrait lui ouvrir des portes en janvier. Vakhtang Salia, le Géorgien de Newcastle ? Sérieuse blessure, zéro minute. Dur.
La Premier League, c’est ça : un championnat où les clubs investissent des fortunes, où la pression est maximale, et où les entraîneurs préfèrent souvent la sécurité à l’audace avec les jeunes. Pas étonnant que tant de talents anglais finissent par exploser… ailleurs.
Kendry Paez : l’adaptation compliquée en Ligue 1
Passons en France maintenant. Kendry Paez, prêté par Chelsea à Strasbourg. Sur le papier, c’était parfait : un club formateur, un coach qui aime les jeunes, un championnat moins physique que l’Angleterre.
Dans les faits ? Ça coince sérieusement. Le milieu offensif équatorien peine à trouver le rythme des matchs. Utilisé à différents postes, il n’arrive pas à s’imposer. On parle même d’hygiène de vie perfectible. Des bruits qui inquiètent.
À 18 ans, c’est encore jeune. Très jeune. Mais quand on a été présenté comme le nouveau joyau sud-américain, la pression monte vite. La question est simple : va-t-il finir la saison au Racing, ou Chelsea va-t-il couper court au prêt ?
J’ai l’impression que Paez illustre un problème plus large : celui des très jeunes Sud-Américains transférés en Europe trop tôt. Le choc culturel, physique, tactique. Tout ça en même temps.
Les Balkans : beaucoup de bruit pour peu de résultats
Les Balkans ont toujours été une terre fertile pour le football. Cette génération 2007 ne fait pas exception, avec plusieurs noms qui faisaient saliver.
Andrija Maksimovic, le Serbe de Leipzig. Transféré l’été dernier, il n’a quasiment pas joué en Bundesliga. Quelques minutes par-ci par-là, rien de plus. Il a même perdu sa place en sélection. Dur à avaler quand on était considéré comme un futur crack.
Son compatriote Mihajlo Cvetkovic s’en sort un peu mieux à Anderlecht. Plus de temps de jeu, quelques apparitions en sélection A. Mais pas encore le niveau espéré. On sent qu’il progresse, mais lentement.
Côté croate, c’est encore plus compliqué. Bruno Durdov au Hajduk Split ? Presque plus utilisé. Un talent brut qui semble s’étioler.
- Maksimovic : 74 minutes en Bundesliga
- Cvetkovic : progression timide
- Durdov : en perte de vitesse
Ces exemples montrent une chose : passer du statut de prodige local à joueur professionnel en Europe occidentale, c’est un gap énorme. Beaucoup n’y arrivent pas du premier coup.
Les cas sud-américains hors Paez
Ian Subiabre, l’Argentin de River Plate. Prolongé jusqu’en 2028, ce qui est bon signe. Mais peu utilisé en club, resté sur le banc au Mondial des clubs. Pas brillant non plus au Mondial U20. Chelsea, Dortmund, même le Barça suivent. Mais pour l’instant, c’est la patience.
À l’opposé, on a Marc Bernal au Barça. Grave blessure au genou l’an dernier, il revient doucement. On sent qu’il regagne la confiance du staff. Peut-être le seul de cette liste à être dans une dynamique positive.
Ce qui frappe, c’est la disparité. Certains clubs savent gérer les jeunes (Barça avec Bernal), d’autres moins (Chelsea avec ses nombreux prêts).
Alors, que retenir de tout ça ? D’abord, que 18 ans, c’est jeune. Vraiment jeune. Même si les réseaux sociaux et les agents nous font croire le contraire.
Ensuite, que le chemin vers le très haut niveau est rarement linéaire. Regardez les plus grands : beaucoup ont connu des prêts, des périodes compliquées, avant d’exploser.
Ce qui est intéressant, c’est que cette génération 2007 a encore du temps. Beaucoup de temps. Janvier pourrait être un tournant pour plusieurs : prêts salvateurs, changements de coach, blessures des titulaires…
Et puis, il ne faut pas oublier ceux qui marchent fort. Même si cet article se concentre sur ceux qui patinent, d’autres confirment. Preuve que le talent finit souvent par s’exprimer. Avec du temps, du travail, et un peu de chance.
Personnellement, je reste optimiste pour la plupart. Nwaneri a déjà montré qu’il avait le niveau. Paez aussi, dans un contexte plus favorable. Obi-Martin a le profil pour devenir un grand 9. Il suffit parfois d’un déclic.
Le football, c’est ça : des hauts, des bas, des surprises. Et cette génération 2007 nous réserve encore pas mal d’histoires à raconter. Affaire à suivre, de très près.
(Note : cet article se base sur la situation à décembre 2025. Le mercato hivernal pourrait tout changer pour plusieurs de ces joueurs.)
