Imaginez-vous un instant que tout puisse basculer en quelques jours. Pas dans un film hollywoodien, non, mais dans la réalité brutale d’une guerre qui dure depuis bientôt quatre ans. Ce mardi 2 décembre 2025, pendant que la plupart d’entre nous pensaient à autre chose, un homme peu connu du grand public débarquait à Moscou avec une mission qui pourrait redessiner la carte de l’Europe de l’Est. Et pourtant, presque personne n’en parle comme si c’était acquis. C’est ça qui me fascine, et qui m’inquiète à la fois.
Une semaine vraiment « cruciale » ou un énième effet d’annonce ?
Depuis des mois, on nous sert du « tournant décisif » à toutes les sauces. Mais là, même les plus prudents commencent à employer des mots forts. La cheffe de la diplomatie européenne a parlé d’une semaine cruciale. Pas « importante », pas « intéressante ». Cruciale. Le genre de terme qu’on n’utilise pas à la légère quand on connaît un peu la musique bruxelloise.
Et pour cause : tout se passe en même temps, comme si quelqu’un avait appuyé sur l’accélérateur diplomatique.
Ce qui se joue à Moscou en ce moment même
À l’heure où j’écris ces lignes, un emissaire américain peu ordinaire discute avec Vladimir Poutine au Kremlin. L’homme s’appelle Steve Witkoff. Ce n’est pas un diplomate de carrière, pas un général étoilé. C’est un proche, un ami même, du nouveau président américain. Accompagné – et c’est là que ça devient savoureux – du gendre de Donald Trump, Jared Kushner, celui-là même qui avait piloté les accords d’Abraham au Moyen-Orient.
Autrement dit : Trump ne joue pas petit bras. Il envoie ses hommes de confiance absolue.
« La rencontre durera aussi longtemps que nécessaire »
– Porte-parole du Kremlin, avec ce sens de la formule qu’on leur connaît
Traduction : on est partis pour une nuit blanche, ou presque. Et le sujet principal ? Le fameux plan de paix américain, ce document de 28 points qui fait trembler l’Europe entière depuis sa présentation.
Le plan de paix qui n’arrête pas de changer
Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce plan n’est plus vraiment le même qu’il y a quinze jours. Il a déjà été modifié une première fois après une réunion à Genève. Puis une deuxième fois ce week-end en Floride, où une délégation ukrainienne a été reçue – chose rare – directement par l’équipe Trump.
Le président ukrainien a lui-même confirmé sur ses réseaux que de nouvelles modifications avaient été apportées. Sans entrer dans les détails, bien sûr. Mais on sent la fébrilité. On sent que chaque virgule compte.
- Le document interdit toujours à l’Ukraine d’entrer dans l’Otan – point non négociable pour Moscou
- Il prévoirait une forme de neutralité armée
- Des garanties de sécurité sont évoquées, mais on ignore encore par qui
- La question des territoires occupés reste le grand flou artistique
Franchement, quand on voit ça, on se demande si on est en train d’assister à la naissance d’un accord historique… ou à la capitulation la plus sophistiquée de l’histoire récente.
L’Ukraine sous pression maximale
Et puis il y a le timing. Il n’est pas anodin.
Sur le terrain, les forces russes avancent. Pas de percée spectaculaire, mais une progression lente, inexorable. En novembre, ils ont pris plus de 700 km² – c’est énorme quand on sait que chaque kilomètre se paie en vies humaines. Pokrovsk est menacé, Vovtchansk aussi. Les cartes militaires quotidiennes virent au rouge un peu plus chaque soir.
À Kiev, c’est la tempête parfaite : un scandale de corruption éclate au pire moment et emporte le chef de cabinet du président. Moral en berne, fatigue générale, stocks d’armes qui s’épuisent. L’hiver arrive. Et Trump, qui avait fixé un ultimatum au 27 novembre (Thanksgiving), n’a pas vraiment annulé. Il a juste… reporté.
Vous savez ce que ça veut dire, un ultimatum reporté ? Ça veut dire qu’on te laisse encore un peu de corde, mais que le nœud coulant est déjà prêt.
L’Europe regarde le train passer
Pendant ce temps, à Bruxelles, on s’agite. Réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan prévue mercredi. Les Américains seront là, mais pas leur nouveau secrétaire d’État. Symbole ? Peut-être.
Le patron de l’Otan tente de positiver : « Les efforts américains finiront par ramener la paix ». Mais entre les lignes, on entend autre chose. On entend que l’Europe n’est plus vraiment aux commandes.
« Je crains que toute la pression soit exercée sur le côté le plus faible »
– Une haute responsable européenne, avec une franchise rare
Et elle a raison. Parce que pour Moscou, la solution la plus simple, c’est que l’Ukraine dise oui. Tout de suite. Sans discuter.
Et si c’était vraiment la fin ?
Je vais vous dire ce qui me travaille depuis 48 heures.
On nous a tellement habitués aux fausses alertes, aux « percées diplomatiques » qui s’évaporent en 24 heures, qu’on a du mal à y croire. Mais là, les signaux convergent tous dans le même sens :
- Trump veut sa victoire diplomatique avant même son investiture officielle
- Poutine sait qu’il a l’avantage militaire et n’a aucune raison d’attendre 2026
- L’Ukraine est épuisée, moralement et matériellement
- L’Europe est divisée et n’a plus les moyens de ses ambitions
Alors oui, il reste des points de blocage énormes. La question des territoires. Les garanties de sécurité. Le statut futur de l’Ukraine. Mais quand on regarde l’histoire, les grandes capitulations ne se font jamais dans l’euphorie. Elles se font quand l’un des deux camps n’a plus le choix.
Et là, on a l’impression que l’Ukraine est au bord du précipice.
Ce qu’on risque de voir dans les prochains jours
Scénario le plus probable, selon moi : un accord cadre avant la fin de l’année. Peut-être pas signé, mais annoncé. Avec une formule du style « cessez-le-feu sous 30 jours » et « reprise des négociations sur les détails ».
Trump pourra dire qu’il a réussi là où tout le monde avait échoué. Poutine pourra revendiquer une victoire stratégique. Et l’Ukraine… l’Ukraine aura sauvé ce qui pouvait l’être.
Est-ce que ce sera une paix juste ? Probablement pas.
Mais est-ce que ce sera la paix ? Peut-être bien.
Et parfois, dans les guerres longues, c’est déjà énorme.
On en saura plus dans les prochaines heures. Peut-être même avant que vous ayez fini de lire cet article. Mais une chose est sûre : on est en train de vivre un de ces moments où l’histoire bégaie, où les cartes se redistribuent sous nos yeux.
Et quelque part, c’est terrifiant. Et fascinant à la fois.
