Franchement, il y a des soirs où le foot vous colle une claque et vous rappelle pourquoi on adore ce sport. Samedi, à l’Etihad, j’ai pris ça en pleine figure.
Un gamin de 22 ans, parti de Lyon l’été dernier, se paye le luxe de faire lever tout un stade… et de faire sortir Pep Guardiola de ses gonds – mais en bien. Parce que quand Pep commence à parler de toi en te comparant à Lionel Messi, même sur un seul geste, tu sais que tu viens de franchir un cap.
Le geste qui a fait taire l’Etihad (et pas qu’un peu)
Reprenons depuis le début. Manchester City reçoit Sunderland, un match censé être une formalité. 3-0 au final, ok, mais personne ne parlera du score demain matin. On parlera de cette passe.
68e minute. Cherki récupère le ballon côté gauche, légèrement excentré. Deux défenseurs qui fondent sur lui. Au lieu de temporiser ou de repiquer dans l’axe comme tout le monde s’y attend, il lève la tête, voit Foden qui part en profondeur… et sort un coup du foulard absolument lunaire. Le ballon prend une courbe improbable, redescend pile sur le pied de Phil qui n’a plus qu’à pousser au fond.
Le stade explose. Les commentateurs hurlent. Et moi, devant mon écran, je rembobine trois fois en me disant : « Attends, il vient vraiment de faire ÇA ? »
« Je n’ai jamais vu Messi centrer comme ça. Messi est le meilleur joueur de tous les temps, mais je n’ai jamais vu de centres pareils. »
Pep Guardiola, en conférence de presse d’après-match
Quand tu fais dire ça à l’homme qui a coaché Messi pendant quatre ans… tu peux rentrer chez toi et accrocher tes crampons au mur, t’as gagné ta vie.
Cherki, l’ado prodige qui n’est plus un ado
On a tous en tête l’image du gosse de l’OL qui dribblait trois joueurs dans un mouchoir de poche à 16 ans. Le mec qu’on présentait comme « le nouveau grand espoir français » et qui, soyons honnêtes, a parfois agacé par son irrégularité.
Mais là ? À Manchester City, sous les ordres de Guardiola, on assiste à une métamorphose. 19 matchs toutes compétitions confondues depuis son arrivée : 4 buts, 7 passes décisives. Et surtout une influence grandissante. Il ne fait plus « un bon match de temps en temps ». Il pèse. Constamment.
- Deux passes décisives contre Sunderland (dont LE coup du foulard)
- Une autre le week-end précédent contre Nottingham
- Un but magnifique en Ligue des Champions face à la Juventus
- Des statistiques qui le placent déjà parmi les meilleurs passeurs de Premier League
Et le plus impressionnant ? Il joue souvent en faux 9 ou en meneur reculé, là où la concurrence est la plus rude chez les Citizens. Pourtant, il grappille du temps de jeu, des titularisations, et surtout la confiance de son coach.
Pourquoi Guardiola craque complètement sur lui
Pep, on le sait, il adore les profils techniques capables de casser les lignes. Mais avec Cherki, il semble avoir trouvé plus que ça. Il parle de « personnalité hors du commun ». Traduction : le gamin n’a pas peur.
Là où certains jeunes auraient la pression en arrivant dans un vestiaire rempli de stars, lui se permet des gestes de grande classe dès qu’il a un peu d’espace. Et ça, Guardiola adore. Il l’a répété : « Il comprend le jeu très vite, il voit les choses avant les autres. »
D’ailleurs, petite confidence de vestiaire qui a filtré : pendant les entraînements, Haaland et Foden réclameraient presque les ballons de Cherki. Parce qu’ils savent que s’il a ne serait-ce que deux mètres, il est capable de leur mettre un caviar.
Un transfert qui faisait débat… plus aujourd’hui
Flashback. Été 2025. Manchester City débourse près de 70 millions d’euros pour arrachar Cherki à Lyon. À l’époque, pas mal de monde a crié au gâchis : « Trop cher », « Pas encore prêt pour ce niveau », « Il va cirer le banc »…
Six mois plus tard, ces mêmes personnes doivent avoir la bouche en mode « oups ».
Parce que non seulement il joue, mais il transforme l’animation offensive des Skyblues. Avec lui, le jeu est plus fluide, plus imprévisible. Et surtout, il apporte cette folie créative qui manquait parfois à une équipe ultra-huilée mais un peu trop prévisible.
Et maintenant ? Real Madrid dans le viseur
Mercredi, c’est le gros morceau : déplacement au Bernabeu face au Real de Mbappé et compagnie. Un match décisif en phase de groupes de la Ligue des Champions.
Si Cherki reproduit ne serait-ce que 50 % de ce qu’il a montré contre Sunderland, on risque de vivre une soirée mémorable. Et quelque part, j’ai l’intime conviction que le gamin a gardé son meilleur pour ce genre de rendez-vous.
Après tout, c’est souvent là que les grands joueurs se révèlent : sous les projecteurs, face aux meilleurs. Et quand ton coach te compare à Messi après un simple match de championnat… imagine ce qu’il dira si tu plantes un coup du foulard au Bernabeu.
Le nouveau visage du football français ?
On a beaucoup parlé de la génération 2003-2007 ces derniers mois : Barcola, Zaïre-Emery, Wahi, et maintenant Cherki qui explose au plus haut niveau européen.
Ce qui est fou, c’est qu’on a l’impression que ces gamins n’ont peur de rien. Ils arrivent dans les plus grands clubs, prennent des responsabilités, et imposent leur style. Cherki, avec son bagage technique hors norme et sa nouvelle maturité tactique, pourrait bien être le chaînon manquant en équipe de France.
Quatre sélections, un but. C’est peu. Mais quand on voit son niveau actuel, on se dit que Didier Deschamps va avoir du mal à se passer de lui très longtemps.
En attendant, moi je savoure. Parce qu’on est peut-être en train de vivre les débuts d’une carrière absolument stratosphérique. Et quelque part, ça fait du bien de voir un Français faire parler la poudre – et la technique – outre-Manche.
Alors oui, un seul geste ne fait pas une carrière. Mais quand ce geste fait lever un stade et sortir une phrase historique à Pep Guardiola… c’est que quelque chose de grand est en train de se passer.
Et franchement ? J’ai hâte de voir la suite.
PS : Si vous n’avez pas vu le coup du foulard, arrêtez tout et allez le regarder. Maintenant. Vous me remercierez après.
