Vous souvenez-vous de l’hiver 2022-2023, quand les rayons de foie gras avaient brutalement disparu des supermarchés ? On pensait, peut-être naïvement, que le pire était derrière nous. Et pourtant, ce mercredi 3 décembre 2025, la nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre dans le ciel déjà bien gris des Yvelines : un élevage de faisans, à Saint-Hilarion, est officiellement touché par un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène. Premier cas du département cette saison. Et franchement, ça fait froid dans le dos.
La grippe aviaire est bel et bien de retour en France
Ce n’est pas une surprise totale, je vous l’accorde. Depuis le 22 octobre dernier, tout le territoire national est passé en risque « élevé » pour l’influenza aviaire. Traduction : on s’attendait à ce que ça reparte. Mais quand ça touche son propre coin de campagne, c’est toujours plus concret. Saint-Hilarion, c’est ce petit village paisible coincé entre Rambouillet et Épernon, là où on élève encore des faisans pour la chasse ou la gastronomie. Et bam, le virus s’est invité.
Le préfet n’a pas traîné. Un arrêté a été signé dans la foulée pour créer deux périmètres de sécurité autour de l’élevage contaminé. Et croyez-moi, quand l’État sort l’artillerie lourde aussi vite, c’est que la situation est prise très au sérieux.
Que s’est-il passé exactement à Saint-Hilarion ?
L’histoire est malheureusement classique. Des mortalités inhabituelles chez les faisans, des analyses réalisées en urgence, et le résultat tombe : présence du virus H5N1 hautement pathogène. Le même, ou presque, qui a décimé des millions de volailles ces dernières années.
Ce qui change cette fois ? C’est un élevage de gibier à plumes, pas une immense batterie de poules pondeuses ou de canards. Moins de bêtes, mais le risque de dispersion reste énorme. Les faisans, même élevés, gardent ce côté « oiseau sauvage » qui fait peur aux autorités sanitaires.
« Une opération de dépeuplement total sera menée dans les prochains jours »
Communiqué officiel de la préfecture des Yvelines
Concrètement ? Tous les faisans restants seront euthanasiés et détruits selon les protocoles stricts. Pas de demi-mesure. C’est brutal, mais c’est la seule façon d’éteindre le foyer avant qu’il ne devienne incendie.
Les deux zones qui bouleversent la vie locale
Pour contenir le virus, deux cercles concentriques ont été dessinés autour de l’élevage infecté. Et ça concerne pas mal de monde.
- Zone de protection (3 km) : Émancé, Gazeran, Hermeray, Poigny-la-Forêt, Rambouillet (en partie), Saint-Hilarion. Ici, c’est le niveau maximal. Aucun mouvement de volailles, même pour les particuliers. Les basse-cours sont bouclées.
- Zone de surveillance (10 km) : Adainville, La Boissière-École, Les Bréviaires, Clairefontaine-en-Yvelines, Condé-sur-Vesgre, Mittainville, Orcemont, Orphin, Le Perray-en-Yvelines, Prunay-en-Yvelines, Raizeux, Saint-Léger-en-Yvelines, Sonchamp, Vieille-Église-en-Yvelines… et j’en passe. Là aussi, interdiction de déplacer des volailles sans dérogation.
Imaginez-vous avec vos trois poules et votre coq dans le jardin. Du jour au lendemain, impossible de les donner à la voisine ou de les emmener chez le vétérinaire sans paperasse. C’est le quotidien qui va changer pour des centaines de personnes.
Pourquoi tant de précautions ? Le souvenir encore brûlant des crises passées
Entre 2021 et 2023, la France a connu ses pires épidémies d’influenza aviaire. Plus de 30 millions de volailles abattues. Des élevages entiers rayés de la carte. Des éleveurs au bord du gouffre financier et moral. On ne veut plus revivre ça.
Et puis il y a cette petite phrase qui circule de plus en plus dans les couloirs des ministères : le risque pandémique. Oui, vous avez bien lu. Le virus H5N1 évolue. Il a déjà franchi la barrière d’espèce chez les mammifères (visons, renards, phoques, vaches laitières aux États-Unis…). Et récemment, un premier décès humain confirmé aux États-Unis avec une nouvelle souche. Rien d’alarmant pour l’instant en France, mais on surveille comme le lait sur le feu.
Les éleveurs et les particuliers : comment se protéger concrètement ?
Les autorités le répètent en boucle : la biosécurité, c’est la clé. Et ce n’est pas juste un mot valise.
- Clôturer les parcours pour éviter tout contact avec les oiseaux sauvages (oui, même les petits passereaux peuvent être porteurs)
- Changer de tenue et de bottes avant d’entrer dans le poulailler
- Désinfecter systématiquement le matériel
- Ne jamais nourrir les volailles avec de l’eau de pluie ou de mare
- Déclarer immédiatement toute mortalité anormale
Je sais, dit comme ça, ça paraît évident. Mais dans les faits, beaucoup de petites structures peinent encore à tout appliquer à 100 %. Et c’est souvent par là que le virus passe.
Et pour Noël ? Y aura-t-il des volailles sur la table ?
C’est la grande question que tout le monde se pose dès qu’on parle grippe aviaire à l’approche des fêtes. Rassurez-vous : pour l’instant, un seul foyer, c’est gérable. Les autorités assurent que l’approvisionnement ne sera pas impacté à l’échelle nationale.
Mais localement, dans les Yvelines et les départements voisins, certains éleveurs commencent déjà à serrer les dents. Un nouveau foyer dans les prochaines semaines et tout peut basculer très vite. On a vu ça dans le Sud-Ouest il y a deux ans : des rayons vides dès mi-décembre.
« La consommation de viande, foie gras et œufs ne présente aucun risque pour l’homme »
Message répété par toutes les autorités sanitaires
C’est important de le marteler, parce que la psychose existe. Le virus se transmet très mal à l’homme, et jamais par l’alimentation. Cuire une volaille tue le virus instantanément. On peut donc continuer à se régaler sans crainte.
Vers une vaccination massive des volailles ?
La France a franchi le pas cet automne : vaccination obligatoire pour les canards dans les zones à risque. Plus de 20 millions de doses déjà injectées. Pour les poulets et les dindes, c’est encore expérimental, mais ça avance.
L’Europe, elle, a franchi un cap supplémentaire : achat de 665 000 doses de vaccin… pour les humains, en prévention d’un risque pandémique. Ça, c’est du jamais vu. On vaccine déjà les personnels exposés dans certains pays. La menace est prise au sérieux au plus haut niveau.
Est-ce que ça suffira ? Personne n’a de boule de cristal. Ce qu’on sait, c’est que le virus circule activement chez les oiseaux migrateurs. Tant qu’il y aura des cygnes, des oies ou des goélands infectés en Europe du Nord, le risque zéro n’existera pas.
Ce que ce foyer dans les Yvelines nous dit vraiment
Derrière les arrêtés préfectoraux et les combinaisons blanches, il y a une réalité plus large. Notre modèle d’élevage, même quand il est traditionnel ou de petite taille, reste vulnérable. Le réchauffement climatique joue aussi : les migrateurs changent leurs routes, restent plus longtemps, se mélangent différemment.
Et puis il y a cette question qu’on n’ose pas toujours poser : jusqu’à quand va-t-on accepter d’abattre des millions d’animaux à chaque épisode ? La vaccination, les élevages en bâtiment fermé, la sélection génétique… il va falloir accélérer. Parce que le virus, lui, ne prend pas de pause.
En attendant, dans les Yvelines, les éleveurs retiennent leur souffle. Les agents de l’État sont sur le terrain. Et nous, on croise les doigts pour que ce foyer reste une alerte… et pas le début d’une nouvelle vague.
Parce que franchement, on a tous envie de passer un Noël avec une belle volaille au four, sans se poser mille questions.
Et vous, dans votre région, avez-vous remarqué plus de mortalités d’oiseaux sauvages cet automne ? Ou peut-être que vous élevez quelques poules dans votre jardin ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire. Ensemble, on reste vigilants.
