Il y a des buts qui font plus que trois points. Il y a des frappes qui racontent une renaissance. Dimanche dernier à la Meinau, quand Hugo Magnetti a armé cette demi-volée de dingue à l’entrée de la surface, expédiée à plus de 96 km/h dans la lucarne strasbourgeoise, j’ai eu l’impression de voir bien plus qu’un simple geste technique. J’ai vu un mec qui disait au foot français : « Je suis toujours là, et j’ai encore des choses à prouver. »
Hugo Magnetti, l’Homme qui est Resté quand Tout Changeait
L’été 2025 a été brutal pour Brest. Pierre Lees-Melou a filé direction Paris FC, Mahdi Camara a signé à Rennes. Le trio magique du milieu, celui qui fonctionnait les yeux fermés, celui qui avait porté les Ty-Zefs jusqu’en Ligue des Champions, explosait en quelques semaines. Beaucoup auraient compris que Magnetti veuille suivre le mouvement. Nantes était là un an et demi plus tôt, d’autres clubs ont sûrement appelé. Mais non. Le Marseillais a choisi de rester. Par fidélité ? Par ambition ? Un peu des deux, sans doute.
Et puis, soyons honnêtes, on l’a tous trouvé un peu en dedans en début de saison. Moins tranchant, plus prudent, presque en mode gestion. Normal. Perdre ses deux partenaires historiques, digérer deux saisons à 46 matchs chacune, assimiler un nouveau système avec deux sentinelles à plat et un gamin comme Joris Chotard à côté… Ça fait beaucoup.
Le déclic strasbourgeois : quand tout bascule
Mais depuis quelques semaines, quelque chose a changé. Le Hugo qu’on connaissait, celui qui gratte des ballons comme personne (deuxième meilleur intercepteur de Ligue 1 derrière Arthur Avom), celui capable de casser les lignes d’une passe laser ou d’envoyer des missiles de 30 mètres, est revenu. Et pas qu’un peu.
« Hugo arrivait bien à gérer le tempo. D’ailleurs, il aurait mérité lui aussi de franchir un cap. »
Mathias Pereira Lage, son ancien coéquipier parti à Sankt Pauli
Ce but à Strasbourg, c’est le symbole parfait. Pas seulement parce qu’il est magnifique (franchement, on le reverra en boucle jusqu’à la fin de la saison). Mais parce qu’il récompense une prise de risque. Magnetti a senti qu’il devait se lâcher davantage. Il l’a dit lui-même : il bossait déjà le mental, mais là, il a franchi un palier.
Un cadre naturel qui ne fait pas de bruit
À 27 ans, Hugo Magnetti n’est plus le jeune qui monte. Il est devenu le vice-capitaine officieux derrière Brendan Chardonnet. Il ne hurle pas dans le vestiaire, il ne prend pas la parole à chaque réunion. Mais quand il parle, tout le monde écoute. Parce qu’il montre l’exemple tous les jours.
- 96 matchs joués sous Éric Roy : record absolu du groupe
- Deuxième meilleur intercepteur du championnat
- Contrat jusqu’en 2027 : il n’a jamais voulu écouter les sirènes
- Le joueur le plus utilisé par Roy depuis trois ans
Ces chiffres parlent plus que n’importe quel discours.
Le mauvais perdant qui fait rire tout le vestiaire
On le sait moins, mais Magnetti est un compétiteur maladif. L’histoire du padel racontée par Pereira Lage est savoureuse : après avoir perdu une manche, il a tout fait pour gagner les deux suivantes, et la belle a fini en débat national dans le groupe WhatsApp du vestiaire. « Hugo boude un peu, c’est assez drôle à voir », sourit l’ancien Brestois. C’est exactement ça : un mec qui veut tout gagner, tout le temps. Sur un terrain de foot ou sur un terrain de padel.
Et ce caractère, Éric Roy l’adore. Le coach breton sait qu’il peut compter sur lui à 200 %. D’ailleurs, sauf énorme surprise, Magnetti sera titulaire ce vendredi soir contre Monaco. La 97e fois sous les ordres de Roy. Ça commence à faire beaucoup.
Un Marseillais devenu Breton d’adoption
Formé à Marseille, il aurait pu rêver plus grand, plus clinquant. Mais non. Brest, c’est devenu sa maison. Les supporters l’ont adopté, les gamins portent son maillot floqué « Magnetti 8 », et lui rend tout ça sur le terrain. Il y a quelque chose de profondément touchant dans cette fidélité à l’ancienne dans un football où tout va trop vite.
Quand on lui parle de départ, il esquive. Pas parce qu’il n’a pas d’ambition – il en a, et énorme – mais parce qu’il estime ne rien avoir à prouver ailleurs pour l’instant. Il veut écrire l’histoire de Brest. Point final.
Et maintenant ?
Avec le retour de Chardonnet et Locko, Brest va pouvoir aligner son onze-type contre Monaco. Et Magnetti sera au cœur du réacteur. Face au milieu monégasque, il aura l’occasion de montrer qu’il n’a rien à envier à ceux qui sont partis toucher plus gros ailleurs.
Parce qu’au fond, c’est peut-être ça le plus beau dans l’histoire d’Hugo Magnetti : il n’a pas besoin de partir pour grandir. Il grandit ici, chez lui, avec les siens. Et franchement, dans le foot d’aujourd’hui, ça fait un bien fou à voir.
Alors oui, il y aura d’autres buts spectaculaires, d’autres interceptions décisives, d’autres matchs où il jouera les 90 minutes avec la rage au ventre. Mais ce qu’on retiendra surtout, c’est qu’il a choisi de rester quand tout le monde aurait compris qu’il parte.
Et ça, ça n’a pas de prix.
(Article rédigé après le match Strasbourg-Brest et avant la réception de Monaco – 5 décembre 2025)
