Il y a des dimanches où l’hippodrome de Vincennes semble vibrer plus fort que d’habitude. Hier, 7 décembre 2025, c’était clairement le cas. Quand Inmarosa a déboulé à l’intersection des pistes comme une furie, j’ai senti cette petite chair de poule que seuls les grands moments de sport offrent. Et pourtant, je ne suis même pas sur place, juste devant mon écran… mais cette jument a quelque chose de spécial.
Une victoire qui ne laisse personne indifférent, surtout pas son driver. Léo Abrivard, bras levé bien avant le poteau, avait déjà compris. Qualification directe pour le Prix d’Amérique 2026 dans la poche. Troisième tentative pour la belle Inmarosa. Cette fois, ça sent le rachat.
Inmarosa, la revanche d’une championne blessée dans son amour-propre
Revenons un instant en arrière. Ces deux dernières années, Inmarosa a participé au Prix d’Amérique… et à chaque fois, la malchance s’est acharnée. Une fois coincée au rail, une autre fois malade juste avant la course. Des scénarios frustrants qui laissent des traces. On parle d’une jument capable de rivaliser avec les tout meilleurs, mais qui n’a jamais pu le prouver le jour J.
Hier, elle a décidé que c’était fini de jouer les mal-aimées.
Un parcours tactique presque parfait
Le Prix du Bourbonnais, c’est la deuxième des fameuses « 4 B » (Bretagne, Belgique, Bourgogne, Bourbonnais). Une épreuve Groupe II sur 2 850 mètres, grand piste, qui offre un ticket direct pour le grand rendez-vous de janvier. Autant dire que tout le monde joue le jeu à fond.
Inmarosa s’élance avec le numéro 8 derrière la voiture. Pas l’idéal, mais Léo Abrivard connaît sa partenaire par cœur. Il la place tranquillement en épaisseur, sans jamais paniquer. Et quand arrive l’intersection des pistes, là où beaucoup hésitent encore, lui appuie sur le bouton « turbo ».
Ce que l’on voit ensuite relève du spectacle pur. La jument accélère comme si elle venait de démarrer la course, avale ses rivaux un à un, et file au poteau avec une marge impressionnante. Temps final : réduction kilométrique autour de 1’11’’5. Du très lourd pour une jument de 7 ans qui sort d’une saison estivale chargée.
Léo Abrivard : « Elle est incroyable »
« Elle est incroyable alors qu’elle a eu un été chargé. Elle montre qu’elle n’a rien à envier aux meilleurs, car elle en fait partie, tout simplement. Elle mériterait vraiment de faire l’arrivée du Prix d’Amérique, car elle a été malheureuse les deux dernières éditions. »
Léo Abrivard, juste après la course
Quand on entend le driver parler comme ça, on sent l’émotion. Pas seulement la joie de la victoire, mais celle de voir une jument qu’on aime enfin récompensée. Léo, c’est aussi le fils de l’entraîneur Laurent-Claude Abrivard. Autant dire que dans cette famille, on vit trot attelé 365 jours par an. Et quand ça gagne à la maison, c’est encore plus fort.
J’ai rarement vu un driver lever le bras aussi tôt. Preuve qu’il savait, à 50 mètres du but, que plus rien ne pouvait arriver. Confiance absolue.
Pourquoi cette victoire change tout pour 2026
Être qualifiée dès le mois de décembre, c’est un luxe rare. La plupart des cadors devront encore se battre dans le Prix de Bretagne (déjà couru) ou attendre le Prix de Belgique et le Prix de Bourgogne en janvier. Inmarosa, elle, peut maintenant souffler, préparer tranquillement son grand objectif.
Et surtout, elle arrive avec un moral de gagnante. Parce que psychologiquement, dans le sport de haut niveau – et le trot en est un –, l’effet victoire récente est énorme. Les autres savent désormais qu’elle est en pleine possession de ses moyens. Ça change la donne.
- Qualification directe obtenue
- Victoire de Groupe II en poche
- Forme physique au top malgré une saison chargée
- Expérience de deux Prix d’Amérique (même malheureux)
- Entourage ultra-motivé et soudé
Franchement, sur le papier, elle a tout pour enfin décrocher ce podium qui lui tend les bras depuis deux ans.
Le trot féminin en pleine lumière
On parle beaucoup des mâles comme Hooker Berry, Hohneck ou encore le phénomène Idao de Tillard. Mais les juments, ces dernières années, montrent qu’elles n’ont rien à leur envier. Rappelons-nous Idéal Ligneries, Granvillaise Bleue ou plus récemment Hanna des Molles.
Inmarosa s’inscrit dans cette lignée. À 7 ans, elle est en pleine maturité. Et contrairement à certaines concurrentes qui brillent jeunes puis s’essoufflent, elle semble monter en puissance année après année. C’est assez rare pour être souligné.
Dans un monde du trot souvent dominé par les étalons, voir une jument capable de venir titiller les meilleurs mâles dans le temple du Prix d’Amérique, ça fait du bien. Et ça donne envie de croire à une belle surprise le dernier dimanche de janvier.
Et maintenant ? Le programme idéal jusqu’à janvier
Avec la qualification assurée, l’entourage va pouvoir choisir avec soin les prochaines sorties. Peut-être un petit break bien mérité avant une petite course de rentrée début janvier ? Ou alors une participation au Prix de Belgique pour garder le rythme ?
Ce qui est sûr, c’est que Laurent-Claude Abrivard ne prendra aucun risque inutile. L’objectif est clair : arriver à 100 % le 25 janvier 2026. Et vu la forme actuelle, on peut légitimement rêver.
Personnellement, j’ai déjà coché la date. Parce que des histoires comme celle d’Inmarosa – une jument talentueuse qui a connu la poisse et qui revient plus forte –, c’est exactement ce qui fait la beauté du sport.
Mon pronostic perso (oui, je me lance)
Allez, on va jouer le jeu jusqu’au bout. Si Inmarosa arrive en aussi bonne forme qu’hier dans le Prix d’Amérique, je la vois très difficile à battre pour les places. Un podium ? Largement dans ses cordes. Une victoire ? Pourquoi pas si la course se durcit et qu’elle peut placer sa pointe dévastatrice dans les 500 derniers mètres.
En tout cas, une chose est sûre : le 25 janvier 2026, on aura tous les yeux rivés sur le sulky numéro… quel qu’il soit. Parce qu’Inmarosa a prouvé hier qu’elle fait désormais partie des toutes meilleures. Et qu’elle a une revanche à prendre.
Rendez-vous dans sept semaines. Et d’ici là, savourons cette magnifique victoire dans le Bourbonnais. Parce que des moments comme ça, dans le trot, on n’en vit pas tous les week-ends.
Allez Inmarosa. Cette fois, c’est pour toi.
