Vous savez cette petite voix intérieure qui vous dit « là, ça va être compliqué » juste avant un gros match ? Moi je l’ai eue dimanche soir après la défaite contre les Pays-Bas. Et puis hier soir, les Bleues m’ont gentiment fait taire. En même pas cinq minutes, elles avaient déjà pris les commandes face au Danemark et on a compris que ce quart de finale allait être une promenade de santé… ou presque.
Une entame de rêve qui pose les bases de tout
Imaginez la scène : coup d’envoi, et dès la première attaque française, le ballon circule à cent à l’heure. Les Danoises courent déjà après le score. 0-3 après quatre minutes. 3-7 à la dixième. On se frotte les yeux. Ce n’est pas une illusion, c’est simplement l’équipe de France version « on appuie sur l’accélérateur et on ne lâche plus ».
Ce qui frappe d’entrée, c’est la concentration. Pas de round d’observation, pas de tremblement. Elles sont venues pour gagner, point final. Et quand une équipe championne olympique en titre joue avec cette détermination-là, ça fait peur à tout le monde.
Sarah Bouktit, la patronne du soir
Difficile de passer à côté de sa prestation. Huit buts, meilleure joueuse du match, et surtout cette faculté hallucinante à trouver des angles impossibles dans le dos de la défense danoise. On a parfois l’impression qu’elle joue au ralenti pendant que les autres sont en accéléré.
Ce qui est fou, c’est qu’elle n’est même pas la plus médiatisée des Bleues d’habitude. Mais quand il faut répondre présent, elle est là. Hier, elle a littéralement porté l’attaque pendant les moments un peu plus compliqués en deuxième mi-temps. Une vraie leader technique.
« On voulait montrer qu’on était toujours là, qu’on n’avait pas abdiqué après les Pays-Bas. »
Sarah Bouktit, après le match
Hatadou Sako, le mur bleu
Parlons-en de la gardienne. Quand on dit qu’une gardienne est « survoltée », on pèse parfois les mots. Là, non. Sako a sorti des parades de malade, surtout en première période où le Danemark essayait encore de rester au contact.
À la pause, 12-17, et on se dit que sans elle l’écart aurait été bien pu être divisé par deux. Elle lit les tirs, elle anticipe, elle hurle sur sa défense pour la replacer. Bref, elle fait le boulot d’une capitaine sans le brassard.
Une défense qui a retrouvé ses automatismes
Ce qu’on avait un peu perdu contre les Pays-Bas, c’est cette agressivité collective qui fait mal. Hier, c’était revenu. Les Danoises n’ont jamais trouvé des solutions que par à-coups, jamais en continu. Les montées de balle françaises étaient rapides, précises, presque insolentes.
Et puis il y a cette solidarité défensive qu’on adore chez cette génération. Quand une joueuse est battue, il y en a toujours une autre pour venir aider. Résultat : le Danemark finit à 26 buts, ce qui est très peu face à une équipe de ce calibre.
Le contexte : pourquoi ce match était si important
Revenons deux jours en arrière. Défaite 26-23 contre les Pays-Bas, première de la phase principale. On nous avait vendu un match sans enjeu puisque les deux équipes étaient déjà qualifiées, mais symboliquement, ça piquait. Fin de série d’invincibilité, première place perdue, et surtout l’impression que les Néerlandaises avaient pris le dessus psychologiquement.
Du coup, ce quart contre le Danemark, double médaillé de bronze sortant, c’était le match réponse. Celui où il ne fallait pas trembler. Et franchement, je ne sais pas ce qu’Olivier Krumbholz leur a dit à l’entraînement, mais ça a marché à merveille.
- Revanche après la défaite contre les Pays-Bas ✓
- Montrer qu’on reste les patronnes olympiques ✓
- Envoyer un message aux trois autres demi-finalistes ✓
Tout a été coché avec la manière.
Prochain rendez-vous : l’Allemagne, un vieux classique
Vendredi, ce sera donc France-Allemagne. Et là, on entre dans les souvenirs récents très agréables. Mars 2025, deux victoires en amical (28-25 et 30-29). Et surtout, quart de finale des JO de Paris : 26-23 après un match tendu jusqu’au bout.
Les Allemandes restent sur une victoire tranquille contre le Brésil (30-23) et semblent monter en puissance. Mais les Bleues ont clairement un ascendant psychologique. Reste à confirmer sur le terrain.
Ce qui est intéressant, c’est que l’Allemagne joue un handball très physique, très allemand quoi. Si la défense française reste à ce niveau et que l’attaque continue de varier les solutions, ça peut faire très mal.
Et si c’était enfin l’année du titre mondial ?
Je pose la question sans détour. Cette équipe de France a tout : expérience, talent, profondeur de banc, staff au top. Le seul truc qui manque au palmarès, c’est l’or mondial. Argent en 1999, 2003, 2009, 2011, 2021. Bronze en 2007, 2016, 2023. On commence à en avoir marre des accessits.
Dans ce dernier carré, il reste la Norvège (comme toujours), les Pays-Bas (qui vont vouloir prendre leur revanche) et donc l’Allemagne ou nous. Le tableau est hyper ouvert. Et quand on voit la prestation d’hier, on se dit que tout est possible.
« On n’a pas de pression particulière, on veut juste aller au bout. »
Une joueuse dans le vestiaire, hier soir
Moi je veux y croire. Cette génération mérite ce titre. Et si elles continuent à jouer avec cette envie et cette solidité, personne ne pourra les arrêter.
Allez les Bleues. Rendez-vous vendredi. Et cette fois, on ne veut pas d’une médaille en chocolat.
