Vous savez ce petit frisson quand vous sentez qu’une équipe est en train de monter en puissance au meilleur moment ? Hier soir à Rotterdam, j’ai eu exactement ça devant le match des Bleues contre l’Autriche. Un départ poussif, un peu de stress, et puis… boum. Une seconde période de très haut niveau qui envoie un message clair : les championnes du monde sont bel et bien là.
Une victoire qui fait du bien au classement et au moral
29 à 17, douze unités d’écart, cinq buts seulement encaissés après la pause. Sur le papier, ça ressemble à une promenade de santé. En réalité, les vingt premières minutes ont été sacrément laborieuses. Les Autrichiennes, bien en place, ont même mené 5-1 dès la 9e minute. On s’est tous dit la même chose : « Encore un match en deux temps ? »
Et puis, comme souvent avec cette génération dorée, le vent a tourné. Pas d’un coup de baguette magique, mais grâce à des ajustements concrets et à des individualités qui ont pris leurs responsabilités.
La défense, enfin le vrai visage des Bleues
Ce qui m’a le plus marqué, c’est le changement radical en seconde période. Seulement cinq petits buts encaissés. Cinq ! Pour vous donner une idée, c’est le genre de performance défensive qu’on voyait lors de la campagne olympique victorieuse.
L’entrée de Pauletta Foppa a tout changé. La pivot a immédiatement resserré les vis au centre de la défense 6-0 et a commencé à punir en attaque. Deux-trois appuis explosifs, un bras levé impossible à contrer, et hop, deux buts rapides qui font basculer la rencontre.
Quand Pauletta est dans cet état d’esprit, elle devient quasiment injouable près du cercle. Elle absorbe les contacts et finit quand même.
À ses côtés, la jeune Lilou Pintat, tout juste arrivée pour pallier la blessure de Méline Nocandy, a apporté une énergie folle en défense avancée. Voir une gamine de 20 ans rentrer sans trembler dans un Mondial, c’est le genre de détail qui fait plaisir.
Les gardiennes ont répondu présent
Floriane André a démarré la rencontre et a sorti quelques parades décisives dans le premier acte. Puis Hatadou Sako a pris le relais après la pause et a tout simplement fermé la boutique. Le penalty arrêté à la 48e minute, suivi du but en contre-attaque d’Oriane Ondono, restera comme le tournant du match.
Franchement, quand vos deux gardiennes sont à ce niveau, vous pouvez vous permettre d’être un peu moins précis en attaque. Et pourtant, même là, les Bleues ont fini à plus de 60 % de réussite. C’est presque effrayant.
Un début de match inquiétant… vite effacé
Il faut quand même le dire : les vingt premières minutes étaient brouillonnes. Des tirs trop tendres, des passes directement dans les mains adverses, une gardienne autrichienne Lena Ivancok qui sortait le grand jeu. On a vu pire comme entame de tour principal.
- Tirs forcés en première intention
- Perte de balles inhabituelles sur montées de balle
- Manque de rythme en attaque placée
Mais le plus rassurant, c’est que l’équipe n’a jamais paniqué. Elles ont continué à défendre dur, à courir, à provoquer des fautes. Et quand le collectif français commence à faire mal physiquement, il n’y a plus grand monde qui suit sur soixante minutes.
Prochain rendez-vous : l’Argentine, puis le vrai test
Avec six points au compteur dans le groupe III, les Bleues n’ont besoin que d’une victoire contre l’Argentine samedi pour composter officiellement leur billet pour les quarts. Sur le papier, c’est largement à leur portée.
Mais attention. On connaît cette équipe : elle est capable de jouer à 80 % contre une nation moins forte et de se mettre en danger toute seule. Le sélectionneur l’a d’ailleurs répété après le match : il veut un match plein de la première à la dernière minute.
Parce qu’après l’Argentine, il y aura les Pays-Bas. À domicile. Dans une salle orange en fusion. Là, on entrera dans le vif du sujet. Et là, il faudra être prêt dès le coup d’envoi, pas à la 25e minute.
Ce que cette victoire nous dit du potentiel des Bleues
Ce qui est excitant avec cette équipe de France, c’est sa marge de progression. Elles ne sont clairement pas encore à 100 % de leurs moyens. L’attaque peut être plus vite circuler, les ailes peuvent être davantage sollicitées, les pivots mieux servis en continuité.
Mais quand même, elles gagnent de douze buts en jouant à 70 %. C’est le signe des très grandes équipes. Celles qui savent gagner même quand ça coince un peu. Celles qui montent en température au fil de la compétition.
Personnellement, je les vois aller très loin dans ce Mondial. Peut-être même conserver leur titre. Mais il va falloir continuer à travailler cette régularité sur soixante minutes. Parce que face aux Norvégiennes, aux Danoises ou aux Néerlandaises, il n’y aura pas de droit à l’erreur.
Les joueuses qui ont marqué des points
- Pauletta Foppa : entrée décisive, leader défensif et offensif
- Hatadou Sako : seconde période de très haut niveau
- Marie-Hélène Sajka : bras gauche en feu dès son entrée
- Oriane Ondono : contre-attaques fulgurantes
- Lilou Pintat : baptême du feu réussi pour la jeune recrue
En résumé, les Bleues ont fait le boulot. Elles ont montré qu’elles savaient réagir quand ça chauffe. Elles ont surtout prouvé que leur défense pouvait redevenir ce mur infranchissable qui avait terrorisé tout le monde aux JO.
Maintenant, place à la suite. L’Argentine samedi, puis le choc contre les Pays-Bas. Si elles passent ces deux matchs avec la même envie et un peu plus de régularité, alors oui, on pourra sérieusement commencer à parler d’un deuxième titre mondial consécutif.
Et vous, vous les voyez aller jusqu’où nos Bleues ?
