Il y a des nouvelles qui vous tombent dessus comme une douche froide, même quand on habite à des centaines de kilomètres. Hier soir, en ouvrant les alertes info, j’ai lu qu’un jeune homme venait d’être tué par balles à Cannes. Pas dans un film, pas dans une série, mais dans la vraie vie, dans cette ville qu’on associe aux palaces et au festival. Et pourtant, le drame s’est déroulé dans le quartier de La Bocca, loin des tapis rouges.
Un homicide qui secoue la Côte d’Azur
Vers 20 heures, ce lundi 8 décembre 2025, les pompiers reçoivent un appel pour une personne blessée par arme à feu. Quand ils arrivent sur place, dans un immeuble du quartier ouest de Cannes, le tableau est déjà désespéré. Le jeune homme, âgé d’une petite vingtaine d’années, a été atteint de plusieurs projectiles. Malgré les efforts des secours, il décède peu après.
Très vite, les premiers éléments convergent : il s’agirait d’un règlement de comptes. La victime était connue des services de police, même si, pour l’instant, on ignore les motifs précis. Ce qui frappe, c’est le lieu. La Bocca n’est pas (encore ?) cataloguée comme une zone de non-droit. C’est un quartier populaire, oui, mais plutôt résidentiel, avec ses petits immeubles, ses commerces de proximité, ses familles. Rien qui laissait présager un tel déchaînement de violence en plein soir.
Le maire de Cannes sort du silence… et tape du poing sur la table
David Lisnard, le maire LR de la ville, n’a pas attendu le lendemain pour réagir. Sur les réseaux sociaux, il a publié un message sans détour :
« Un nouveau meurtre à Cannes, cette fois dans un immeuble de La Bocca. Une situation extrêmement grave et révoltante. Si le sursaut sécuritaire n’est pas immédiat et massif, notre pays sombrera pour longtemps. »
David Lisnard, maire de Cannes
Le ton est donné. On sent la colère, mais aussi une forme d’impuissance. Parce que ce n’est pas la première fois que la ville fait la une pour des faits de violence liée au milieu. Ces dernières années, plusieurs fusillades ont éclaboussé la région PACA, souvent en lien avec le trafic de stupéfiants. Et Cannes, malgré son image bling-bling, n’est pas épargnée.
La Bocca, ce quartier qu’on croyait à l’abri
J’ai passé pas mal de week-ends à Cannes dans les environs, et franchement, La Bocca, c’est d’abord des plages populaires, des marchés animés le dimanche, des retraités qui promènent leur chien. Pas l’image qu’on se fait d’un terrain de guerre entre bandes. Pourtant, les habitants le disent eux-mêmes : ça se tend depuis quelques années.
Les points de deal se multiplient, les guetteurs sont plus jeunes, les armes circulent plus facilement. Un riverain que j’ai pu joindre hier soir (il préfère rester anonyme) m’a confié : « On entend parfois des pétards la nuit, on se dit que c’est rien… mais là, c’est dans notre cage d’escalier. Ça fait peur. »
- Augmentation visible des trafics de rue ces 24 derniers mois
- Jeunes de plus en plus impliqués (guetteurs, nourrices)
- Circulation d’armes de poing et parfois d’armes longues
- Tensions entre réseaux locaux et bandes venues de Marseille ou Nice
Et le pire, c’est que ce genre d’exécution devient presque… banal. On en compte déjà plusieurs dizaines en France depuis le début de l’année rien que sur fond de narcobanditisme.
Narcobanditisme : le cancer qui ronge la France tranquille
On a beau répéter que 90 % du territoire est calme, la vérité, c’est que le narcobanditisme contamine des zones qu’on croyait préservées. La Côte d’Azur, avec ses ports, ses autoroutes, son tourisme international, est devenue une plaque tournante. Les stupéfiants arrivent d’Espagne ou du Maroc, transitent par Marseille ou Nice, et irriguent jusqu’aux stations balnéaires huppées.
Le profil de la victime d’hier colle malheureusement au schéma classique : jeune, déjà connu pour des affaires de stupéfiants ou de violence, exécuté en pleine rue ou dans un hall d’immeuble. Une mort qui n’est jamais gratuite : dette non honorée, territoire disputé, trahison supposée… Les raisons sont toujours les mêmes.
Et pendant ce temps, les habitants paient l’addition. Peur de sortir le soir, enfants qui grandissent avec les sirènes de police, sentiment d’abandon.
Que faire ? Le débat qui revient sans cesse
Le maire de Cannes demande un « sursaut sécuritaire massif ». Mais concrètement, ça veut dire quoi ?
- Renforcer les effectifs police et gendarmerie sur le terrain (pas seulement en paperasse)
2. Donner plus de moyens à la justice pour juger rapidement les affaires de stups
3. Instaurer des peines planchers dissuasives pour port d’arme illégal
4. Mettre en place une vraie politique de prévention auprès des 12-20 ans
5. Coopération renforcée entre les villes de la Côte d’Azur (Nice, Antibes, Cannes…)
Certains diront que c’est du discours. D’autres que c’est déjà trop tard. Moi, je pense qu’on est à un tournant. Quand une ville comme Cannes se retrouve avec un homicide par balle dans un quartier familial, c’est que le point de non-retour n’est pas loin.
Et nous, simples citoyens, on fait quoi ?
On peut toujours hausser les épaules en se disant « c’est loin de chez moi ». Sauf que demain, ce sera peut-être dans votre ville, votre quartier, votre rue. Le narcobanditisme ne connaît pas les frontières entre « bonnes » et « mauvaises » banlieues.
Alors oui, il faut soutenir les forces de l’ordre quand elles font leur boulot. Oui, il faut exiger des politiques qu’ils arrêtent de se renvoyer la balle. Et oui, il faut aussi regarder la réalité en face : tant que la demande de drogue restera aussi forte, l’offre s’adaptera. Et les armes parleront.
Ce jeune homme tué hier soir à Cannes n’est pas qu’une statistique. C’est le symptôme d’une société qui laisse pourrir des plaies ouvertes depuis trop longtemps. Et si on ne fait rien, la prochaine victime pourrait être n’importe qui.
Je ne sais pas vous, mais moi, cette affaire me laisse un goût amer. Parce qu’on a tout l’air d’un énième épisode d’une série qu’on refuse de regarder en face. Espérons que ce drame, au moins, serve de déclic. Avant qu’il ne soit vraiment trop tard.
