Imaginez-vous flâner dans un port corse au clair de lune, l’odeur saline de la mer mêlée à celle du maquis. Soudain, une lueur rougeâtre déchire la nuit, et une épaisse fumée s’élève des quais. Ce n’est pas un accident : des bateaux de promenade, ces semi-rigides qui emmènent les touristes découvrir les criques turquoise, partent en flammes. Ce scénario, digne d’un polar méditerranéen, est devenu une réalité inquiétante en Corse ces derniers mois. Une vague d’incendies criminels frappe l’île, ciblant spécifiquement les acteurs du tourisme maritime. Mais qui se cache derrière ces actes ? Et pourquoi ?
Une série d’attaques ciblées
Depuis le printemps, la Corse est secouée par une série d’incendies qui ne semblent pas dus au hasard. À Calvi, dans la nuit de lundi à mardi, cinq bateaux semi-rigides, appartenant à trois entreprises différentes, ont été réduits en cendres. Les pompiers, alertés vers trois heures du matin, n’ont pu que constater les dégâts. Selon des sources proches de l’enquête, des individus armés de bidons d’essence seraient à l’origine de cet acte. Ce n’est pas un cas isolé : des incidents similaires ont frappé Saint-Florent fin avril et Ajaccio mi-mai.
Les premières constatations pointent vers une origine criminelle, avec des indices clairs d’une action organisée.
– Source judiciaire anonyme
Ces attaques ne se contentent pas de détruire des biens matériels. Elles touchent des entreprises locales, souvent familiales, qui font vivre le tourisme, un pilier économique de l’île. À Saint-Florent, un bateau emblématique, en activité depuis des décennies, a été réduit en cendres. À Ajaccio, une compagnie assurant des traversées régulières a vu l’un de ses navires partir en fumée après une tentative avortée quelques mois plus tôt. Ce qui frappe, c’est la récurrence et la précision de ces actes. On ne brûle pas un bateau par hasard.
Un parfum de mafia dans l’air
Derrière ces flammes, une ombre plane : celle de la criminalité organisée. Les autorités judiciaires, bien que prudentes dans leurs déclarations, ne cachent pas que ces actes portent la marque de pratiques mafieuses. Une enquête pour association de malfaiteurs et destruction en bande organisée a été ouverte, confiée à des unités spécialisées. Ce n’est pas la première fois que la Corse est confrontée à ce type de violences. Des restaurants de plage, des commerces et même des résidences secondaires ont été visés par des incendies similaires ces dernières années.
Ces attentats crapuleux visent à ruiner des entreprises pour mieux asseoir une emprise sur le territoire.
– Collectif local contre la mafia
Pour beaucoup, ces actes ne sont pas de simples gestes de vandalisme. Ils traduisent une volonté de contrôle, une tentative d’intimider les entrepreneurs pour imposer une logique de monopole. J’ai moi-même été frappé, en discutant avec des habitants de l’île, par leur sentiment d’impuissance face à ces pratiques. Certains murmurent que des groupes cherchent à “mettre la Corse en coupe réglée”, transformant l’île en une sorte de Far West où l’argent et la peur dictent les règles.
Le tourisme maritime, un secteur en danger
Le tourisme maritime est un moteur économique clé pour la Corse. Les balades en mer, des excursions dans les calanques de Piana aux virées autour des îles Sanguinaires, attirent des milliers de visiteurs chaque année. Mais ces attaques répétées menacent directement ce secteur. Les entreprises visées, souvent de petite taille, n’ont pas toujours les moyens de remplacer des bateaux coûtant plusieurs dizaines de milliers d’euros. Et pourtant, elles continuent, portées par une résilience qui force le respect.
- Pertes financières : Un bateau semi-rigide représente un investissement majeur, souvent financé à crédit.
- Impact sur l’emploi : Ces entreprises emploient des skippers, des guides, des saisonniers, qui se retrouvent menacés.
- Atteinte à l’image : Les incendies ternissent l’image de la Corse comme destination touristique sûre.
Ce qui m’interpelle, c’est la répétition de ces actes sur des cibles bien précises. À Calvi, trois sociétés différentes ont été touchées en une seule nuit. À Saint-Florent, c’est un bateau iconique qui a disparu. On dirait presque une stratégie pour déstabiliser un secteur entier. Et si c’était une tentative de pousser certaines entreprises à vendre ou à céder leur place à des acteurs plus “dociles” ? La question mérite d’être posée.
Une réponse collective face à la menace
Face à cette vague d’incendies, des voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles qualifient de logiques mafieuses. Des mouvements citoyens, comme un collectif local bien connu, appellent à une mobilisation générale contre ces pratiques. Leur message est clair : il faut protéger l’économie corse et refuser que l’île devienne un terrain de jeu pour des criminels. Ils demandent également à la justice d’agir vite pour identifier et neutraliser les responsables.
La société corse doit s’opposer à ces comportements délinquants qui gangrènent notre île.
– Porte-parole d’un mouvement citoyen
Les autorités, de leur côté, ne restent pas les bras croisés. Des moyens supplémentaires ont été annoncés pour renforcer la lutte contre la criminalité organisée. Mais, comme me l’a confié un commerçant local, “on a l’impression que les flammes reviennent toujours plus vite que les solutions”. Cette frustration est palpable, et elle reflète un sentiment plus large : celui d’une île qui refuse de céder, mais qui se sent parfois abandonnée face à l’ampleur du problème.
Un cycle de violence plus large
Ces incendies ne se limitent pas aux bateaux. Ces derniers mois, des restaurants de plage ont également été visés, de Bastia à Bonifacio. Ces établissements, souvent situés en bord de mer, sont des cibles faciles : isolés, vulnérables la nuit, ils brûlent vite. Ce parallèle avec les attaques contre les bateaux renforce l’idée d’une campagne orchestrée, visant à déstabiliser des secteurs clés du tourisme.
| Secteur | Types d’attaques | Localités touchées |
| Tourisme maritime | Incendies de bateaux | Calvi, Ajaccio, Saint-Florent |
| Restauration | Incendies de restaurants de plage | Bastia, Bonifacio, Calvi |
| Immobilier | Destruction de résidences secondaires | Diverses régions |
Ce tableau, bien que simplifié, montre l’ampleur du problème. Les cibles ne sont pas choisies au hasard : elles touchent des secteurs visibles, symboliques, qui incarnent l’attractivité touristique de l’île. En attaquant ces piliers, les criminels envoient un message clair : personne n’est à l’abri. Mais pourquoi maintenant ? Est-ce lié à une lutte pour le contrôle du marché touristique, ou à des règlements de comptes plus personnels ? Les hypothèses fusent, mais les réponses manquent encore.
Les enjeux pour l’avenir
Si ces incendies continuent, les conséquences pourraient être désastreuses. D’abord, sur le plan économique : le tourisme, qui représente une part significative du PIB corse, risque de pâtir de cette insécurité. Ensuite, sur le plan social : les habitants, déjà confrontés à des défis comme le chômage ou le coût de la vie, pourraient perdre confiance en leurs institutions. Enfin, sur le plan politique : ces actes ravivent les tensions autour de la gouvernance de l’île et de sa relation avec l’État.
- Renforcer la sécurité : Augmenter les patrouilles dans les ports et les zones touristiques.
- Accélérer les enquêtes : Identifier les responsables pour briser ce cycle de violence.
- Soutenir les victimes : Mettre en place des aides financières pour les entreprises touchées.
Ce qui m’a marqué, en explorant ce sujet, c’est la résilience des Corses face à ces épreuves. Malgré la peur, beaucoup refusent de baisser les bras. Les entrepreneurs continuent d’investir, les habitants continuent de défendre leur île. Mais pour combien de temps ? Si la justice et les autorités ne parviennent pas à endiguer cette vague criminelle, le risque est grand de voir l’île sombrer dans une spirale de violence encore plus grave.
Et maintenant, que faire ?
Face à cette situation, une question se pose : comment protéger la Corse sans trahir son âme ? L’île, avec ses paysages à couper le souffle et son identité forte, ne mérite pas d’être associée à la peur et à la destruction. Les solutions ne viendront pas seulement des autorités, mais aussi d’une mobilisation collective. Les citoyens, les entreprises et les élus doivent travailler main dans la main pour dire non à la criminalité organisée.
Il est temps que la société corse se lève contre ceux qui veulent imposer la loi du plus fort.
– Représentant d’une association locale
En attendant, les ports corses restent sous tension. Chaque nuit, les propriétaires de bateaux dorment avec une boule au ventre, craignant de voir leur outil de travail partir en fumée. Et pourtant, l’espoir persiste. Comme me l’a dit un marin à Calvi, “on ne laissera pas l’île aux pyromanes”. Cette détermination, c’est peut-être la plus grande force de la Corse face à cette crise. Mais le chemin sera long, et il faudra plus que des paroles pour éteindre les flammes.
Et vous, que pensez-vous de cette situation ? Peut-on vraiment briser ce cycle de violence sans changer profondément la donne ? La réponse, peut-être, se trouve dans l’union des Corses face à l’adversité. Une chose est sûre : l’île de Beauté mérite mieux que des cendres.
