Imaginez la scène. Il est un peu plus de 19 h 30, les tropiques, l’air est doux, les guirlandes de Noël viennent juste de s’allumer sous les applaudissements. Les familles rient, les enfants courent partout, et devant le camion à bokits, la queue est joyeuse. Et puis, en une fraction de seconde, tout bascule. Une voiture qui déboule, un choc sourd, des cris, le chaos. Hier soir, à Sainte-Anne en Guadeloupe, ce cauchemar est devenu réalité.
Une soirée de fête qui tourne au drame en quelques secondes
On était le 5 décembre. La commune de Sainte-Anne, sur la côte est de la Grande-Terre, inaugurait comme chaque année ses illuminations place Schoelcher. Rien que du classique : musique, animations, et surtout ce fameux camion-restaurant qui vend des bokits bien chauds – vous savez, ces sandwiches antillais frits qui sentent divinement bon le poulet-colombo ou le morue.
Une vingtaine de personnes faisaient tranquillement la queue, enfants compris. Personne n’a vu venir le véhicule. Il a percuté le camion-restaurant stationné, mais surtout le groupe de piétons juste à côté. Le bilan est lourd : 19 blessés, dont six enfants. Parmi eux, trois personnes – dont un petit garçon de 10 ans – étaient en urgence absolue dans les premières minutes. Heureusement, dans la nuit, les autorités ont précisé qu’aucune vie n’était en danger.
« C’était la panique totale. Les gens hurlaient, certains ont essayé de retenir le conducteur… »
Témoignage recueilli sur place
Le conducteur : alcool + cannabis, un cocktail explosif
L’homme au volant a 45 ans. Les tests sont sans appel : taux d’alcoolémie positif et dépistage cannabis positif également. Autrement dit, il cumulait les deux substances les plus fréquentes dans les accidents graves la nuit.
D’après les premiers éléments, après le choc il a tenté de s’enfuir mais la foule, sous le choc et en colère légitime, a failli le lyncher. Les gendarmes ont dû l’exfiltrer en urgence pour le protéger avant de le placer en garde à vue. On imagine sans mal la tension sur place.
Franchement, chaque fois qu’on voit ce genre d’histoire, on se dit la même chose : comment peut-on encore prendre le volant dans cet état, surtout un soir de fête où il y a autant d’enfants ? C’est consternant.
Une mobilisation immédiate des secours
Le plan « nombreuses victimes » (plan NOVI) a été déclenché dans la foulée. Plus de 40 pompiers, une vingtaine de gendarmes, le SAMU : tout le monde s’est rué sur les lieux. Une cellule de crise a été ouverte à la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre.
- Les blessés légers ont été orientés vers la clinique des Eaux-Claires à Baie-Mahault
- Les cas plus sérieux ont été transportés au CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes
- Le pôle parents-enfants a également accueilli plusieurs victimes
En quelques heures, tout l’appareil de secours de l’île était sur le pont. Preuve, s’il en fallait une, que même loin de l’Hexagone, les Antilles savent réagir vite quand il le faut.
Sainte-Anne, une commune habituellement si paisible
Pour ceux qui ne connaissent pas, Sainte-Anne est l’une des perles touristiques de la Guadeloupe. Plages de rêve, marché coloré, ambiance créole chaleureuse… On y vient pour décompresser, pas pour vivre un drame pareil.
Du coup, le choc est d’autant plus violent. Les habitants que j’ai pu lire sur les réseaux locaux parlent d’une soirée « qui restera gravée dans les mémoires pour de mauvaises raisons ». Une maman raconte que son fils de 8 ans a vu la scène et n’arrive plus à dormir. C’est le genre de trauma qui marque une communauté entière.
L’alcool et le cannabis au volant : des chiffres qui font froid dans le dos
On a beau le répéter les campagnes de prévention, les chiffres restent accablants. En France (métropole + outre-mer), l’alcool est impliqué dans près de 30 % des accidents mortels. Quand on ajoute le cannabis, on frôle parfois les 40 % sur certaines tranches horaires nocturnes.
Et dans les territoires ultra-marins, le problème est encore plus criant : routes parfois étroites, soirées très arrosées, contrôles moins fréquents… Tout concourt à faire grimper le risque. Ce drame de Sainte-Anne n’est malheureusement pas une exception isolée.
- Prendre un ti-punch ou deux, c’est culturel et sympa.
- Croire qu’on « tient bien l’alcool », c’est humain.
- Prendre le volant après, c’est irresponsable et potentiellement criminel.
Point final.
Les illuminations de Noël continueront-elles ?
Pour l’instant, la municipalité n’a pas communiqué sur la suite des festivités. Difficile d’imaginer relancer les animations comme si de rien n’y avait. Beaucoup d’habitants demandent un report ou carrément une annulation par respect pour les victimes.
Moi je trouve ça légitime. Parfois, il faut savoir mettre la fête entre parenthèses quand la réalité nous rattrape aussi brutalement.
Ce qu’on peut tous retenir de cette soirée tragique
Au-delà du fait divers, il y a une leçon universelle. Peu importe où on habite – métropole, Réunion, Martinique, Guyane ou Guadeloupe – la route reste le même danger dès qu’on mélange volant et substances.
Alors la prochaine fois qu’on vous propose un dernier verre « pour la route », pensez à ces 19 personnes qui n’avaient rien demandé à personne. Pensez à ce petit garçon de 10 ans qui aurait pu ne jamais revoir sa maman.
Parce que derrière chaque statistique, il y a des vies brisées. Et ça, aucune fête ne vaut le coup.
Prenez soin de vous et des autres. Et si vous avez bu ou fumé, laissez les clés. C’est tout.
