Vous est-il déjà arrivé de vous demander jusqu’où peut mener une crise qu’on n’a pas vu venir ? Pas la petite dispute du quotidien, non. Celle qui fait basculer tout un immeuble dans l’angoisse en quelques heures à peine. C’est exactement ce qui s’est passé un soir de décembre dans une rue tranquille du Maryland, aux États-Unis.
Une femme rentre chez elle. Rien ne laissait présager la tempête. Et puis, d’un coup, son compagnon bascule. Ce qu’elle décrira plus tard comme « un épisode maniaque complet » va transformer leur appartement en scène de chaos absolu.
Quand la bipolarité explose sans prévenir
Il est un peu plus de 14 heures quand les premiers appels arrivent aux services d’urgence. On signale qu’un chien vient d’être jeté du troisième étage d’un immeuble résidentiel. Les témoins sont choqués, certains filment la scène avec leur téléphone. L’animal, miraculeusement, survivra à la chute. Mais ce n’est que le début.
Quelques heures plus tard, vers 21 heures, le même immeuble est en feu. Les pompiers débarquent en nombre. Les flammes ont pris au dernier étage et menacent de se propager. Les habitants évacués, en pyjama dans la rue, regardent leur maison partir en fumée. Et au milieu de tout ça, un seul responsable.
Le déroulement heure par heure d’une soirée cauchemardesque
Tout commence par une dispute. Classique, diront certains. Sauf que chez les personnes atteintes de trouble bipolaire, une simple étincelle peut déclencher une déflagration.
- 14 h 35 – Le chien est projeté dans le vide depuis le balcon
- 15 h – Les affaires personnelles de la compagne suivent le même chemin
- 20 h 50 – L’incendie se déclare au troisième étage
- 21 h 15 – Deux équipes de pompiers luttent contre un feu déjà virulent
- Minuit – L’homme est extrait des décombres, grièvement blessé mais vivant
Ce qui frappe, c’est la rapidité. En moins de sept heures, on passe d’une querelle de couple à une tentative de destruction totale. C’est cette vitesse qui terrifie dans les épisodes maniaques aigus.
« Il était complètement hors de lui. Il criait, il ne me reconnaissait plus. J’ai eu peur pour ma vie. »
– La compagne, interrogée peu après les faits
Les signes qu’on n’a pas voulu voir
Avec le recul, elle dira qu’il y avait des alertes. Des nuits sans sommeil, des discours incohérents, des projets délirants. Classiques de la phase maniaque. Mais quand on vit avec quelqu’un depuis des années, on a parfois tendance à minimiser. « Ce n’est qu’une période », se dit-on. Jusqu’au jour où ça explose.
J’ai moi-même connu des proches qui ont traversé ça. On se sent impuissant. On se dit que ça va passer. Et puis un jour, il y a ce déclic violent qui nous fait réaliser que non, ça ne passe pas tout seul.
Dans ce cas précis, l’épisode a pris une forme particulièrement destructrice :
- Idées de persécution (« tout le monde est contre moi »)
- Impulsivité extrême
- Absence totale de frein moral ou de peur des conséquences
- Sentiment de toute-puissance (« je peux tout détruire, ça n’aura aucune importance »)
Le chien, première victime d’une colère incontrôlable
On parle beaucoup de l’incendie, mais le geste le plus glaçant reste celui envers l’animal. Le jeter dans le vide comme un vulgaire objet. C’est là que la maladie mentale montre parfois son visage le plus cruel : la perte totale d’empathie, même envers ceux qu’on aime.
Le chien, lui, s’en sortira avec des fractures mais vivra. Des voisins l’ont récupéré en urgence et emmené chez un vétérinaire. Il porte désormais le surnom de « Miracle » dans le quartier.
L’incendie : quand la manie se transforme en danger public
Mettre le feu à son propre appartement alors qu’on habite un immeuble de plusieurs familles, c’est passer dans une autre dimension de dangerosité. Les enquêteurs parleront d’un départ de feu intentionnel, probablement avec un accélérant.
Les pompiers ont dû gérer un incendie de niveau 2, ce qui signifie déjà une propagation rapide et un risque important. Heureusement, les dégâts ont été contenus au dernier étage.
Mais imaginez la panique des voisins. Des enfants, des personnes âgées, des familles entières chassées en pleine nuit. Certains n’ont même pas eu le temps de prendre leurs médicaments ou leurs papiers.
Que dit la justice face à la folie ?
L’homme a été arrêté dès sa sortie de l’hôpital. Les chefs d’accusation sont lourds : incendie criminel au premier degré, destruction volontaire de biens, mise en danger de la vie d’autrui. En théorie, il risque des décennies de prison.
Mais dans les faits ? Quand un trouble psychiatrique aussi évident est en jeu, les choses se compliquent. Aux États-Unis, l’irresponsabilité pénale pour cause de maladie mentale existe. Reste à savoir si les expertises iront dans ce sens.
On peut parier qu’il finira plutôt en unité psychiatrique sécurisée qu’en prison classique. Ce qui pose une autre question : est-ce qu’on punit ou est-ce qu’on soigne ?
La bipolarité, cette maladie qu’on comprend encore mal
Derrière ce fait divers glaçant, il y a une réalité médicale que beaucoup ignorent. Le trouble bipolaire touche environ 2 % de la population. Et parmi eux, une partie fait des épisodes maniaques sévères avec symptômes psychotiques.
Ce qui s’est passé ce soir-là, c’est l’illustration tragique de ce qui arrive quand :
- Le traitement est arrêté brutalement
- Il n’y a plus de suivi psychiatrique régulier
- L’entourage minimise les signaux d’alerte
- La crise atteint son paroxysme
Et parfois, malheureusement, il faut un drame pour que tout le monde ouvre les yeux.
Et la compagne dans tout ça ?
On parle peu d’elle, et pourtant. Vivre avec une personne bipolaire non stabilisée, c’est un combat de tous les jours. Entre amour, peur, culpabilité et épuisement.
Elle a vu son chien projeté dans le vide. Ses affaires détruites. Son logement incendié. Et son compagnon emmené menottes aux poignets après avoir failli mourir dans les flammes qu’il avait lui-même allumées.
Combien de partenaires, de parents, d’amis vivent ce genre de situation en silence ? Combien attendent le point de non-retour ?
Ce qu’il faudrait retenir de cette histoire
Au-delà du sensationnel, ce fait divers nous renvoie à des questions de société profondes :
- Pourquoi tant de personnes atteintes de troubles psychiatriques graves se retrouvent-elles sans suivi ?
- Comment mieux repérer les signaux d’une décompensation imminente ?
- Est-ce qu’on forme suffisamment les proches à réagir avant qu’il ne soit trop tard ?
- Et surtout : comment éviter que la prochaine crise ne fasse des victimes ?
Parce qu’il y aura une prochaine fois. Il y en a tous les jours, quelque part. Parfois ça finit juste dans les journaux quand c’est spectaculaire.
Cette histoire, aussi terrible soit-elle, pourrait peut-être servir à quelque chose. À rappeler qu’une maladie mentale, ce n’est pas une faiblesse. C’est une pathologie sérieuse qui peut devenir mortelle – pour soi et pour les autres – quand elle n’est pas prise en charge.
Le chien s’en est sorti. L’immeuble tiendra debout. L’homme, lui, va entamer un long chemin, entre soins forcés et procédure judiciaire.
Et nous ? On continue à regarder ailleurs jusqu’au prochain titre choc ? Ou on commence enfin à parler sérieusement de santé mentale, sans tabou et sans attendre la catastrophe ?
Je crois que cette question-là mérite qu’on s’y arrête un peu plus longtemps que le temps d’un simple clic indigné.
