Imaginez-vous recevoir un appel désespéré de votre frère, coincé quelque part dans l’est de l’Ukraine, gelé jusqu’aux os, en train de vous dire qu’il pensait signer un simple contrat de sécurité et qu’il se retrouve en première ligne face à des drones kamikazes. C’est exactement ce qui arrive à des familles sud-africaines en ce moment même. Et au cœur de cette histoire explosive, un nom qui fait trembler Pretoria : celui de la fille de l’ancien président Jacob Zuma.
Je ne vais pas tourner autour du pot : quand une députée fraîchement élue claque la porte du Parlement du jour au lendemain, on sent immédiatement que ça sent le roussi. Et là, ça sent la poudre, littéralement.
Une démission qui fait l’effet d’une bombe à Pretoria
Fin novembre 2025, Duduzile Zuma-Sambudla, fille aînée de Jacob Zuma et députée du parti MK (uMkhonto weSizwe), annonce qu’elle abandonne son siège avec effet immédiat. Officiellement ? Pour « coopérer pleinement » à une enquête. En réalité, les accusations sont lourdes : elle aurait personnellement participé au recrutement d’au moins dix-sept jeunes Sud-Africains envoyés combattre pour la Russie dans le Donbass.
Le plus dingue ? C’est sa propre sœur qui a balancé l’affaire publiquement une semaine plus tôt. Oui, vous avez bien lu. Dans la famille Zuma, même les règlements de comptes se font à ciel ouvert.
« Ces garçons pensaient partir pour des jobs de sécurité bien payés. Ils se sont retrouvés avec un fusil entre les mains, sans passeport, sans possibilité de rentrer. »
– Un proche d’une des familles concernées
Les appels à l’aide sont déchirants. Certains envoient des vidéos depuis des tranchées boueuses, le visage marqué par la peur et le froid. D’autres supplient le président Cyril Ramaphosa d’intervenir. Tous disent la même chose : on nous a menti.
Comment en arrive-t-on là ? Le schéma est rodé
Depuis 2023 déjà, la machine tourne à plein régime. Des recruteurs, souvent liés à des réseaux proches du Kremlin, sillonnent l’Afrique subsaharienne avec une promesse alléchante : 2 000 à 5 000 dollars par mois pour des « missions de sécurité » en Russie. Le rêve pour beaucoup de jeunes au chômage.
Sauf que, une fois sur place, c’est la douche froide. Passeport confisqué, formation militaire accélérée, et direction le front. Refuser ? Menaces sur la famille restée au pays, ou pire.
- Arrivée à Moscou sous prétexte de contrat civil
- Transfert vers des camps d’entraînement dans le sud de la Russie
- Signature forcée d’un contrat militaire (souvent en russe, langue qu’ils ne parlent pas)
- Envoi direct dans les zones les plus chaudes du Donbass
Et le chiffre donne le vertige : plus de 1 400 combattants originaires de 36 pays africains auraient déjà été identifiés par les services ukrainiens. Le nombre réel est probablement bien supérieur.
L’Afrique, nouvelle réserve de chair à canon ?
Ce qui choque le plus, c’est la diversité des profils. On trouve de tout :
- Des chômeurs en quête d’argent rapide
- Des anciens militaires sud-africains ou namibiens
- Des étudiants attirés par des « bourses » en Russie
- Même des femmes, recrutées pour travailler en usine… et qui finissent à assembler des drones de combat
Dans la région du Tatarstan, des enquêtes ont révélé des ateliers où des Africaines travaillent 16 heures par jour sur des chaînes de production de drones militaires. Promesses de salaires décents ? Oubliées. Conditions de vie ? Dignes d’un autre siècle.
Et pendant ce temps, les gouvernements africains restent étrangement silencieux. Pourquoi ? La réponse tient en quatre lettres : BRICS. Beaucoup de pays du continent ne veulent pas froisser Moscou, partenaire économique et militaire crucial.
Jacob Zuma, l’ombre du père
On ne peut pas parler de cette affaire sans évoquer le patriarche. Jacob Zuma, président de 2009 à 2018, n’a jamais caché son admiration pour Vladimir Poutine. Exilé politique dans les années 80 en URSS, il a gardé des liens très forts avec Moscou.
Son parti MK, créé il y a à peine deux ans, a réalisé un score surprise aux dernières élections. Et voilà que sa fille se retrouve au centre d’un scandale international. Coïncidence ? Permettez-moi d’en douter.
D’ailleurs, lors de la conférence de presse annonçant la démission, le vieux lion était présent… mais muet comme une carpe. Image surréaliste : l’ancien chef de l’État assis là, visage fermé, pendant qu’on explique que sa fille « coopère » avec la justice.
Et maintenant ?
La démission de Duduzile Zuma-Sambudla n’est clairement pas une fin, mais un début. Les enquêtes sud-africaines ne font que commencer. Des perquisitions ont déjà eu lieu. Des noms circulent. Et surtout, des familles attendent toujours que leurs enfants reviennent.
Ce qui me frappe le plus dans cette histoire, c’est son côté terriblement humain. Derrière les grandes stratégies géopolitiques, il y a des mères qui pleurent en regardant des vidéos floues envoyées depuis des tranchées. Des jeunes qui ont cru à un avenir meilleur et qui se retrouvent broyés par une guerre qui ne les concerne même pas.
Et quelque part, cette affaire révèle une vérité qu’on préfère souvent ignorer : la guerre en Ukraine n’est plus seulement un conflit européen. Elle est devenue globale, avec des combattants venus des quatre coins du monde, souvent malgré eux.
Alors oui, une députée a démissionné. Mais derrière ce titre de presse, il y a des vies brisées, des familles déchirées, et une question qui reste en suspens : jusqu’où ira cette marchandisation de la misère au nom des intérêts géopolitiques ?
À suivre. De très près.
