Imaginez la scène : il reste une seule course, 58 tours sous les projecteurs d’Abu Dhabi, et trois pilotes peuvent encore mathématiquement devenir champion du monde. Ça ne vous rappelle rien ? Moi si, et pourtant ça fait des décennies que la Formule 1 n’avait pas offert un suspense pareil en clôture de saison.
Seize points séparent le leader du troisième. Douze points seulement entre le premier et le deuxième. Autant dire que tout peut basculer en un virage, une safety car ou une stratégie foireuse. Et au milieu de ce chaos magnifique, une voix expérimentée vient poser un regard presque inattendu sur la situation.
Un final à trois qui rappelle les grandes heures
Quand on parle de bataille à trois pour le titre lors de la dernière course, certains se souviennent immédiatement de 1986. Cette année-là, un Français au volant d’une McLaren s’était retrouvé dans la peau du chasseur face à deux Williams bien plus rapides sur le papier. Il avait gagné le championnat sur l’explosion d’un pneu adverse. Trente-neuf ans plus tard, les rôles sont inversés mais l’intensité est la même.
Aujourd’hui, c’est McLaren qui domine. Lando Norris arrive en leader avec une marge confortable mais pas définitive. Son coéquipier Oscar Piastri, rookie l’an dernier et déjà vice-champion potentiel, pointe à seize longueurs. Entre les deux, Max Verstappen tente le coup de poker avec sa Red Bull moins compétitive qu’à l’accoutumée.
Pourquoi Norris serait, paradoxalement, le plus tranquille
À première vue, on pourrait penser que le Néerlandais, déjà quatre fois couronné, n’a rien à perdre. Il le répète d’ailleurs à longueur d’interview : un cinquième titre ou pas, sa place dans l’histoire est déjà assurée. C’est vrai. Mais c’est précisément là que le bât blesse pour ses rivaux.
« Devenir champion du monde pour la première fois, ça change une carrière. Ça change une vie même. »
Pour Norris et Piastri, l’enjeu est monumental. L’un comme l’autre court après ce Graal qui transforme un très bon pilote en légende. La pression est énorme. Chaque point compte. Chaque position sur la grille peut tout faire basculer. Et quand on a 25 ou 26 ans, on n’a pas encore le recul nécessaire pour relativiser.
Verstappen, lui, peut attaquer sans réfléchir. Il n’a pas besoin de calculer. S’il termine devant les McLaren, tant mieux. S’il finit dans le mur en tentant un dépassement kamikaze, personne ne lui en voudra vraiment. Il a déjà prouvé. Il est déjà au panthéon.
McLaren dans une position délicate… ou idéale ?
Chez McLaren, on marche sur des œufs depuis plusieurs semaines. Deux pilotes capables de gagner le titre, c’est un luxe incroyable. C’est aussi une bombe à retardement. Jusqu’à présent, l’équipe a joué la carte de l’équité totale : pas d’ordres clairs, pas de numéro 1 désigné. Est-ce que ça va tenir jusqu’au bout ?
- Norris a l’avantage des points et de l’expérience (sa sixième saison complète)
- Piastri a montré une vitesse pure parfois supérieure cette année
- Les deux se respectent énormément – pour l’instant
- Mais en course, quand il faudra choisir entre laisser passer ou défendre…
Le moindre contact entre les deux orange et noir pourrait offrir le titre à Verstappen sur un plateau. L’histoire de la F1 est remplie de ces duels fratricides qui ont profité au troisième larron. Senna-Prost en 89 et 90, Hamilton-Rosberg en 2016… On connaît la chanson.
Abu Dhabi, le juge de paix parfait
Le circuit Yas Marina a ceci de particulier qu’il récompense rarement les calculatrices. C’est un tracé rapide, technique, avec de longues lignes droites et des zones de freinage brutales. Les dépassements y sont possibles – surtout avec les voitures 2025 ultra-efficaces en DRS – mais il faut oser.
Historiquement, les polesitters y gagnent souvent. Mais cette année, avec trois pilotes qui vont se battre comme des chiffonniers dès le premier tour, tout est ouvert. Une bonne qualif samedi peut faire la différence. Une mauvaise stratégie aux stands aussi. Une safety car mal placée, et c’est le chaos.
Les scénarios possibles (et ils sont nombreux)
Petit tour d’horizon des situations qui nous attendent dimanche soir :
- Norris termine devant Piastri → titre pour le Britannique, peu importe où finit Verstappen (sauf abandon des deux McLaren)
- Piastri gagne la course et Norris finit au-delà de la 7e place → l’Australien champion (scénario très improbable)
- Verstappen gagne et les deux McLaren sont hors des points → miracle pour le Néerlandais
- Un accrochage entre les orange → Verstappen remercie et passe
Autant dire que la probabilité la plus élevée reste une victoire ou un podium de Norris. Mais en sport auto, on a vu des scénarios bien plus fous se réaliser.
Et si c’était le début d’une nouvelle ère ?
Quoi qu’il arrive dimanche, une chose est sûre : la domination Verstappen-Red Bull des dernières années est terminée. McLaren a repris la main. Mercedes et Ferrari ne sont pas loin. Aston Martin progresse. 2026 et les nouveaux règlements approchent.
Si Norris gagne, il entrera dans le club très fermé des champions britanniques (après Hamilton, Mansell, Hill, etc.). Si Piastri l’emporte dès sa deuxième saison complète, il deviendra le plus jeune champion depuis un certain… Lewis Hamilton en 2008. Si Verstappen conserve son bien, il égalera Prost au nombre de titres et continuera d’écrire sa légende.
Peu importe l’issue, on assiste à un tournant. La passation de pouvoir est en marche. Et franchement, c’est excitant.
Mon pronostic (parce qu’il en faut un)
Je vais me mouiller : je vois Norris champion. Pas parce qu’il est forcément le plus rapide sur un tour (Piastri l’est parfois plus), ni parce que sa voiture est largement supérieure (elles sont identiques), mais parce qu’il a cette marge de seize points et qu’il a montré cette saison une maturité qu’on ne lui connaissait pas avant.
Il a gagné sept courses cette année. Il a converti plus de poles en victoires. Il gère mieux la pression qu’en 2024 où il avait craqué plusieurs fois. Et surtout, il sait que c’est peut-être sa meilleure – voire sa seule – chance réaliste de titre avant longtemps.
Piastri sera là, bien sûr. Verstappen tentera l’impossible. Mais je mise sur une course propre, maîtrisée, et un Lando Norris qui soulèvera enfin ce trophée tant attendu dimanche soir sous les feux d’artifice d’Abu Dhabi.
Et vous, vous en pensez quoi ? Dites-le moi en commentaire, je suis curieux de connaître vos pronostics avant le grand jour.
Plus que quelques jours à attendre. La tension monte. Les simulateurs tournent à plein régime dans les usines. Les ingénieurs ne dorment plus. Les pilotes répètent leurs départs encore et encore.
C’est ça, la beauté de la Formule 1. Quand tout se joue sur une course. Quand trois destins se croisent pour n’en faire qu’un.
Rendez-vous dimanche pour vivre ça ensemble.
