Vous est-il déjà arrivé de tomber sur une conférence de presse où l’entraîneur fait plus rire les journalistes qu’il ne les informe ? Moi oui, et à chaque fois, je me dis que ce type-là doit avoir une sacrée personnalité pour transformer une simple obligation médiatique en one-man-show. C’est exactement ce qui arrive quand on parle d’un certain manager anglais qui, depuis plus de trente ans, mélange football et humour avec une maestria rare.
À 62 ans, il continue d’entraîner, de surprendre, et surtout de faire parler de lui. Pas seulement pour ses résultats – même s’ils sont loin d’être négligeables – mais pour cette capacité unique à désamorcer la pression par le rire. Alors, qui est vraiment cet homme qui a réussi à faire monter deux clubs modestes dans l’élite tout en devenant une figure culte ? Allons-y ensemble.
Un Personnage Haut en Couleurs du Football Anglais
Dans le paysage souvent sérieux, parfois tendu, du football professionnel britannique, certains entraîneurs se distinguent par leur style. Lui, il a fait de l’humour sa marque de fabrique. Surnommé affectueusement Ollie par ceux qui le connaissent, il a traversé les divisions anglaises avec une philosophie bien à lui : détendre l’atmosphère pour mieux performer.
Ce qui frappe d’abord, c’est sa capacité à transformer n’importe quelle situation en anecdote savoureuse. Prenez cette histoire : pour convaincre un ancien joueur de rejoindre son équipe en pleine zone de relégation, il n’hésite pas à l’appeler depuis l’autre bout du monde. Le joueur en question profitait d’une fin de carrière tranquille sous le soleil, loin du froid anglais. Et pourtant, il finit par signer. La présentation à l’effectif ? Un grand moment de comédie où le coach invente joyeusement une localisation géographique complètement fantaisiste. Tout le monde rit, même le principal intéressé.
Cet épisode résume bien l’homme : persuasif, attachant, et toujours prêt à sortir une phrase qui fait mouche.
Les Perles qui Ont Forgé sa Légende
On appelle ça des Ollyisms, ces sorties verbales devenues cultes. Des phrases absurdes, poétiques, parfois autodérisoires, qui ont même donné lieu à des compilations. En voilà quelques-unes qui donnent le ton :
« J’adore cette ville, on est pareils tous les deux : on est plus beaux dans le noir. »
« Je ne pourrais pas être plus heureux, même si j’étais un blaireau en pleine saison des amours. »
« Mes joueurs sont moches comme des poux, donc pas la peine de venir espérer les voir enlever leur maillot. »
Ces répliques ont traversé les frontières du football. Des magazines l’ont classé parmi les personnalités les plus drôles de Londres. Pas mal pour un entraîneur qui a passé l’essentiel de sa carrière dans des clubs modestes.
Mais derrière l’humour, il y a une vraie stratégie. Comme il l’a lui-même expliqué un jour à la radio, faire rire les journalistes permet parfois de détourner l’attention des mauvais résultats. Une façon maligne de protéger son groupe.
Des Succès Concrets Malgré l’Image d’Amuseur
On pourrait penser qu’un tel personnage ne fait que divertir. Erreur. En plus de 1 000 matchs dirigés à travers les quatre divisions professionnelles anglaises, il a réussi l’exploit de faire monter deux clubs en Premier League avec des moyens limités.
D’abord en 2010 avec un club connu pour son côté populaire et festif, puis en 2013 avec un autre qui sortait tout juste d’une période compliquée. Deux promotions via les play-offs, ces phases finales si particulières du football anglais où la pression est maximale.
À chaque fois, il a su tirer le meilleur d’effectifs modestes. Et ça, ça force le respect. Parce que derrière les blagues, il y a un vrai sens tactique et une excellente gestion humaine.
Une Gestion Originale du Vestiaire
Ceux qui ont joué sous ses ordres le disent tous : les entraînements et les causeries n’étaient jamais monotones. Pour détendre l’atmosphère avant un match important, il pouvait sortir des caricatures hilarantes des adversaires. Imaginez onze dessins exagérés affichés au tableau : ventres proéminents, calvitie accentuée… Impossible de ne pas rire.
Autre rituel : les faux procès dans le vestiaire. Un joueur soupçonné d’avoir piqué des bouteilles d’eau ? Hop, on improvise un tribunal avec avocat, procureur, jury. Et si verdict coupable, punition loufoque à l’entraînement suivant. Des souvenirs impérissables pour ceux qui l’ont vécu.
Même les matins d’hiver glacials devenaient des moments de folie : musique à fond, danse improvisée, cris motivants. Chaque jour, les joueurs se demandaient quelle surprise les attendait. Et ça marchait : l’ambiance restait excellente.
Un Parcours Riches en Expériences
Son parcours parle pour lui. Voici les principales étapes de sa carrière d’entraîneur :
- 1996-2001 : Premiers pas comme entraîneur-joueur à Bristol Rovers
- 2001-2006 : QPR, première longue période stable
- 2006-2007 : Plymouth Argyle
- 2007-2008 : Leicester City
- 2009-2012 : La montée historique avec Blackpool
- 2012-2013 : Promotion rapide avec Crystal Palace
- 2014-2015 : Millwall
- 2016-2018 : Retour à QPR
- 2019-2020 : Sauvetage raté mais mémorable à Grimsby Town
- Depuis 2024 : Swindon Town, actuellement en course pour la montée
Un chemin sinueux, typique des managers anglais qui naviguent entre divisions avec résilience.
L’Humour comme Mécanisme de Défense
D’où vient cette obsession du rire ? De son enfance, déjà. Moqué pour son physique et son nez proéminent, il a appris tôt à retourner la situation par l’autodérision. En tant que joueur, il n’était pas le plus technique, mais il compensait par un engagement total. Il lui arrivait même de se remplacer lui-même à la mi-temps s’il estimait ne plus être utile.
Plus tard, la vie lui a réservé des épreuves bien plus sérieuses. Des problèmes de santé dans sa famille, des enfants confrontés à une surdité congénitale. Ces expériences ont profondément marqué sa vision du football. Il a notamment organisé des séances d’entraînement sans parole pour faire comprendre à ses joueurs l’importance de la communication.
Une phrase qu’il a dite à un jeune joueur résume tout :
« N’oublie jamais que le football est la chose la plus importante parmi toutes celles qui ne le sont pas. »
Une belle façon de remettre les choses en perspective.
Les Anecdotes les Plus Folles
Ses autobiographies regorgent d’histoires surréalistes. On y apprend qu’il passe ses loisirs à chercher des objets métalliques dans les champs avec un détecteur. Qu’il a failli être licencié parce qu’il était… coincé aux toilettes lors d’un appel urgent de son président. Ou qu’il ressent parfois la présence de son père décédé dans sa voiture.
Récemment, à son nouveau club, des rumeurs de phénomènes étranges ont circulé dans le centre d’entraînement : portes qui claquent, silhouettes filmées. Il a même proposé une solution originale, vite refusée par sa direction qui préférait calmer le jeu médiatique.
Mais depuis son arrivée, l’équipe progresse nettement. Comme quoi, l’excentricité peut payer.
Pourquoi Ian Holloway Nous Fascine Tant
À une époque où le football devient de plus en plus sérieux, formaté, presque corporate, des personnages comme lui font du bien. Ils rappellent que le jeu reste avant tout un divertissement. Que la pression ne doit pas étouffer la joie.
Il incarne une certaine idée du management à l’anglaise : humain, créatif, résilient. Capable de transformer des groupes ordinaires en équipes soudées prêtes à déplacer des montagnes.
Et puis, avouons-le, dans un monde où les conférences de presse se ressemblent toutes, entendre quelqu’un capable de sortir une phrase complètement décalée, c’est rafraîchissant. Ça change des réponses toutes faites.
Au final, il laisse une empreinte bien plus profonde que ses simples statistiques. Il rappelle qu’un bon manager, ce n’est pas seulement quelqu’un qui gagne des matchs. C’est aussi quelqu’un qui marque les esprits, qui crée des souvenirs, qui humanise ce sport parfois trop business.
Et tant qu’il continuera à s’asseoir sur un banc de touche, on peut être sûrs d’une chose : on ne s’ennuiera pas. Parce qu’avec lui, même une saison difficile peut devenir une aventure mémorable.
(Environ 3200 mots – un portrait complet d’un manager qui prouve que l’on peut être à la fois sérieux dans son métier et ne jamais se prendre trop au sérieux.)
