Vous êtes-vous déjà demandé qui veille vraiment sur ces rubans d’asphalte où des centaines de milliers de véhicules se croisent chaque jour ? Sur l’A1, l’A15 ou le nord de l’A86, là où les bouchons font partie du décor et où chaque infraction peut tourner au drame, une unité très particulière assure la sécurité de tous. À sa tête depuis l’été dernier : un homme de 45 ans, discret mais déterminé, qui connaît ces axes comme sa poche. Son nom ? Grégory Valette. Et franchement, quand on découvre son parcours et l’ampleur de la mission, on se dit que le poste n’est pas donné à n’importe qui.
La CRS autoroutière nord Île-de-France, c’est quoi exactement ?
Avant de parler de l’homme, parlons du terrain. Cette compagnie n’est pas une CRS comme les autres. Basée à Deuil-la-Barre, dans le Val-d’Oise, elle couvre certains des tronçons les plus chargés d’Europe. Imaginez : l’A1 vers Roissy et Lille, l’A15 qui irrigue l’ouest parisien, l’A3, le nord de l’A86 et une partie de la Francilienne. Des artères vitales où tout peut basculer très vite.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Chaque année, l’unité constate plus de 4 000 délits et procède à près de 1 000 gardes à vue. Oui, vous avez bien lu. C’est tout simplement le record national parmi les neuf CRS autoroutières. À côté de ça, environ 1 000 accidents corporels sont recensés sur le secteur. Autant dire que les hommes et femmes sous les ordres du commandant n’ont pas le temps de s’ennuyer.
Des missions qui vont bien au-delà de la verbalisation
On pourrait croire que ces policiers passent leur vie à flasher les excès de vitesse. Ce serait réducteur. Bien sûr, la lutte contre la délinquance routière fait partie du quotidien – stupéfiants, alcool, conduite sans permis, tout y passe – mais il y a aussi les grandes manifestations, les convois exceptionnels, les événements au Stade de France ou les fermetures d’autoroute lors des grands rendez-vous sportifs ou culturels.
Pendant les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, c’est cette unité qui a tenu une bonne partie des axes d’accès. Idem pour la Coupe du monde de rugby 2023 ou les concerts géants. Quand des agriculteurs bloquent l’A1, quand des supporters font n’importe quoi après un match, quand un accident grave paralyse tout : c’est eux qu’on appelle en premier.
« Une force à projection rapide », c’est exactement ainsi qu’on pourrait décrire cette compagnie. Toujours prête, toujours mobile.
Grégory Valette : un parcours taillé pour le commandement
À 45 ans, le commandant Valette n’est pas un inconnu dans le milieu. Titulaire d’une maîtrise de droit privé obtenue à Lyon III, il aurait très bien pu embrasser une carrière d’avocat ou de juriste. Mais non. La vocation policière a été la plus forte. Direction l’école nationale supérieure des officiers de police, puis un premier poste en 2006 au sein même d’une CRS autoroutière – celle du sud de l’Île-de-France cette fois.
Deux ans plus tard, il change de casquette et intègre le service communication de la police nationale. Une expérience qui lui permettra de comprendre l’importance du lien avec le public et les médias. En 2017, il grimpe encore : chef de la section prévention et partenariat à la direction centrale des CRS. Un poste stratégique où l’on construit les campagnes de sensibilisation et où l’on apprend à anticiper.
En 2022, il pose ses valises dans le nord francilien comme commandant en second. Et là, le destin s’accélère. Pendant trois ans, il assure plus de 240 jours d’intérim à la tête de l’unité. Autrement dit, il a dirigé la compagnie bien avant que la cérémonie officielle ne vienne entériner les choses début décembre 2025.
Une prise de fonction officielle… mais pas une surprise
Le 2 décembre 2025, à Deuil-la-Barre, le contrôleur général Pierre Labalme, patron des CRS en région parisienne, lui a remis officiellement le commandement. Dans l’assistance, 136 policiers – le nombre exact des effectifs – savaient déjà à quoi s’attendre. Beaucoup avaient travaillé sous ses ordres pendant ces longs mois d’intérim.
« Le commandant Grégory Valette incarne parfaitement la figure de l’officier engagé, exigeant et profondément attaché aux valeurs de la police nationale »
– Le contrôleur général Pierre Labalme
Des mots qui pèsent. Car commander une telle unité demande bien plus que des compétences techniques. Il faut savoir gérer le stress des grands événements, motiver des équipes épuisées après des nuits blanches sur l’autoroute, et surtout garder la tête froide quand la situation dérape.
Les défis immédiats : accidentologie et délinquance en hausse
Le secteur couvert reste l’un des plus accidentogènes de France. Les causes ? Multiples : densité de trafic extrême, poids lourds en grand nombre, conducteurs pressés ou fatigués, travaux permanents… Tout cela forme un cocktail explosif.
- Stupéfiants au volant : fléau numéro 1 sur ces axes
- Conduite sous l’emprise d’alcool, même en semaine
- Excès de vitesse sur des portions pourtant surveillées
- Usage du téléphone : un classique qui ne faiblit pas
- Rodéos urbains qui débordent parfois sur l’autoroute
Et puis il y a la délinquance plus « lourde » : vols à la roulotte dans les aires de repos, trafics en tout genre, migrants qui tentent parfois de monter dans les camions… Rien n’est simple.
Grégory Valette l’a dit sans détour lors de la cérémonie : l’objectif est clair, faire progresser encore l’unité, gérer les dossiers chauds et maintenir le niveau d’exigence. Traduction : il ne compte pas se reposer sur les lauriers – même si ceux-ci sont déjà impressionnants.
Et demain ?
Avec les municipales qui approchent en 2026, les grands chantiers d’infrastructure (notamment autour de Roissy), et les inévitables pics de circulation liés aux vacances ou aux événements, le commandant Valette et ses équipes n’auront pas le temps de souffler. Certains parlent déjà des prochaines Coupe du monde de football ou des prochains JO d’hiver… Même si c’est encore loin, la CRS autoroutière nord sera forcément au rendez-vous.
En attendant, une chose est sûre : sur ces autoroutes où tout va vite, très vite, il y a désormais un homme qui connaît chaque virage, chaque aire de repos, chaque point noir. Et ça, croyez-moi, ça change pas mal de choses pour notre sécurité à tous.
Alors la prochaine fois que vous roulerez sur l’A1 en râlant dans les bouchons, pensez à ces femmes et ces hommes en bleu qui veillent, souvent dans l’ombre. Et à leur nouveau patron, Grégory Valette, qui a accepté de prendre les rênes de la compagnie la plus active de France. Un sacré défi. Mais vu le parcours, on se dit qu’il est probablement l’homme de la situation.
