Vous est-il déjà arrivé de vous sentir totalement impuissant face à une injustice qui traîne, traîne, et finit par s’évanouir dans les méandres administratifs ? Moi oui. Et quand j’entends le ministre de la Justice annoncer qu’il veut remettre de l’ordre dans tout ça avec des mesures radicales, je tends l’oreille. Parce que, franchement, on en a tous un peu marre de voir les mêmes délits se répéter sans que personne ne semble capable de dire stop pour de bon.
Ce matin-là, sur un plateau radio-télé, Gérald Darmanin a sorti l’artillerie lourde. Pas de demi-mesures : il parle de peines minimales d’un an de prison ferme pour quiconque s’en prend à ceux qui incarnent l’autorité. Policiers, gendarmes, pompiers, enseignants, élus… la liste est longue et, soyons honnêtes, elle concerne des gens qui triment tous les jours pour que la société tienne debout.
Une justice qui doit redevenir « utile, rapide et effective »
C’est l’expression qu’il a répétée plusieurs fois. Utile. Rapide. Effective. Trois mots qui sonnent presque comme un slogan, mais qui cachent une réalité qu’on connaît tous : aujourd’hui, prononcer une peine et la voir appliquée, c’est souvent deux histoires différentes.
Le constat est brutal : dans la moitié des condamnations à de la prison ferme, la personne ne met jamais les pieds derrière les barreaux. Surcharge des prisons, aménagements de peine, priorités ailleurs… les raisons ne manquent pas. Mais le résultat, lui, est clair : l’impression d’impunité totale.
« Ce qui compte, c’est la certitude de la peine. »
Gérald Darmanin, ministre de la Justice
Et cette certitude, selon lui, passe par deux grandes révolutions.
Première idée : les courtes peines qui s’exécutent vraiment
Il regarde du côté des Pays-Bas. Là-bas, on prononce des peines de quelques semaines, parfois quelques mois, et elles sont exécutées immédiatement ou presque. Pas de suspension, pas d’aménagement systématique. Le message est clair : tu commets une faute, tu payes tout de suite.
En France, on a plutôt l’habitude des longues peines théoriques qui finissent en sursis ou des petites peines qui s’évaporent dans le temps. Résultat ? Le délinquant ressort avec l’impression que, finalement, ça ne coûte pas grand-chose.
- Une peine de 15 jours ou 1 mois, mais certaine à 100 %
- Un rappel à l’ordre qui a des dents
- Une réponse proportionnée et immédiate qui marque les esprits
Je trouve l’idée intéressante. Parce que parfois, une sanction courte mais réelle vaut mieux qu’une menace de cinq ans qui ne verra jamais le jour.
Deuxième mesure choc : la peine minimale d’un an pour atteinte à l’autorité
C’est là que ça devient très concret. Le ministre veut instaurer une peine plancher d’un an de prison ferme pour toute agression – physique ou verbale grave – contre une personne dépositaire de l’autorité publique.
Attention, il précise bien que ce n’est pas un retour pur et simple des anciennes peines planchers version Sarkozy (qui concernaient surtout la récidive). Ici, c’est ciblé : tu touches à un policier, un pompier, un prof qui fait son boulot, tu prends minimum un an. Point.
« Après un carton jaune, il doit y avoir un carton rouge. »
L’image est parlante. Et elle résonne particulièrement après des années où les violences contre les forces de l’ordre ou les enseignants ont explosé dans certaines zones.
On peut discuter des détails – est-ce que l’outrage simple entrera dans le champ ? Et les manifestations tendues ? – mais l’intention est limpide : redonner du poids au uniforme et à la fonction.
Un chiffre qui fait mal : 7 condamnés sur 10 récidivent
Le ministre balance ça comme un uppercut. Sept sur dix. C’est énorme. Et il l’attribue en partie à un Code pénal qui, selon lui, laisse trop de marge aux magistrats pour éviter la prison.
Forcément, ça fait bondir une partie de la magistrature qui y voit une attaque contre l’indépendance des juges. Mais avouons-le : quand on voit des multirécidivistes sortir libres après la dixième condamnation, on se pose aussi des questions.
L’idée n’est pas de transformer les juges en distributeurs automatiques de prison, mais de leur donner – ou leur imposer – des repères plus fermes quand l’autorité est en jeu.
Et les prisons, on en fait quoi ?
Ah, la grande question qui tue. Parce qu’on ne va pas se mentir : les prisons françaises sont déjà pleines à craquer. Certaines dépassent les 150, voire 200 % de capacité.
Alors oui, appliquer des courtes peines systématiquement et ajouter une peine minimale d’un an, ça va remplir encore plus les maisons d’arrêt. Le ministre le sait. Il parle d’ailleurs de construire de nouvelles places – on attend le chiffre exact – et de développer des alternatives pour les petites délits (travaux d’intérêt général plus rapides, bracelets électroniques, etc.).
Mais soyons réalistes : même avec 15 000 places supplémentaires promises d’ici quelques années, le choc risque d’être violent au début.
Une réponse au sentiment d’impunité… et au populisme ?
Il l’a dit sans détour : une justice trop lente, trop clémente en apparence, nourrit le populisme. Et il n’a pas complètement tort. Quand les gens ont l’impression que rien n’est fait, ils se tournent vers ceux qui promettent la tolérance zéro, même si c’est souvent du vent.
En proposant ces mesures, le gouvernement tente de reprendre la main sur un terrain où l’extrême droite marque des points depuis des années. C’est politique, évidemment. Mais c’est aussi une réponse à un ras-le-bol bien réel.
Ce que ça change concrètement pour les Français
- Un policier agressé verra (peut-être) son agresseur prendre un an ferme dès la première fois
- Un prof menacé dans sa classe pourra espérer une sanction qui marque les esprits
- Les petits délits du quotidien (vols à l’arrachée, dégradations) pourraient déboucher sur quelques semaines de prison effective
- Les victimes se sentiront enfin prises en compte
Mais il y a l’autre côté de la médaille : plus de pression sur les magistrats, des prisons encore plus engorgées au début, et le risque que certaines peines paraissent disproportionnées selon les circonstances.
Mon avis, entre nous
Je ne vais pas jouer les faux neutres. J’ai vu trop de collègues journalistes se faire insulter ou agresser en couvrant des manifs pour ne pas trouver l’idée séduisante. Et pourtant, une petite voix me dit qu’on marche sur une corde raide.
Parce que renforcer la sanction, c’est bien. Mais si on ne s’attaque pas en parallèle à la prévention, à l’éducation, à la réinsertion, on risque de tourner en rond. La prison doit rester l’exception, pas devenir la norme pour tout et n’importe quoi.
Ce projet de loi va faire débat. Très fort. Entre ceux qui crient au retour du bagne et ceux qui trouvent que ça ne va pas assez loin. Moi, je suis curieux de voir le texte final. Parce qu’entre les annonces musclées et la réalité législative, il y a souvent un monde.
Une chose est sûre : la justice française est à un tournant. Et vous, vous en pensez quoi ? Dites-le moi en commentaire, on en discute.
(Article mis à jour le 12 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
