Vous souvenez-vous de l’hiver dernier ? On pensait avoir vécu le pire avec le Covid, et pourtant… Cette année, la grippe semble décidée à nous rappeler qu’elle existe toujours. Et pas qu’un peu.
Je ne sais pas vous, mais moi, dès fin novembre, j’ai commencé à croiser des collègues, des amis, des voisins terrassés en trois jours. 39 °C, courbatures infernales, toux qui dure des semaines… Et les pharmaciens qui répètent en boucle : « C’est du jamais vu si tôt. »
Une saison qui démarre sur les chapeaux de roue
Habituellement, la grippe saisonnière pointe le bout de son nez entre janvier et février. Cette année ? Elle a débarqué dès la mi-novembre et n’a pas fait semblant. À l’heure où j’écris ces lignes, début décembre 2025, toutes les régions métropolitaines sauf la Corse sont officiellement en phase épidémique. Oui, vous avez bien lu : toutes.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les consultations pour syndrome grippal ont explosé de plus de 80 % en deux semaines dans certaines régions. Les urgences pédiatriques sont saturées, les entreprises tournent au ralenti, et les arrêts maladie pleuvent.
« On n’avait pas vu un démarrage aussi précoce et aussi brutal depuis plus de quinze ans », confie un virologue de référence.
Le variant K, le nouveau venu qui change la donne
Si vous avez suivi un peu l’actualité virale (oui, ça existe), vous avez sûrement entendu parler du « variant K ». Derrière cette lettre un peu barbare se cache une souche du virus influenza A(H3N2) qui présente plusieurs mutations notables.
Ce qui inquiète les spécialistes ? Cette souche semble particulièrement contagieuse et échappe partiellement à l’immunité acquise les années précédentes. Résultat : même les personnes qui attrapent la grippe « tous les deux ans » peuvent se retrouver clapper cette fois-ci.
D’après les derniers séquençages, le variant K représente déjà plus de 40 % des virus grippaux circulants en France et progresse de semaine en semaine. Les projections estiment qu’il pourrait devenir majoritaire avant Noël. Autant dire que le pic épidémique risque d’être violent.
Pourquoi cette année est différente des autres
Plusieurs facteurs se combinent pour faire de 2025-2026 une saison à part :
- Un début extrêmement précoce qui laisse présager une épidémie longue
- Une population moins immunisée après deux hivers où la grippe a peu circulé (merci les gestes barrières anti-Covid)
- L’émergence du variant K plus transmissible
- Une co-circulation avec le Covid, le VRS (bronchiolite) et d’autres virus respiratoires
- Un taux de vaccination antigrippale qui stagne autour de 50 % chez les plus de 65 ans
Quand on additionne tout ça, on obtient la recette parfaite d’une épidémie « corsée », comme disent les experts avec leur talent habituel pour les euphémismes.
Les symptômes : comment reconnaître la « vraie » grippe
Parce qu’on a parfois tendance à tout mettre dans le même panier « rhume/grippe/Covid », rappelons les signes qui ne trompent pas :
- Apparition brutale en quelques heures
- Fièvre élevée (> 39 °C) avec frissons
- Courbatures intenses (on a mal partout, même aux cheveux)
- Fatigue extrême (impossible de se lever)
- Maux de tête violents
- Toux sèche qui devient vite pénible
Si vous cochez au moins quatre cases, il y a de fortes chances que ce soit la grippe. Et non, ce n’est « pas juste un gros rhume ».
Le vaccin : toujours utile, même en décembre ?
J’entends déjà certains dire : « Trop tard, la saison est lancée ! » Faux. Le vaccin met environ deux semaines à être pleinement efficace, mais il reste très pertinent même en plein milieu de l’épidémie.
Pourquoi ? Parce que cette année, le vaccin contient une composante contre les souches H3N2 proches du variant K. Les premières données montrent une efficacité correcte (autour de 50-60 %) contre les formes graves, ce qui n’est pas négligeable quand on sait que la grippe tue encore plusieurs milliers de personnes chaque année en France.
« Se faire vacciner en décembre ou janvier, c’est encore jouer la carte de la protection, surtout pour les personnes fragiles », insiste un infectiologue.
Et pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se vacciner ?
Les gestes barrières, qu’on avait presque oubliés, redeviennent d’actualité :
- Lavage des mains obsessionnel (oui, encore)
- Port du masque en cas de symptômes ou dans les lieux clos
- Aération régulière des pièces
- Éviter d’embrasser Mamie quand on est enrhumé
- Télétravailler dès les premiers signes (beaucoup d’entreprises assouplissent à nouveau leurs règles)
Personnellement, j’ai ressorti mon stock de masques FFP2 pour les transports. Ça peut paraître excessif, mais quand on voit le nombre de gens qui toussent sans se couvrir la bouche dans le métro…
Ce qui nous attend dans les prochaines semaines
Les modèles mathématiques sont unanimes : le pic épidémique devrait arriver entre fin décembre et mi-janvier, avec un risque de saturation hospitalière dans certaines régions. Les services de réanimation, déjà sous tension avec le Covid, pourraient vivre un mois de janvier compliqué.
Et puis il y a cette inconnue : que se passera-t-il quand le variant K deviendra totalement dominant ? Va-t-il provoquer plus de formes graves chez les moins de 65 ans ? Pour l’instant, les données sont rassurantes, mais la vigilance reste de mise.
Une chose est sûre : cette saison grippale 2025-2026 va marquer les esprits. Espérons simplement qu’elle nous rappelle, une bonne fois pour toutes, qu’un virus « banal » peut encore faire très mal quand on baisse la garde collectivement.
Prenez soin de vous. Lavez-vous les mains. Et si vous toussez, faites-le dans votre coude, pas dans ma figure. Merci d’avance.
