Imaginez un instant : nous sommes en juin 1940, la France est à genoux, l’armistice est imminent, et pourtant, un petit groupe de militaires décide de tout risquer. Pourquoi ? Parce qu’une voix, celle du général de Gaulle, résonne à travers les ondes de la BBC, appelant à la résistance. Cette histoire, presque oubliée, est celle des « premiers évadés de France », des héros partis d’un modeste village de Charente-Maritime pour rejoindre la lutte. À Fontenet, un hommage poignant leur est rendu, et j’ai eu envie de plonger dans cette épopée méconnue pour comprendre ce qui a poussé ces hommes et une femme à défier l’Histoire.
Une Épopée Oubliée Révélée À Fontenet
Fontenet, petit village niché en Charente-Maritime, n’est pas le genre d’endroit qu’on associe spontanément aux grands moments de l’Histoire. Et pourtant, c’est ici que tout a commencé pour un groupe de 19 militaires et une femme, Pervanche Goumin, qui ont écrit une page héroïque en répondant à l’Appel du 18 Juin. Ce 20 juin 1940, un bombardier Farman 222-2, surnommé « Altaïr », décolle de l’aérodrome local et atterrit à St Eval, en Angleterre. À son bord, des hommes refusant l’armistice proclamé par Pétain, préférant l’exil et la lutte aux côtés des Forces françaises libres. Cette commémoration, organisée 85 ans plus tard, remet en lumière leur courage.
« Ils ont choisi l’honneur face à la résignation, la liberté face à la soumission. Leur geste est un symbole pour nous tous. »
– Un historien local
Ce qui frappe, c’est l’audace de ce choix. À l’époque, quitter la France était un pari risqué : pas de certitude sur l’avenir, des familles laissées derrière, et la menace d’être traité comme déserteur. Mais pour ces premiers évadés, l’appel de De Gaulle était un phare dans la tempête. Alors, qui étaient ces pionniers, et qu’est-ce qui les a poussés à agir ?
Les Héros De L’Altaïr : Qui Étaient-Ils ?
À la tête de cette épopée, on trouve le capitaine Georges Goumin, commandant de l’école des radio-navigants de Fontenet. Accompagné de sa femme, Pervanche, il entraîne avec lui 18 sous-officiers, tous formés à l’aviation ou à la navigation aérienne. Leur point commun ? Une foi inébranlable en la possibilité de continuer le combat. Ces hommes, pour la plupart jeunes, n’étaient pas des têtes brûlées. Ils étaient des professionnels, conscients des enjeux, et leur décision de partir était mûrement réfléchie.
Ce qui rend leur histoire si particulière, c’est qu’ils n’ont pas agi seuls. Pervanche Goumin, présente à bord, incarne une figure rare : une femme dans un monde militaire dominé par les hommes. Son rôle exact reste flou – était-elle là pour soutenir son mari ou avait-elle une mission spécifique ? Peu importe, sa présence ajoute une dimension humaine à cette aventure. Elle montre que la Résistance n’était pas qu’une affaire de soldats, mais aussi de familles prêtes à tout sacrifier.
- Georges Goumin : Capitaine, leader charismatique, il orchestre l’évasion.
- Pervanche Goumin : Épouse du capitaine, symbole de courage féminin.
- 18 sous-officiers : Pilotes et navigateurs, prêts à risquer leur vie.
Leur départ n’était pas un simple voyage. C’était un acte de défi, un refus de plier face à l’occupation. Mais comment ont-ils réussi à organiser une telle opération en si peu de temps ?
Une Opération Audacieuse Sous Pression
Organiser une évasion en pleine débâcle de 1940 relevait de l’exploit. L’armistice, annoncé par Pétain le 17 juin, laissait peu de temps pour agir. En seulement deux jours, le groupe de Fontenet a dû planifier son départ, s’assurer du bon fonctionnement du Farman 222-2, et convaincre chaque membre de prendre part à l’aventure. Le tout dans un climat de chaos, avec les troupes allemandes avançant rapidement.
J’ai toujours été fasciné par ce genre de moments où l’Histoire bascule grâce à des décisions prises dans l’urgence. Ces hommes et cette femme n’avaient ni GPS, ni communications modernes. Ils ont compté sur leur instinct, leur formation, et une dose de courage brut. Le bombardier, un appareil massif mais fiable, était leur seule chance de rejoindre l’Angleterre. Atterrir à St Eval, une base alliée, était un pari : et si les Anglais les avaient pris pour des ennemis ?
« Partir, c’était choisir l’inconnu. Rester, c’était accepter la défaite. »
Leur réussite tient à une préparation minutieuse et à une confiance absolue entre eux. Mais une fois en Angleterre, leur combat ne faisait que commencer.
Le Destin Des Premiers Évadés
Une fois en Angleterre, la plupart de ces évadés rejoignent les Forces aériennes françaises libres. Leur expertise en aviation et navigation est un atout précieux pour les Alliés. Mais le prix à payer est lourd : sur les 19 militaires, six ne reviendront pas. Ils tombent au combat, sacrifiant leur vie pour la liberté. Six autres, cependant, seront honorés comme Compagnons de la Libération, une distinction réservée aux héros de la Résistance.
| Catégorie | Détails | Impact |
| Militaires évadés | 19 hommes, 1 femme | Pionniers de la Résistance |
| Pertes | 6 morts au combat | Sacrifice héroïque |
| Distinctions | 6 Compagnons de la Libération | Reconnaissance nationale |
Ce qui me touche, c’est que leur histoire aurait pu disparaître. Pendant des décennies, leur geste est resté dans l’ombre, éclipsé par d’autres récits de la Résistance. Pourquoi ? Peut-être parce que Fontenet est un lieu discret, loin des grands théâtres d’opérations. Pourtant, leur action est un symbole : ils ont prouvé que, même dans les moments les plus sombres, il est possible de dire non.
Fontenet 2025 : Un Hommage À La Mémoire
Aujourd’hui, Fontenet se mobilise pour rendre justice à ces héros. Une stèle commémorative, érigée dans le village, rappelle leur exploit. En 2025, une cérémonie marque le 85e anniversaire de leur départ, avec des discours, des dépôts de gerbes et une volonté claire : ne pas laisser leur histoire s’effacer. Les habitants, guidés par leur maire, veulent transmettre ce récit aux jeunes générations.
Ce genre d’initiative me semble essentiel. Dans un monde où l’Histoire est parfois reléguée au second plan, ces hommages locaux rappellent que le courage n’a pas besoin d’être spectaculaire pour être grand. À Fontenet, on ne célèbre pas des généraux ou des figures célèbres, mais des gens ordinaires qui ont fait des choix extraordinaires.
- Cérémonie annuelle : Dépôt de gerbes et discours officiels.
- Stèle commémorative : Un lieu de recueillement pour les visiteurs.
- Transmission : Ateliers éducatifs pour les écoles locales.
Mais au-delà de la cérémonie, une question se pose : comment faire vivre cette mémoire dans un monde qui change si vite ?
Pourquoi Cette Histoire Nous Parle Encore
Il y a quelque chose d’universel dans l’histoire des premiers évadés. Elle nous parle de courage, bien sûr, mais aussi de choix. En 1940, ces hommes et cette femme ont choisi de ne pas baisser les bras. Ils ont cru en une idée plus grande qu’eux : la liberté. Et si leur geste semble lointain, il résonne encore aujourd’hui, dans un monde où les valeurs de résistance et de solidarité sont toujours d’actualité.
Je me suis souvent demandé ce que j’aurais fait à leur place. Face à l’incertitude, aurais-je eu le cran de tout quitter ? Leur histoire nous pousse à réfléchir à nos propres convictions. Elle nous rappelle aussi que l’Histoire n’est pas faite que de grands noms, mais aussi de petites actions qui, mises bout à bout, changent le cours des choses.
« Leur départ a montré qu’un petit groupe peut faire une grande différence. »
– Un enseignant local
À Fontenet, cette mémoire est désormais ancrée. Les initiatives locales, comme les ateliers pédagogiques ou les expositions, permettent aux jeunes de découvrir ces héros. Et si l’on regarde plus loin, leur histoire pourrait inspirer d’autres villages à fouiller dans leur passé pour en extraire des pépites oubliées.
Un Appel À Ne Pas Oublier
En rédigeant cet article, j’ai réalisé à quel point des histoires comme celle des premiers évadés sont précieuses. Elles ne se contentent pas de nous raconter le passé ; elles nous interrogent sur notre présent. Que signifie résister aujourd’hui ? Comment honorer ceux qui ont tout donné pour des valeurs qu’on tient parfois pour acquises ?
Fontenet, avec sa stèle et ses cérémonies, nous offre une réponse : se souvenir, c’est agir. C’est refuser que ces sacrifices tombent dans l’oubli. C’est transmettre, encore et encore, pour que les générations futures sachent que, même dans les moments les plus sombres, il y a toujours eu des gens pour dire non.
Alors, la prochaine fois que vous passez en Charente-Maritime, faites un détour par Fontenet. Prenez un moment devant la stèle. Et pensez à ces 19 hommes et à cette femme qui, un jour de juin 1940, ont choisi la liberté. Leur histoire mérite d’être racontée, encore et encore.
