Imaginez la scène : deux mecs dans l’eau, à fond, à se tirer la bourre comme des gamins, et pourtant ils se marrent juste après en se checkant comme si de rien n’était. C’est exactement ce qui se passe en ce moment entre Maxime Grousset et Noè Ponti. Franchement, on n’avait pas vu une rivalité aussi belle et saine depuis longtemps dans les bassins.
Je suis ce duo depuis deux ans maintenant et, croyez-moi, chaque fois qu’ils se retrouvent sur la même ligne d’eau, c’est du spectacle garanti. Pas de regards noirs, pas de provocations inutiles. Juste deux athlètes qui se poussent mutuellement vers le très haut niveau, tout en restant potes hors de l’eau. Et cette semaine à Lublin, lors des Championnats d’Europe petit bassin, ils nous ont encore offert un feuilleton incroyable.
Quand l’amitié booste la performance
On a beau dire que le sport de haut niveau est individualiste, ces deux-là prouvent le contraire. Ils s’entendent tellement bien qu’ils se tirent littéralement vers le haut. Un jour l’un gagne d’un centième, le lendemain l’autre prend sa revanche du même écart. C’est presque comique à force.
Je me souviens encore des Mondiaux petit bassin à Singapour cet été : Ponti devient champion du monde du 50 papillon en 22 »48, Grousset prend l’argent en 22 »51. Trois petits millièmes. Ils montent sur le podium en rigolant, se tapent dans le dos, posent ensemble pour les photographes. On dirait deux frères qui viennent de faire une course dans la piscine familiale.
« C’est plus une confrontation entre potes. Ça reste un jeu pour lui comme pour moi. »
Maxime Grousset, après sa victoire sur 100m papillon
Un mano a mano à couper le souffle sur 100m papillon
Revenons à vendredi soir. Finale du 100m papillon. Noè Ponti, champion du monde en titre de la distance, part favori. Mais Grousset sort une course absolument parfaite : 48 »10. Nouveau record de France, record des championnats pulvérisé, et victoire… d’un centième devant le Suisse !
La veille, sur 100m 4 nages, c’était l’inverse : Ponti l’emportait d’un centième. Vous avez bien lu : même écart, juste l’ordre inversé. C’est presque trop beau pour être vrai.
Juste avant la course, l’entraîneur de Grousset, Michel Chrétien, avait pourtant prévenu : « Pour gagner, Max doit nager la course parfaite et Noè doit faire une petite erreur. » Résultat ? Course parfaite de Grousset, petite approximation de Ponti dans les virages. Bingo.
Des styles radicalement opposés
Ce qui rend leur duel si passionnant, c’est qu’ils nagent pas du tout pareil. Ponti, c’est l’homme-poisson. Ses coulées sous-marines sont juste hallucinantes. Il sort parfois avec presque une seconde d’avance après chaque virage. Grousset, lui, est plus explosif en surface, avec une fréquence de bras impressionnante.
- Noè Ponti → maître des phases sous-marines, vitesse folle en coulée, très à l’aise en petit bassin
- Maxime Grousset → fréquence de bras élevée, puissance en nage libre, légèrement avantagé en grand bassin
- Point commun → une touche finale de malade et une envie folle de se battre jusqu’au bout
Du coup, en petit bassin où les virages comptent énormément, Ponti a souvent l’avantage en cours de course. Mais Grousset revient toujours comme un boulet de canon sur la fin. Et là, tout se joue à la touche. C’est devenu leur marque de fabrique.
« Je lui ai dit : “Tu es un homme-poisson !” Ses coulées sont énormes. »
Michel Chrétien, entraîneur de Maxime Grousset
Ils se challengent comme des gosses
Le plus beau dans tout ça ? Ils assument totalement le côté « jeu » de leur rivalité. Avant de monter sur le podium vendredi, Ponti a lancé à Grousset : « Jusqu’à Paris l’année prochaine, je vais bosser que mes touches ! » Réponse du Français, mort de rire : « T’as bien raison, t’en as besoin ! »
Cette légèreté, c’est rarissime au plus haut niveau. D’habitude, on a droit à des sourires crispés ou des accolades polies. Là, c’est de la vraie camaraderie. Ils voyagent ensemble, s’entraînent parfois ensemble, partagent leurs analyses de course. Et dès qu’ils sont alignés, c’est la guerre… mais la guerre joyeuse.
Personnellement, j’adore ce genre d’histoires. Ça rappelle que le sport peut rester un jeu même quand les enjeux sont énormes. Et franchement, ça fait un bien fou dans un monde parfois trop sérieux.
Et demain ? Paris 2026 en ligne de mire
Prochain gros rendez-vous : les Championnats d’Europe grand bassin à Paris en août 2026. Là, les rôles pourraient s’inverser. Grousset est souvent plus à l’aise en 50m, Ponti reste un monstre sur 100m et 200m. Mais une chose est sûre : on aura encore droit à un duel de folie.
Grousset l’a dit lui-même après sa victoire : il voit la barrière des 45 secondes sur 100m papillon comme réaliste. Avec le rhume qu’il traînait à Lublin et les 45 »65 lâchés en demi-finale du 100m libre « en gestion », on sent qu’il monte en puissance au meilleur moment.
Et Ponti ? Il n’a pas dit son dernier mot. Le Suisse est du genre à revenir plus fort après chaque défaite. Leur rivalité est en train de devenir l’une des plus belles histoires de la natation mondiale actuelle.
Pourquoi cette rivalité est bonne pour la natation
Au-delà du spectacle, ce duo fait un bien fou à notre sport. Ils montrent aux plus jeunes qu’on peut être ultra-compétitif tout en restant respectueux et humain. Dans une période où certains sports souffrent d’images parfois toxiques, Grousset et Ponti sont une bouffée d’air frais.
Ils tirent le niveau vers le haut. Quand l’un bat un record, l’autre s’arrache pour faire mieux la fois suivante. Résultat : des chronos dingues, des courses folles, et des souvenirs inoubliables pour le public.
Et quelque part, c’est aussi une belle réponse à ceux qui pensent que l’amitié et la rivalité ne font pas ensemble. Ces deux-là prouvent chaque semaine que si, c’est possible. Et même que c’est encore plus beau comme ça.
Alors merci messieurs. Continuez à vous battre comme des chiffonniers dans l’eau et à vous marrer ensemble sur le podium. Parce que des rivalités comme la vôtre, on n’en aura jamais assez.
Et vous, quelle est pour vous la plus belle rivalité actuelle dans le sport ? Phelps-Lochte ? Federer-Nadal ? Bolt-Gatlin ? Laissez-moi votre avis en commentaire, j’ai hâte de lire ça !
