Vous êtes-vous déjà demandé ce qui pousse quelqu’un à défier les éléments les plus hostiles de la planète, juste pour le plaisir de l’aventure ? Moi, chaque fois que j’entends parler de ces marins qui partent seuls affronter les océans, je me dis qu’il faut une dose sérieuse de folie – ou de génie – pour se lancer là-dedans. Et quand il s’agit de faire les choses à l’envers, littéralement, là on touche à un niveau supérieur.
C’est exactement ce que prépare Guirec Soudée en ce moment. Ce Breton pur jus, connu pour ses exploits qui frisent l’incroyable, s’attaque à un challenge que peu osent même imaginer : un tour du monde en voilier, mais dans le sens ouest-est non, attendez… d’est en ouest. Contre les vents dominants, contre les courants, contre toute logique maritime habituelle. Franchement, ça force le respect.
Un Défi Nautique Hors Normes
La plupart des navigateurs qui tentent le tour du monde choisissent la voie facile – ou du moins, la moins résistante. Ils filent avec les alizés dans le dos, descendant vers le sud puis remontant, profitant des grandes routes océaniques bien établies. Mais Guirec, lui, a décidé de tout faire à contre-courant. Pourquoi ? Parce que ça l’amuse, tout simplement. Et quand on regarde son parcours, on comprend que ce n’est pas juste une phrase en l’air.
Ce record, qu’il vise à battre, date de plus de vingt ans. Très peu l’ont tenté depuis, et pour cause : c’est épuisant, imprévisible, et ça demande une préparation mentale et physique hors du commun. Le bateau doit lutter en permanence, les caps sont plus difficiles à tenir, les tempêtes semblent plus vicieuses. Pourtant, notre aventurier y voit une beauté particulière : une route moins fréquentée, plus authentique peut-être.
Les Origines d’un Aventurier Pas Comme les Autres
Tout a commencé il y a une dizaine d’années. À peine sorti de l’adolescence, Guirec décide de partir faire le tour du monde en voilier. Pas n’importe comment : en solitaire, sur un bateau modeste de dix mètres, et avec une compagne de route pour le moins originale. Une poule. Oui, vous avez bien lu. Monique, une cocotte rousse, l’a accompagné pendant cinq ans et 45 000 milles nautiques.
Ils ont traversé les océans, du pôle Nord au pôle Sud. Ils ont passé plus de quatre mois bloqués dans les glaces du Groenland, vivant en totale autonomie. Monique pondait des œufs – même par -30°C, paraît-il – et Guirec chassait, pêchait, réparait. Cette histoire a fait le tour du monde, jamais jeu de mots n’a été aussi approprié. On en a parlé partout, et pour cause : c’était touchant, drôle, et complètement dingue.
Ça m’amuse bien de faire un tour du monde à l’envers.
Cette phrase résume parfaitement l’état d’esprit du bonhomme. Pas de sponsorisation à outrance, pas de course à la performance absolue au départ. Juste l’envie de vivre quelque chose d’unique. Et pourtant, au fil des années, il s’est professionnalisé, tout en gardant cette fraîcheur qui le rend si attachant.
De la Poule aux Rames : L’Évolution des Défis
Après ce premier grand voyage, Guirec aurait pu se poser, profiter un peu. Mais non. À 28 ans, il se lance dans une nouvelle folie : traverser l’Atlantique à la rame. Pas une fois, mais deux. Aller et retour. 74 jours dans un sens, 107 dans l’autre. Les mains rongées par le sel, le mal de mer permanent, le sommeil en miettes. Ceux qui ont vécu ça savent de quoi on parle.
Entre les deux traversées, il a même trouvé le temps de fonder une famille. Aujourd’hui, il raconte ses aventures à ses deux petits, 4 et 2 ans, pour les endormir. Des histoires d’icebergs, d’albatros, d’ours polaires… Et toujours cette poule qui revient dans les récits. On imagine la scène : les enfants émerveillés, et le papa qui revit ses souvenirs avec un sourire en coin.
- Le tour du monde avec Monique : 5 ans, 45 000 milles, passage par les pôles
- 130 jours immobilisé dans les glaces du Groenland
- Double traversée de l’Atlantique à la rame
- Et maintenant, ce tour du monde à l’envers
Quand on aligne tout ça, on se rend compte que ce n’est pas juste une série d’exploits. C’est une philosophie de vie. Refuser la facilité, chercher l’inconfort pour mieux apprécier l’existence. J’avoue que ça me parle particulièrement – dans notre monde où tout va trop vite et trop lisse, ces gars-là nous rappellent qu’on peut encore vivre intensément.
Pourquoi Ce Sens Inverse est Si Particulier
En navigation, le sens ouest-est est le « bon » sens. Les alizés poussent dans le dos, les grands caps sont plus aisés : cap Horn, Bonne Espérance, Leeuwin. Tout est aligné pour aller vite. À l’inverse, partir d’est en ouest, c’est se battre en permanence. Les dépressions arrivent de face, les vagues aussi. Il faut souvent tirer des bords, zigzaguer pour avancer.
Le record actuel est ancien, et peu de skippers l’ont vraiment chassé ces dernières années. Peut-être parce que les courses modernes privilégient la vitesse pure, les foilers qui volent au-dessus des vagues. Mais Guirec, sur son Imoca MACSF, veut prouver que l’ancienne route a encore du sens. Plus dure, plus longue sans doute, mais aussi plus pure.
L’aspect peut-être le plus intéressant, c’est cette notion d’exploration. Même en 2025, il reste des routes océaniques peu fréquentées. Des zones où les satellites passent, mais où les voiliers modernes vont rarement. Guirec parle d’une « route qui n’a pas été beaucoup empruntée ». Et il ajoute que c’est « encore plus chouette ». On sent la passion, celle qui ne calcule pas tout.
La Préparation d’un Tel Challenge
Préparer un tour du monde, même dans le bon sens, c’est énorme. Dans le mauvais, c’est exponentiel. Le bateau doit être irréprochable : structure renforcée, voiles adaptées, systèmes de pilote automatique ultra-fiables. Parce que quand tu luttes contre le vent, tout fatigue plus vite.
La météo devient obsessionnelle. Il faut trouver les rares fenêtres où les dépressions ne bloquent pas complètement la progression. Parfois attendre des jours, voire des semaines, dans un port ou au mouillage. La patience est une vertu essentielle chez ces navigateurs-là.
Et puis il y a le côté humain. Partir seul pour des mois, avec la famille qui attend à terre. Les enfants qui grandissent. Les appels satellite rares et précieux. C’est un sacrifice énorme, que peu comprennent vraiment. Pourtant, Guirec semble serein. Il sait pourquoi il le fait.
Ce Que Ce Défi Nous Dit de Notre Époque
Dans un monde hyper-connecté, où tout est optimisé, calculé, sécurisé, ces aventuriers extrêmes nous rappellent quelque chose d’essentiel. Qu’on peut encore choisir l’inconfort. Que l’aventure pure existe toujours. Que face à la nature, on reste petits, mais qu’on peut quand même la défier avec respect.
Guirec n’est pas dans une course à l’armement technologique effrénée. Son bateau est performant, certes, mais son défi est avant tout humain. Contre les éléments, contre soi-même. Et c’est peut-être ça qui touche le plus : cette authenticité dans un milieu parfois critiqué pour son côté sponsorisé à outrance.
Je me surprends à penser que des histoires comme celle-ci font du bien. Elles nous sortent de nos routines, nous font rêver un peu. Et qui sait, peut-être inspirent-elles certains à pousser leurs propres limites, même à plus petite échelle.
Vers un Nouveau Chapitre Légendaire
Le départ est imminent. Le bateau est prêt, l’équipage… eh bien, il est seul, comme d’habitude. Les prochains mois vont être intenses. On suivra ça de loin, avec cette pointe d’envie qu’on a tous quand on voit quelqu’un vivre si pleinement.
Est-ce qu’il battra le record ? Probablement. Mais au fond, ce n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est le chemin. Les levers de soleil sur un océan hostile, les nuits sous les étoiles du sud, les moments de doute et ceux d’euphorie. Toute cette vie condensée en quelques mois autour du globe.
Guirec Soudée continue d’écrire sa légende, une vague à la fois. Et nous, on a de la chance de pouvoir suivre ça. Parce que des aventuriers comme lui, il n’y en a pas tous les jours. Alors, bon vent à lui – même si, cette fois, il va surtout en avoir dans le nez.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Seriez-vous capables de partir comme ça, contre tout ? Moi, je reste admiratif. Vraiment.
