Il y a des soirs où une ville moyenne comme Blois semble soudainement basculer dans un autre monde. Mercredi 10 décembre 2025, vers 21 h 15, un jeune homme de 28 ans s’écroule sur le bitume, une balle dans le corps. Les secours arrivent vite, tentent le massage cardiaque, mais rien n’y fait. Il meurt là, au milieu de la rue, dans les quartiers nord. Et derrière ce drame, on sent déjà planer l’ombre lourde du narcotrafic.
Je vais être honnête : quand on entend parler d’un homicide par arme à feu en pleine ville, on pense immédiatement aux grandes métropoles, aux cités sensibles de Marseille ou de la banlieue parisienne. Pas forcément à Blois, cette paisible préfecture du Loir-et-Cher où l’on vient plutôt admirer le château ou flâner sur les bords de Loire. Et pourtant, la réalité rattrape parfois la carte postale de la façon la plus brutale qui soit.
Un homicide qui sent la poudre… et le règlement de compte
Les faits sont glaçants dans leur simplicité. Un homme né en 1997, déjà condamné plusieurs fois pour des histoires de stupéfiants, reçoit une balle au niveau d’un rein. Le tireur (ou les tireurs) disparaît dans la nuit avant même que les premiers témoins ne réalisent ce qui vient de se passer. Pas de témoins directs, pas d’arme retrouvée sur place, juste un corps et des questions qui s’accumulent.
Ce qui rend l’affaire encore plus inquiétante, c’est le détail qui a filtré rapidement : quelques minutes avant le drame, le frère de la victime aurait été pris en chasse par une voiture. À l’intérieur ? Des individus cagoulés. Vous imaginez la scène ? Un véhicule qui colle au pare-chocs, des types masqués, la peur qui monte… Et puis, bang. Le grand frère tombe. Difficile de ne pas y voir un lien, même si officiellement, on reste prudent.
« Toutes les pistes sont explorées, mais on ne peut pas affirmer à ce stade qu’il s’agit d’un règlement de compte lié au trafic de stupéfiants. »
Un magistrat proche du dossier
Le profil de la victime : un passé déjà chargé
À 28 ans, la victime n’était pas un inconnu des forces de l’ordre. Condamnations pour trafic et infractions liées aux stupéfiants, il évoluait clairement dans un milieu à risques. Est-ce que ça suffit à expliquer qu’on lui tire dessus en pleine rue ? Non, bien sûr. Mais ça donne une couleur particulière à l’enquête. Quand on trempe dans ce genre de business, on sait que la concurrence peut être… définitive.
Et puis il y a cette absence de fusillades récentes dans la ville. Les enquêteurs le soulignent : Blois n’avait pas connu ce type de violence armée depuis longtemps. Ce qui rend l’événement d’autant plus marquant. Comme si un seuil venait d’être franchi.
Une enquête confiée aux spécialistes du crime organisé
Dès le lendemain, l’affaire prend une tout autre dimension. Le parquet ouvre une enquête en flagrance pour homicide volontaire et confie les investigations à la Division de la criminalité organisée et spécialisée de Tours, en cosaisine avec la police locale. Autant dire les gros moyens. Quand on sort la DCOS (l’ex-pôle judiciaire), c’est rarement pour un différend de voisinage.
Les enquêteurs vont éplucher les téléphones, les caméras de vidéosurveillance, les antécédents, les dettes éventuelles, les rivalités. Ils vont remonter les filières, interroger le entourage, fouiller dans les comptes en banque. Bref, tout ce qui peut permettre de comprendre pourquoi ce jeune homme a été exécuté froidement.
- Analyse balistique de la douille (si elle est retrouvée)
- Exploitation des images de vidéosurveillance de la ville
- Auditions du frère et de la famille
- Plongée dans les réseaux de trafic local
- Recherche d’éventuels témoins oculaires
Autant de pistes qui demandent du temps et de la discrétion. Parce que dans ce genre d’affaires, les langues se délient rarement facilement.
Blois, ville tranquille… vraiment ?
On a tendance à l’oublier, mais même les villes de taille moyenne ne sont pas épargnées par la violence liée au trafic. Blois compte ses quartiers sensibles, ses points de deal, ses rivalités qui couvent. Rien de comparable avec certaines cités phocéennes, bien sûr, mais le business de la drogue ne connaît pas les frontières départementales.
Et puis il y a cette voiture avec des cagoulés. Ça ne vous rappelle rien ? Ce mode opératoire, on l’a vu ailleurs : des équipes qui viennent « faire le boulot » depuis l’extérieur, parfois même de loin, pour éviter les représailles locales. Une sorte de sous-traitance de la mort. Glauque, mais malheureusement efficace.
Le narcotrafic, ce cancer qui ronge même les petites villes
Parlons franchement. Le trafic de stupéfiants, ce n’est plus seulement l’affaire des grandes agglomérations. Avec l’explosion de la consommation de cocaïne et de cannabis, les réseaux se sont décentralisés. Aujourd’hui, il y a du business partout. Et là où il y a de l’argent rapide, il y a de la violence potentielle.
Je me souviens d’une conversation avec un ancien policier spécialisé : « Le jour où on a commencé à voir des fusillades dans des villes de 50 000 habitants, on a compris que le phénomène avait changé d’échelle. » On y est. Blois vient d’en faire l’expérience brutale.
Et maintenant ?
L’enquête ne fait que commencer. Dans les prochains jours, on saura peut-être si c’était bien un contrat, une dette non remboursée, une histoire de territoire ou quelque chose de plus personnel. En attendant, une famille pleure un fils et un frère, et toute une ville se demande si ce genre d’histoire peut encore arriver « chez nous ».
Ce qui est sûr, c’est que cet homicide ne restera pas sans suite. Quand on tire dans la rue, en pleine ville, avec cette mise en scène (la poursuite du frère, les cagoules), on envoie un message. Reste à savoir à qui il était destiné… et quelle sera la réponse.
Parce que dans ce milieu, malheureusement, il y a rarement un seul mort.
Ce drame nous rappelle une chose essentielle : derrière les statistiques de la délinquance, il y a toujours des vies brisées. Un jeune homme de 28 ans qui ne rentrera pas chez lui. Une mère qui apprend la nouvelle. Un frère qui a peut-être échappé au pire de justesse. Et une ville qui, l’espace d’une nuit, a vu son calme voler en éclats.
Souhaitons que la justice fasse rapidement la lumière sur cette affaire. Et que ce genre d’histoire reste l’exception… même si on sait tous, au fond, que le trafic continue son œuvre en silence.
