Vous savez ce qui est paradoxal ? En plein cœur de l’hiver, quand on rêve de plonger dans une eau à 35 °C avec la neige qui tombe doucement autour, un feu vient tout ravager. C’est exactement ce qui s’est passé il y a quelques jours dans les Pyrénées-Orientales, aux Bains de Llo. Un incendie violent, en pleine nuit, et hop, l’un des spots les plus prisés de la Cerdagne ferme ses portes pour plusieurs semaines. Difficile de faire plus cruel pour les habitués.
Un sinistre qui tombe au pire moment
L’hiver, c’est la haute saison pour les thermes de montagne. Skieurs qui viennent détendre leurs courbatures après les pistes, frontaliers espagnols qui traversent la frontière pour une parenthèse bien-être, curistes qui profitent des vertus de l’eau sulfureuse… Chaque année, près de 100 000 personnes passent par là. Et là, paf. Le 8 décembre, à l’aube, le sauna part en fumée et la charpente du bâtiment principal prend cher.
Les pompiers, appelés à 6 h 11, ont débarqué en moins de trente minutes. Une trentaine d’hommes et femmes qui ont tout donné pour limiter la casse. Franchement, chapeau. Sans leur réactivité, on parlait peut-être d’une catastrophe totale.
« On a eu très peur, mais les soldats du feu ont été formidables. Ils ont contenu le sinistre avant de l’éteindre complètement. »
– Le gérant de l’établissement
Que s’est-il réellement passé cette nuit-là ?
Pour l’instant, l’origine reste floue. Les experts sont sur le coup. Ce qui est sûr, c’est que la visite de sécurité datait de moins de quinze jours et que tout était en règle. Pas d’imprudence évidente, pas de piste criminelle évoquée. Un accident, tout simplement. Le genre qui vous tombe dessus sans prévenir et qui vous oblige à tout repenser.
Le sauna ? Réduit en cendres. La charpente du bâtiment principal ? Gravement endommagée. Les bassins extérieurs, eux, ont été préservés – l’eau continuait même de couler, comme un clin d’œil ironique de la montagne.
Conséquences immédiates : fermeture et chômage technique
Résultat des courses : portes closes pour plusieurs semaines, minimum. Les dix salariés sont placés en chômage technique. La partie « bien-être » – massages, soins esthétiques, tout le tralala – est à l’arrêt complet. Et les clients ? Ils se retrouvent le bec dans l’eau… froide, cette fois.
- Plus de bassins extérieurs à 35 °C sous la neige
- Plus de sauna (de toute façon, il n’existe plus…)
- Plus de rituel après-ski made in Cerdagne
- Des habitués dépités et déjà en recherche d’alternatives
Pour les Catalans du sud, c’est presque une petite tragédie. Traverser la frontière pour une heure ou deux de détente, c’était le petit plaisir du week-end. Là, il va falloir pousser jusqu’à Dorres ou attendre sagement la réouverture.
Quand le drame accélère les rêves
Mais – et c’est là que l’histoire prend une tournure intéressante – le gérant refuse de se laisser abattre. Loin de là. Il y voit même « une opportunité » pour avancer plus vite sur le projet d’agrandissement qui traînait dans les cartons depuis un moment.
« De ce mauvais coup du sort, nous ferons une opportunité pour accélérer notre projet d’agrandissement ! »
Franchement, j’admire cette capacité à retourner la situation. Parce qu’en réalité, reconstruire après un incendie, c’est l’occasion rêvée de tout mettre aux normes dernières générations. Isolation, sécurité incendie renforcée, design plus moderne, peut-être même de nouveaux bassins ou un espace bien-être agrandi. Bref, transformer la tuile en tremplin.
Les Bains de Llo, un petit paradis pyrénéen
Pour ceux qui ne connaissent pas encore, les Bains de Llo, c’est un peu le secret bien gardé de la Cerdagne. Nichés dans une vallée encaissée, à deux pas de la frontière espagnole, entre Saillagouse et Bourg-Madame. L’eau sort naturellement à plus de 30 °C, sulfureuse juste ce qu’il faut, avec vue sur les montagnes enneigées. L’hiver, l’expérience est magique : on passe du froid mordant à une chaleur enveloppante en quelques pas.
Il y a les bassins extérieurs, évidemment, mais aussi tout un panel de soins : modelages, enveloppements, esthétique. Une entreprise familiale qui a su garder une ambiance chaleureuse, loin des usines à curistes que l’on trouve parfois ailleurs.
Et maintenant ? Vers une renaissance plus forte ?
Personne ne sait encore la durée exacte de la fermeture. Quelques semaines, c’est la fourchette annoncée, mais on connaît la musique : entre expertises, assurances, appels d’offres et travaux, ça peut vite déraper. Surtout en montagne, où la météo n’aide pas toujours.
Mais une chose est sûre : quand les Bains de Llo rouvriront, ils risquent de le faire en fanfare. Plus modernes, plus sécurisés, peut-être plus grands. L’histoire d’un phénix thermal, en quelque sorte.
En attendant, les habitués vont devoir prendre leur mal en patience. Ou partir explorer d’autres sources chaudes des Pyrénées – il y en a, heureusement, quelques-unes qui valent le détour. Mais aucune n’a tout à fait le charme brut et l’âme de Llo.
Je garderai un œil sur l’évolution de la situation. Parce que, mine de rien, ce petit coin de paradis mérite de renaître plus beau qu’avant. Et quand les portes rouvriront, je serai probablement parmi les premiers à retourner tremper mes pieds gelés dans cette eau miraculeuse. Promis, je vous raconterai.
D’ici là, courage à l’équipe, merci encore aux pompiers, et rendez-vous bientôt pour la suite de cette histoire qui, espérons-le, finira sur une note positive.
