Imaginez un gamin de 11 ans, à peine assez grand pour tenir un fusil, qui s’enrôle dans l’armée napoléonienne. Pas pour combattre, non, mais pour jouer de la flûte, apportant un peu de légèreté au chaos des champs de bataille. Ce gosse, c’est Anne-Toussaint Florent Rebsomen, un homme dont le destin hors du commun sera célébré ce samedi 14 juin 2025 à Dieppe. Son histoire, c’est celle d’un héros qui a traversé les guerres napoléoniennes, survécu à des blessures inimaginables, et transformé sa douleur en musique. J’ai toujours trouvé fascinant comment certains êtres humains, face à l’adversité, ne se contentent pas de survivre : ils créent, ils innovent, ils inspirent.
Un Parcours Forgé dans le Feu de l’Histoire
Rebsomen, né en 1789 à Paris, n’était pas un soldat ordinaire. Dès son plus jeune âge, il s’engage comme musicien dans l’armée, un rôle qui, à l’époque, était bien plus qu’un simple divertissement. Les musiciens donnaient le rythme aux marches, galvanisaient les troupes et, parfois, portaient l’espoir au cœur des combats. À 11 ans, il rejoint la 4e demi-brigade de ligne comme joueur de flûte, une entrée précoce dans un monde où la guerre et la gloire se côtoient.
Les musiciens militaires, bien plus que des artistes, étaient les battements de cœur des armées napoléoniennes, insufflant courage et discipline.
– Selon un historien spécialisé
En 1805, à seulement 16 ans, il intègre le prestigieux 2e Régiment de chasseurs à pied de la garde impériale. Ce corps d’élite, proche de Napoléon, participe aux campagnes les plus emblématiques : Austerlitz, la campagne de Russie, la terrible retraite de la Bérézina. Rebsomen gravit les échelons à une vitesse fulgurante, passant de simple musicien à officier supérieur. Mais c’est à Leipzig, en 1813, lors de la Bataille des Nations, que son destin bascule.
Le Tournant de Leipzig : Une Vie Brisée et Reconstruite
Octobre 1813. La Bataille des Nations fait rage. Rebsomen, alors officier, est au cœur du chaos. Deux boulets de canon le frappent, lui arrachant un bras et une jambe. Sur place, le chirurgien légendaire Dominique-Jean Larrey, pionnier de la médecine de guerre, l’opère dans des conditions extrêmes. Cette intervention, immortalisée dans un tableau conservé à Paris, sauve sa vie, mais le marque à jamais. Fait prisonnier par les Prussiens et les Russes, il est soigné et libéré en 1815, après la chute de Napoléon.
Ce qui m’impressionne, c’est sa résilience. Perdre deux membres à 24 ans aurait pu briser n’importe qui. Mais Rebsomen ? Il ne se contente pas de survivre. Il transforme son handicap en une force, et son histoire ne fait que commencer.
- Amputation : Perte d’un bras et d’une jambe à Leipzig.
- Chirurgie : Opéré par Dominique-Jean Larrey sur le champ de bataille.
- Prison : Capturé, puis libéré après deux ans.
Son retour à la vie civile est tout aussi remarquable. Fidèle à Napoléon, il doit s’éloigner de Paris après la défaite de l’Empereur. Il s’installe à Arques-la-Bataille, où il devient maire de 1830 à 1834. Puis, il occupe des fonctions de percepteur à Dieppe et à Neuville-lès-Dieppe. Mais c’est dans un tout autre domaine qu’il va laisser une trace indélébile : la musique.
Une Flûte pour Défier le Destin
Amputé, Rebsomen aurait pu abandonner la flûte, son premier amour. Au lieu de cela, il invente une flûte pour manchot, un instrument adapté à son handicap. Ce n’est pas juste une prouesse technique, c’est un symbole de sa détermination. Cette invention, bien que perdue aujourd’hui (seules des gravures subsistent), témoigne de son génie. Il ne s’arrête pas là : il compose, devient un flûtiste reconnu à l’international et prend la tête du philharmonique de Dieppe.
Créer une flûte adaptée à un seul bras, c’est transformer une limite en une œuvre d’art.
Je me demande souvent ce que ça fait de jouer d’un instrument conçu pour soi, dans un monde qui semble tout faire pour vous limiter. Rebsomen, lui, n’a pas attendu qu’on lui tende la main. Il a créé son propre chemin, note après note. Ses compositions, qu’on espère entendre à nouveau lors d’un événement prévu en octobre 2025, sont un écho de cette force intérieure.
| Étape de vie | Réalisation | Impact |
| Enfance | Engagement à 11 ans comme flûtiste | Entrée précoce dans l’histoire militaire |
| Guerres napoléoniennes | Officier de la garde impériale | Participation à Austerlitz et Bérézina |
| Post-amputation | Invention de la flûte pour manchot | Innovation musicale et résilience |
| Vie civile | Maire et percepteur | Contribution à la société locale |
Un Héritage Sauvé de l’Oubli
La tombe de Rebsomen, située au cimetière de Janval à Dieppe, aurait pu disparaître dans l’oubli. Les inscriptions, effacées par le temps, rendaient son histoire presque illisible. Mais grâce au travail acharné d’une équipe locale, son sépulcre a été restauré. Une plaque sérigraphiée, bientôt géolocalisée via une application dédiée, raconte désormais son parcours : officier de la Légion d’honneur, chevalier de Saint-Louis, vétéran de 17 ans de service et de 19 blessures.
Ce qui me touche, c’est l’idée qu’une vie aussi riche puisse être oubliée, puis redécouverte. Les chercheurs ont fouillé les archives, de Dieppe à Rouen, pour reconstituer son histoire. Leur travail montre à quel point chaque tombe peut cacher un destin extraordinaire, si on prend le temps de regarder.
- Recherche : Exploration des archives locales et nationales.
- Restauration : Réhabilitation de la tombe avec une plaque moderne.
- Hommage : Cérémonie prévue le 14 juin 2025 avec clairons et tambours.
La cérémonie du 14 juin 2025, à 16 heures, promet d’être un moment fort. Des généraux, des élèves militaires, des officiels, et même des membres de la garde républicaine en grand uniforme seront présents. C’est une reconnaissance tardive, mais méritée, pour un homme qui a servi, souffert, et créé.
Pourquoi Cette Histoire Résonne Aujourd’hui
Rebsomen, c’est plus qu’un héros du passé. Son parcours parle de résilience, d’innovation, et de la capacité à transformer la douleur en création. Dans un monde où on se sent parfois dépassé, son histoire rappelle qu’on peut toujours trouver un moyen de se relever. Sa flûte, même disparue, est une métaphore : un outil créé pour surmonter l’impossible.
Je ne peux m’empêcher de penser que cet hommage à Dieppe est aussi un rappel. On passe souvent devant des tombes, des monuments, sans se douter des vies qu’ils cachent. Peut-être que la prochaine fois que vous visiterez un cimetière, vous vous arrêterez pour lire une inscription. Qui sait quelle histoire vous découvrirez ?
Chaque tombe est une porte vers une histoire, si on prend le temps de l’ouvrir.
En octobre 2025, un événement pourrait permettre de rejouer les compositions de Rebsomen. Ce serait une façon de redonner vie à son héritage musical, même si sa flûte reste introuvable. En attendant, l’hommage du 14 juin à Dieppe est une première étape pour faire connaître cet homme hors du commun.
Un Héros Local, une Leçon Universelle
Dieppe, avec son cimetière de Janval, devient le théâtre d’une redécouverte. Rebsomen n’était pas seulement un soldat ou un musicien. Il était un homme qui a transformé chaque épreuve en opportunité. Maire, percepteur, flûtiste, inventeur : il a porté plusieurs casquettes, chacune avec panache.
Ce qui me frappe, c’est comment une petite ville comme Dieppe peut abriter des histoires aussi grandes. Ça pousse à réfléchir : combien d’autres héros oubliés dorment dans nos cimetières ? Combien d’inventions, de mélodies, de vies attendent d待 être redécouvertes ?
La cérémonie du 14 juin 2025 n’est pas qu’un hommage. C’est un appel à se souvenir, à creuser, à honorer ceux qui ont façonné notre histoire, qu’ils soient généraux ou simples soldats, musiciens ou maires. Rebsomen nous rappelle que l’héroïsme n’a pas besoin d’être bruyant pour être éternel.
En repensant à son parcours, je me dis qu’il y a quelque chose de profondément humain dans sa capacité à créer, même après avoir tout perdu. Sa flûte, ses compositions, sa vie civile : tout cela montre qu’il n’a jamais cessé d’avancer. Et si lui a pu le faire, pourquoi pas nous ?
Un Patrimoine à Préserver
Le travail de restauration de la tombe de Rebsomen n’est qu’un début. Grâce à des initiatives comme celle-ci, des vies extraordinaires sortent de l’ombre. Les applications de géolocalisation, comme celle utilisée pour marquer les sépultures des Morts pour la France, permettent de connecter le passé au présent. Elles nous rappellent que l’histoire n’est pas seulement dans les livres, mais sous nos pieds, dans les pierres usées des cimetières.
Pour moi, cette histoire est une leçon. Elle montre que l’héritage, qu’il soit militaire ou artistique, mérite d’être préservé. Rebsomen n’était pas un nom connu, et pourtant, son parcours pourrait inspirer des générations. Qui sait ce que d’autres recherches pourraient révéler ?
- Géolocalisation : Une application pour identifier les tombes historiques.
- Restauration : Un travail minutieux pour sauver les inscriptions.
- Héritage : Une histoire qui inspire au-delà de Dieppe.
En conclusion, l’hommage à Anne-Toussaint Florent Rebsomen n’est pas seulement une célébration d’un homme. C’est une invitation à regarder autour de nous, à fouiller dans notre passé, à redonner vie à ceux qui ont fait notre histoire. Ce 14 juin 2025, à Dieppe, un clairon résonnera pour un héros. Et peut-être, en écoutant, nous entendrons aussi l’écho de sa flûte, un son qui défie le temps.
